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Production laitière

Camille Tessier, tailleuse de pierre devenue éleveuse de dromadaires


AFP le 28/05/2022 à 08:20
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(©Pixabay)

Des troupeaux, une ferme...

Un univers que Camille Tessier, qui a grandi dans une famille de bergers, connaît bien. Tailleuse de pierre reconvertie, elle relève pourtant un plus grand « défi » en élevant, dans le Tarn, des dromadaires pour leur lait.

Tendrement, l’éleveuse regarde Nour, Timone Faya, Rifla et Jaïd, ses quatre jeunes dromadaires, se régaler de ronces, de lierre et d’herbe fraîche dans les champs.

« J’ai toujours rêvé d’avoir un troupeau d’ovins. J’ai grandi avec un grand-père et un oncle bergers, un grand-oncle qui était le dernier berger itinérant de France », confie cette dynamique mère de deux enfants, âgée de 39 ans.

Il y a deux ans, Camille rachète une ferme et ses 30 hectares vallonnés à Terre-de-Bancalié, dans le centre du Tarn, et se lance dans deux productions, « afin ne pas mettre tous (ses) oeufs dans le même panier ».

Elle acquiert un « petit » élevage d’ovins de 115 têtes, ainsi que quatre dromadaires -trois femelles et un mâle- avec comme projet la fabrication de produits cosmétiques à base de leur lait. Elle en vante les bienfaits hydratants, notamment pour les personnes souffrant de problèmes de peau.

Pourquoi les dromadaires ? Un choix dicté par le hasard de rencontres avec deux autres éleveurs, et l’amour pour ses alpagas – des camélidés aussi – qu’elle a adoptés comme animaux de compagnie il y a une dizaine d’années.

« Marché porteur »

Il existe une trentaine d’élevages de dromadaires en France, principalement utilisés pour des animations touristiques. Mais seuls trois concentrent leurs activités autour du lait, « et c’est très récent », indique à l’AFP Bernard Faye, vétérinaire à la retraite, chercheur et spécialiste des grands camélidés.

« Il y a un grand engouement depuis quelques années » pour ces bêtes que l’imaginaire collectif associe aux pays chauds et désertiques, « et de plus en plus d’agriculteurs sont intéressés par la production de lait de chamelle, un marché porteur », dit-il.

Selon lui, la réputation de ce lait, consommé dans certains pays arabo-musulmans, « est probablement surfaite ».

« Il existe des observations empiriques incontestables qui montrent qu’une consommation régulière de ce lait s’avère bénéfique pour certaines maladies, mais il n’a certainement pas toutes les vertus qu’on lui prête », estime-t-il.

En France toutefois, il ne peut être vendu faute des agréments nécessaires.

Alors les éleveurs se contentent pour l’instant de le transformer en produits cosmétiques.

Lucie Tardieu, bébé de quelques mois dans les bras, est une fidèle cliente de Camille.

« Avec mon métier de masseuse, je dois me laver les mains très régulièrement et ce savon m’évite les problèmes de dessèchement. Il est également parfait pour la peau de mon bébé, inutile d’aller chercher de grandes marques très chères », lance la jeune femme de 30 ans.

« Curieux, têtus »

A la ferme, sur internet, et bientôt les foires, l’éleveuse commence tout juste à écouler ses premiers savons, à six euros l’unité. L’objectif est d’en vendre quelque 4.000 par an.

Mais comme ses jeunes dromadaires ne produisent pas encore leur propre lait car le premier bébé n’est attendu que dans quelques mois, elle s’approvisionne auprès d’un élevage en Lozère.

« C’est un projet sur le long cours avec un investissement financier important. Une femelle dromadaire c’est près de 5.000 euros et les prix n’arrêtent pas de grimper », affirme-t-elle, espérant atteindre la rentabilité d’ici cinq ans.

A l’office de tourisme de Réalmont, Suman Rasiwamala, chargée de l’accueil et de l’animation touristique, est séduite par l’expérience.

« Quand Camille m’en a parlé, je me suis immédiatement dit qu’il fallait valoriser ça, parce que c’est tout à fait insolite sur le département, et ça va nous permettre d’attirer des personnes qu’on n’aurait pas d’ordinaire », s’enthousiasme-t-elle.

Les curieux peuvent déjà aller à la rencontre des dromadaires à la ferme, où ils cohabitent « très bien » avec les brebis, selon l’éleveuse passionnée.

Et contrairement aux a priori, ces animaux du désert s’adaptent très bien à l’environnement tarnais: « ils ont juste besoin d’espace pour marcher, et peuvent supporter des températures négatives allant jusqu’à -10 degrés sans problème », assure-t-elle.

Ne comptant pas ses heures pour réussir son « rêve », Camille jongle entre ses métiers d’agricultrice, responsable de la communication de son projet et commerçante.

Toujours avec une énergie débordante que lui transmettent, dit-elle, ses quatre dromadaires « curieux, têtus, dotés d’une mémoire d’enfer, mais à qui il ne faut pas faire de crasse, sinon ça ne marche pas! »