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Sur l'exercice 2022-23

Avec un résultat « record », le sucrier Tereos « respire à nouveau »


AFP le 01/06/2023 à 19:56
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En un an, les cours du sucre ont bondi de 15 % sur le marché mondial et même de 82 % en Europe, en raison des tensions sur l'offre et de la hausse des coûts de production. (©TNC)

Le deuxième groupe sucrier mondial Tereos, qui s'apprête à fermer deux usines en France, a annoncé jeudi avoir tourné la page d'une « crise sans précédent » et réalisé l'an dernier un bénéfice opérationnel « record » dopé par les cours du sucre.

« Aujourd’hui, nous respirons à nouveau et nous pouvons regarder l’avenir avec confiance et audace », a déclaré le président de Tereos Gérard Clay lors d’une conférence de presse. L’agriculteur du Pas-de-Calais a pris les commandes en 2020, à l’issue d’une fronde d’agriculteurs coopérateurs qui dénonçaient la stratégie de la direction sortante lancée dans une « diversification coûteuse et qui n’apportait pas la rentabilité souhaitée ». Cette « crise sans précédent » était sous-tendue par des prix du sucre en berne après la disparition des quotas sucriers en Europe (octobre 2017).

Le panorama a beaucoup changé : en un an, les cours ont bondi de 15 % sur le marché mondial et même de 82 % en Europe, en raison des tensions sur l’offre et de la hausse des coûts de production (en particulier le gaz qui fait tourner les sucreries).

Le géant coopératif, propriétaire des marques Béghin Say et La Perruche, a généré près de 6,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires pendant l’exercice 2022-23 clos fin mars, une hausse de 29 % portée par l’augmentation de ses tarifs, les volumes n’ayant quasiment pas bougé. Sur la période, son bénéfice opérationnel – résultat qui mesure la performance économique de l’entreprise – a plus que doublé à 664 millions d’euros, un « niveau record ».

Une « excellente dynamique » qui permettra de verser à nouveau des dividendes aux coopérateurs à compter de l’an prochain, s’est félicité le président du groupe qui produit du sucre, mais aussi de l’alcool, de l’éthanol et de l’amidon.

Fermeture d’usines

Le bénéfice net, en revanche, s’est replié de 6,4 % à 161 millions d’euros, du fait de provisions et dépréciations d’actifs, a expliqué le directeur financier, Gwenaël Eliès, citant la « mise sous cocon » d’une sucrerie au Brésil (à l’arrêt depuis deux récoltes mais que le groupe espère redémarrer) et le projet de restructuration en France.

Tereos a annoncé début mars les fermetures prochaines de la sucrerie d’Escaudœuvres dans le Nord (123 postes supprimés) et de la distillerie de Morains dans la Marne (26 postes), déclenchant un blocage du site d’Escaudœuvres par des salariés, des manifestations et des remontrances gouvernementales. Le ministre de l’Industrie, Roland Lescure, a estimé qu’il n’était « pas normal » de fermer la sucrerie d’Escaudœuvres alors que Tereos « gagne de l’argent ».

Gérard Clay a expliqué jeudi que « l’outil industriel était trop important par rapport aux betteraves à travailler » pour fabriquer du sucre : autrement dit, les volumes de betterave étant en baisse, le site d’Escaudœuvres, « excentré » et qui aurait nécessité de nouveaux travaux, n’était plus rentable ni utile au groupe.

Endettement en hausse

Les discussions avec les syndicats sur le plan social sont « en cours », « dans un climat qui s’est nettement amélioré », a affirmé Jorges Boucas, le nouveau directeur général de Tereos, arrivé fin avril. Le processus « devrait s’achever à la mi-juin ». Le groupe a notamment proposé des reclassements au sein de ses autres sites. La situation est similaire à Morains, selon lui.

Le groupe a aussi annoncé en mars qu’il cherchait un acquéreur pour son amidonnerie de pommes de terre d’Haussimont (Marne), qui emploie 65 personnes. « Nous avons à date des marques d’intérêt mais qui ne sont pas encore confirmées », a dit Jorges Boucas.

L’endettement net, qui est depuis des années un point noir chez Tereos, s’élève à 2,7 milliards d’euros, en hausse de 313 millions d’euros sur un an. Le groupe renonce à son objectif de passer sous les 2 milliards d’euros d’endettement net à l’horizon 2024. Tereos s’affiche « confiant » pour la suite, avec des cours du sucre qui devraient être « encore plus élevés qu’aujourd’hui » en raison d’une offre déficitaire.