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Grande distribution

Centrales européennes : les industriels disent « oui », sous conditions


AFP le 23/04/2024 à 09:34

Les centrales européennes de la grande distribution peuvent avoir « une utilité » mais sous conditions, a estimé lundi auprès de l'AFP la principale organisation représentative des agro-industriels, l'Ania, alertant sur de possibles conséquences sur la souveraineté alimentaire française.

« Je comprends que nos clients (distributeurs, ndlr) aient envie d’optimiser leurs achats, mais je ne veux pas mettre en péril la production française », a plaidé auprès de l’AFP Jean-Philippe André, président de l’Ania qui publie une tribune sur les centrales européennes dans le quotidien économique Les Echos daté de mardi.

Il s’inquiète de ce qu’une négociation au niveau européen pourrait être préjudiciable aux sites de production français. « Ce ne serait pas en cohérence avec l’objectif de souveraineté alimentaire », plaide-t-il, alors que le gouvernement prévoit de présenter « d’ici l’été » un nouveau texte de loi pour « renforcer le dispositif Egalim » censé protéger les revenus des agriculteurs.

S’il estime que ces centrales peuvent avoir une utilité, M. André suggère notamment d’exclure des négociations à l’échelle européenne les produits « à forte composante de matières premières agricoles », c’est-à-dire dans les recettes desquelles la production agricole occupe une place importante, telles que la charcuterie industrielle ou les biscuits.

Il souhaite en outre que négocier à l’étranger se fasse toujours sur la base du volontariat, et que cela permette d’« apporter de réelles opportunités à l’industriel », par exemple en lui permettant un « référencement auprès de nouveaux distributeurs » lorsque la centrale européenne rassemble plusieurs distributeurs du continent.

Eurelec pour E.Leclerc et l’allemand Rewe, Eureca pour Carrefour, basée à Madrid, Everest, mis en place aux Pays-Bas par l’allemand Edeka et le néerlandais Picnic, que Système U a rejoint plus récemment… Les centrales d’achat et de services ouvertes par plusieurs distributeurs ces dernières années en Europe ont été très critiquées par les syndicats agricoles.

Début avril, le patron du quatrième distributeur français, Système U, Dominique Schelcher, avait publié une tribune dans Les Echos pour défendre des centrales qui permettent aux distributeurs de négocier « d’égal à égal » avec les industriels, avait-il expliqué à l’AFP.

Il avait aussi plaidé que toutes les pratiques ne se valaient pas : « dans notre contrat, il est écrit noir sur blanc qu’on s’engage à respecter les éléments (des lois) Egalim, ce qui nous différencie d’ailleurs des deux autres » centrales à l’étranger, affirmait-il. « S’il s’agit de préserver et de favoriser le revenu des agriculteurs, mettons le cadre qu’il faut pour que ce soit préservé », plaidait-il.