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Crédit carbone

Feu vert du Parlement européen pour certifier le CO2 stocké dans les sols


AFP le 11/04/2024 à 10:15

Les eurodéputés ont validé mercredi un cadre de certification permettant de monétiser le CO2 capté dans les usines ou absorbé par les sols agricoles - promesse de revenus pour les agriculteurs, qui alarme les ONG écologistes.

Le Parlement européen en plénière a approuvé par 441 voix (139 contre, 41 abstentions) l’accord trouvé sur ce texte fin février entre eurodéputés et Etats membres, dans l’attente d’un ultime feu vert formel des Vingt-Sept. Le texte fixe des critères sur la durée et les conditions de stockage, selon des méthodologies détaillées qui seront établies par la Commission européenne. Ce cadre harmonisé facilitera la surveillance, les investissements, et ouvre la voie à la commercialisation de crédits carbones.

Un coup de pouce pour les industriels qui s’équiperont de ces technologies très onéreuses, mais aussi pour les agriculteurs, qui pourraient engranger des recettes bienvenues sur fond de colère contre leurs faibles rémunérations.

« J’attends avec impatience de voir se réaliser un avenir dans lequel ceux qui éliminent et stockent activement le carbone seront (financièrement) encouragés », a souligné l’eurodéputée (PPE, droite) Lidia Pereira. « C’est un revenu supplémentaire pour les agriculteurs qui s’engage dans la transition (écologique), c’est cela aussi le Pacte Vert », a abondé Pascal Canfin, président (Renew, libéraux) de la commission parlementaire Environnement.

La législation vise d’abord les technologies, pas encore opérationnelles à grande échelle, captant le CO2 sur des sites industriels (sidérurgie, cimenterie…) pour l’injecter dans des réservoirs géologiques pour « plusieurs siècles ».

Mais des certifications sont également allouées aux constructions en bois prévues pour durer « au moins 35 ans », à la restauration des écosystèmes et aux activités agricoles permettant de stocker le carbone dans des sols, prairies, forêts ou tourbières: absence de labours, cultures de couverture, réduction d’engrais… Ces pratiques doivent être maintenues « au moins cinq ans ».

La réduction des rejets de méthane provenant des élevages de ruminants ou de la gestion du fumier, par exemple en modifiant leur régime alimentaire, sera incluse lors d’une révision prévue en 2026.

La législation prévoit un « registre public » recensant les métadonnées des activités certifiées afin d’éviter les risques de fraude et de double comptabilisation des absorptions : une façon de clarifier les allégations de « neutralité carbone » des entreprises.

L’ONG Carbon Market Watch dénonce cependant une initiative propice au « greenwashing », où, faute de garde-fous suffisants, le captage de carbone pourrait « se substituer » aux efforts de réductions d’émissions.

« Encore et encore, nous avons constaté que ces mécanismes de compensation carbone ne profitent pas au climat, cette nouvelle certification ne résoudra pas le problème (…) il faut plutôt laisser les hydrocarbures dans le sol » au lieu de « laisser ce mythe retarder l’action climatique », ont écrit lundi quelque 200 ONG de la coordination RealZeroEurope.