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[Témoignages] Échanger ses parcelles

Faire évoluer plus facilement son système et transmettre un foncier fonctionnel


TNC le 11/06/2021 à 08:47
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Afin de « privilégier l'alimentation à l'herbe pour leurs 190 vaches laitières », les associés du Gaec de Roiveny en Ille-et-Vilaine font régulièrement des échanges de parcelles. D'un foncier très morcelé, ils sont ainsi passés à une gestion optimisée du pâturage. Sans cela, « nous n'aurions pas pu mettre en place le système herbager qui répondait à nos convictions », insistent-ils. Au moment de la transmission, un parcellaire groupé est toujours plus attractif et « ouvre la porte à une plus grande diversité de projets », souligne pour sa part Cyril Guerillot de la chambre d'agriculture.

Des échanges de parcelles, le Gaec familial de Rovny à Moterfil en Ille-et-Vilaine en fait depuis 15 ans. « Cette pratique a été initiée par la nouvelle génération d’exploitants, la nôtre », se souvient Frédéric Chevalier, l’un des quatre associés arrivé à la fin des années 90. À son installation en effet, la ferme parentale a permis d’agrandir la structure, mais avec parcellaire très morcelé, parfois difficile d’accès, un problème pour le pâturage.

« Nous avons commencé à discuter avec l’agriculteur voisin qui exploitait une parcelle clé pour nous, afin de voir s’il accepterait de l’échanger avec l’une des nôtres », explique-t-il. Affaire conclue. Grâce à cela, les éleveurs peuvent privilégier l’alimentation à l’herbe et le pâturage pour leur élevage laitier, « même avec un grand troupeau de 190 vaches », insiste Frédéric Chevalier.

Le passage en bio est devenu possible

Plus récemment, deux jeunes ont rejoint la société (+ une salariée, l’épouse de Frédéric, en 2018). Justement l’exploitation des parents de l’un deux, Emmanuel, disposait de terres, plutôt bonnes, à proximité. « Or une partie du foncier du Gaec était situé sur la partie la plus séchante de la commune », précise le producteur. Ainsi, avec l’arrivée de Nicolas, le passage en bio est devenu possible. 

Par ailleurs, quelques îlots étaient encore éloignés, alors « on a continué la réflexion sur les échanges parcellaires ». Sur le site apporté par le second nouvel associé, Nicolas, à 4 km du siège d’exploitation, un projet de réhabilitation des bâtiments est engagé. Et comme les capacités de stockage sont suffisantes, il va accueillir 60-70 laitières, soit 35 à 40 % du cheptel. Mais pas de vêlage, de veaux ni de génisses, que des vaches à traire et à faire pâturer afin de « simplifier le travail » !

« Du temps et des compromis »

De 18 à 30 ha de pâtures accessibles.

Avant l’échange de parcelles. (©Gaec de Rovny)

« L’été passé, nous avons démarré une autre démarche d’échange pour pouvoir faciliter la gestion du pâturage », poursuit l’éleveur. Le projet concerne six parcelles et implique quatre agriculteurs. Et il doublera presque le nombre d’hectares accessibles, qui passera de 18 à 30 ha. En plus, il n’y aura plus que « deux routes à traverser, dont une très petite. Pour l’autre, nous installerons peut-être un boviduc ». À noter : la structure comprend aussi un atelier porcin, à plusieurs kilomètres, qui sera probablement séparé à l’avenir de l’élevage laitier pour former deux exploitations distinctes.  

Tout n’était pas gagné d’avance !

« Tout n’était pas gagné, il a fallu pas mal discuter, se rappelle Frédéric Chevalier. Un des exploitants notamment n’était pas convaincu en raison de la différence de qualité de ses sols et des nôtres. » Des écarts dont il faut tenir compte, estime-t-il. Par exemple, en n’échangeant pas forcément des surfaces égales. « Comme il nous laisse une parcelle drainée, il nous a demandé de réaliser des travaux de drainage sur celle que nous proposons. L’avantage toutefois : nous allons mutualiser les coûts entre tous les agriculteurs participants à cette opération parcellaire. » « Certes, il faut du temps et des compromis mais sans échange de parcelles, nous n’aurions pas pu mettre en place le système herbager qui répondait à nos convictions », conclut Frédéric. 

Après l’échange, un parcellaire bien plus groupé. (©Gaec de Rovny)

Un foncier morcelé : « un frein pour les repreneurs »

4 agriculteurs et 51 ha échangés.

Autre expérience : celle d’un cédant, il y a quatre ans, dont certaines parcelles se trouvaient en plein milieu de celles de ses voisins. « Même s’il a travaillé comme ça toute sa carrière, il s’est dit que cette disposition pouvait être un frein pour le repreneur, raconte Cyril Guerillot, chargé d’études et SIG (système d’information géographique) à la chambre d’agriculture de Bretagne. Ils se sont mis autour de la table à quatre pour rationaliser leur organisation foncière et la chambre d’agriculture les a accompagné. »  Résultat : un passage de 3 à 15 ha accessible pour l’exploitant qui va bientôt transmettre sa ferme. Associé à un regroupement du parcellaire également pour les autres agriculteurs, pour 51 ha échangés au total. 

Grâce à l’échange de parcelles, les terres de ces quatre agriculteurs sont moins imbriquées les unes dans les autres. Un avantage en vue des transmissions futures. (©Chambre d’agriculture de Bretagne)

S’adapter à de nouvelles contraintes ou opportunités.

« Plus la surface accessible est importante, plus on a la possibilité d’être réactif et de s’adapter à de nouvelles donnes, que ce soient des contraintes ou des opportunités : augmentation du volume à produire, réduction des coûts de production, réglementations environnementales. En plus, cela ouvre la porte à une plus grande diversité de projets de reprise », met en avant le conseiller.