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Caoutchouc

Des paysans cambodgiens contre Bolloré mardi au tribunal de Paris


AFP le 01/10/2019 à 10:18

Neuf paysans cambodgiens de l'ethnie Bunong, qui attaquent le groupe Bolloré pour s'être accaparé illégalement leurs terres afin d'y développer ses plantations de caoutchouc, ont « demandé justice » lundi à Paris à la veille d'une audience cruciale pour leur procédure judiciaire.

Les plaignants accusent la Socfin-KCD, une société cambodgienne de culture de caoutchouc contrôlée selon eux par le groupe Bolloré, d’avoir récupéré leurs terres illégalement auprès du gouvernement cambodgien. Bolloré conteste, se disant juste « actionnaire minoritaire et financier », à 39 %. « Cette société est venue investir dans mon village mais ils n’ont pas respecté la loi. Ils n’ont pas obtenu le consensus du village. Je demande qu’on me rende ma terre », a déclaré Sorng Prou, un des neuf Bunongs, sur les 80 qui ont porté plainte, présents lors d’une conférence de presse.

Les Bunongs, une communauté itinérante et animiste de l’est du Cambodge, reprochent à Bolloré la destruction de lieux de culte et d’arbres centenaires considérés comme des divinités. « Il y a quelques années, nous observions des rites dans la forêt, avec les animaux sauvages, c’était notre quotidien. Nous cultivions la terre, on ramassait des fruits », a témoigné Kroeung Tola, un autre Bunong. D’après lui, les problèmes liés à la monoculture du caoutchouc ont commencé en 2007 et « n’ont pas été résolus », malgré leurs plaintes auprès des autorités locales. « Nous espérons et nous croyons que la justice en France sera plus indépendante », a-t-il, plaidé. « Leur culture indigène a été démolie », a expliqué leur avocat, Me Fiodor Rilov.

L’objectif de l’audience de mardi est de demander au groupe Bolloré de fournir des documents censés attester son rôle de donneur d’ordre dans les plantations au Cambodge, selon Me Rilov, qui espère un examen du dossier au fond l’an prochain. « Bolloré S.A. n’a strictement aucun lien avec cette procédure. C’est un problème strictement cambodgien », a toujours affirmé l’avocat du groupe, Me Olivier Baratelli. Pour Me Rilov, une société nommée Terres rouges consultant, disparue en 2012 et dont le siège se trouvait dans la tour Bolloré, a servi de « véhicule » au groupe français pour gérer les plantations de la Socfin au Cambodge.

L’avocat a également indiqué que près de 200 paysans camerounais se disant victime de la Socapalm, une société spécialisée dans l’huile de palme détenue par Bolloré, étaient dans une situation comparable à celle des Bunongs et allaient se joindre à la procédure. « Beaucoup d’entre eux vivent encore dans les plantations et sont dans l’impossibilité de se nourrir car ce sont des chasseurs. La faune et la flore ont disparu », a détaillé Me Rilov