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Cacao ivoirien

Des négociants nationaux dénoncent la concurrence des multinationales


AFP le 21/02/2020 à 18:25

Des négociants ivoiriens du cacao, dont le pays est le premier producteur mondial, ont dénoncé vendredi à Abidjan, la concurrence déloyale des multinationales du chocolat qui pourrait les amener à faire faillite.

« Les transformateurs ivoiriens sont en train de faire faillite, en raison des primes sur les fèves de cacao certifié durable, dont seules les entreprises internationales installées en Côte d’Ivoire bénéficient », déplore un communiqué du Groupement des négociants ivoiriens (GNI), qui regroupe des sociétés nationales d’exportations de café et de cacao.

Le cacao certifié, est le produit qui respecte des normes environnementales (pesticide réglementé), assure un revenu décent aux agriculteurs et interdit tout travail des enfants. Le producteur, en plus de vendre son cacao au prix conventionnel fixé, perçoit en retour, une prime pour chaque kilogramme de cacao vendu.

« Aujourd’hui 45 % de la production ivoirienne est certifiée durable et fait l’objet de primes importantes au-dessus du prix stabilisé et allant de 70 à 200 dollars par tonne. Ces primes sont à 97 % exclusivement accordées à sept multinationales installées en Côte d’Ivoire, avec lesquelles le GNI est en concurrence », souligne le texte.

Le GNI se dit « exclu du marché certifié, mais en plus le GNI ne peut même plus acheter de fèves de cacao non certifié pour assurer sa survie ».

Le groupement et ses 15 membres se disent prêts à discuter avec les chocolatiers pour « mettre fin à cette crise due aux effets indirects et involontaires de l’allocation de contrats de cacao certifié durable ».

Le géant américain Archer Daniels Midland (ADM), le groupe helvétique Barry Callebaut, numéro un mondial du chocolat industriel, ainsi que Cargill, Nestlé et Mondelez, Lindt, dominent le marché ivoirien des exportations de cacao dont plus de 80 % sont acheminés vers l’Europe.

La cacao est stratégique pour la Côte d’Ivoire, qui en est le premier producteur mondial, avec 40 % du marché. L’or brun représente 10 % du PIB ivoirien, 40 % des recettes d’exportation et fait vivre 4 millions de personnes (soit un sixième de la population ivoirienne), selon la Banque mondiale.

Le pays compte près d’un million de producteurs qui fournissent un revenu à cinq millions de personnes, soit environ un cinquième de la population. Il produit environ 2 millions de tonnes par an, dont il transforme moins de 500 000. Le cacao est le premier pourvoyeur de devises du pays et l’un des secteurs qui contribuent fortement aux recettes de l’État.