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Tenue de travail

Être un éleveur bien dans ses bottes


TNC le 08/03/2023 à 05:03
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Le port quotidien de bottes peut générer des douleurs aux pieds, mais pas seulement (genoux, hanches, dos...) : pensez à alterner avec d'autres chaussants comme des chaussures de randonnée. (©Adobe Stock/Valua Vitaly)

Vous passez de nombreuses heures en bottes, mais êtes-vous bien chaussés ? Avant d'avoir mal au dos, optez pour des chaussures de travail de qualité. Conseils d'expert avec Marie Saelens, pédicure-podologue et posturologue dans la Somme.

72 % des éleveurs passent la plupart de leur temps en bottes, est-ce une bonne chose pour le pied ou encore le dos ? « Ça va dépendre du choix des bottes, de la posture, des habitudes de travail (exemple : plier les genoux pour attraper un seau au lieu de se pencher). Si vous avez les pieds sensibles, les bottes peuvent entraîner des ampoules, échauffements et frottements, ce qui peut devenir handicapant durant vos journées de travail. »

Marie Saelens, pédicure-podologue et posturologue installée à Poix de Picardie dans la Somme (80), répond à nos questions et nous aide à y voir un peu plus clair pour être des éleveurs bien dans leurs bottes !

Quelles conséquences de porter des bottes toute la journée ?

« Dans les bottes, même bien choisies, les pieds sont plus « étalés » que dans des chaussures. Et même en choisissant un modèle de bottes avec une semelle extérieure assez souple, celle-ci pourra rester toujours assez contraignante pour le déroulement du pas. Certains n’auront jamais de soucis en portant des bottes toute la journée, pour d’autres cela peut devenir handicapant (douleurs aux pieds, genoux, hanches, dos…). »

Comment choisir une bonne paire de bottes ?

« Les bottes sont censées assurer la protection et le maintien au sec de vos pieds. Mal choisies, ce sera au détriment de votre confort. Pour ne pas tomber dans ce paradoxe de la botte qui vous fait mal en vous protégeant, il vous faudra bien la choisir. Il existe différentes textures, matières, selon les marques de bottes.

Le modèle idéal doit donc être :

  • À la bonne taille ;
  • Bien ajusté (pour limiter les micro-frottements responsables des échauffements, cors aux pieds, ongles incarnés,…) ;
  • Respirant (matériaux adaptés à la chaleur et à l’humidité) ;
  • Semelle assez souple (pour réduire les potentielles douleurs plantaires et favoriser le déroulement du vos pas). »

« En ce qui concerne la taille de vos bottes, il vaut mieux les choisir en fin de journée car vos pieds sont généralement plus gonflés. Vos pieds n’ont pas toujours les mêmes tailles, choisissez celle qui convient à votre pied fort. »

Pour les éleveurs, certains modèles de bottes seront moins costauds à cause de leur type d’élevage (acidité, boue ou autres). Il existe aussi des modèles été et des modèles hiver (avec une doublure en néoprène par exemple). (©TNC)

« Lorsque la semelle extérieure est abîmée, affaissée, « mangée d’un côté », déformée, il est temps de les changer. Pour certains, ce sera tous les 6 mois, pour d’autres au bout d’un an, il n’y a pas de règle. Ça peut dépendre de votre poids, de l’usage quotidien que vous en faites, du soin que vous leur accorderez. Il est préférable de ranger vos bottes à l’abri de la lumière et de toute source de chaleur et de les maintenir debout pour éviter qu’elles se déforment. Si vous portez des semelles faites par votre pédicure-podologue, vos bottes se déformeront moins rapidement au niveau de la semelle extérieure car vos pieds et votre posture seront corrigés. »

Quid des bottes de sécurité ?
« Je n’ai personnellement jamais essayé une paire de bottes de sécurité mais ça ne donne pas envie… De base, ni les chaussures de sécurité ni les bottes ne sont hyper conforts, alors les deux réunies, ça doit donner une paire de bottes très lourde, très rigide, avec un déroulement du pas très limité.
Certains se sentiront peut être très bien dedans, ou certains n’ont peut-être pas le choix que de porter ce type de bottes selon leur mode de fonctionnement en ferme. Si vous devez porter tantôt des bottes et tantôt des chaussures de sécurité, je vous conseille plutôt d’opter pour les deux et d’alterner. Privilégiez les bottes pour la partie élevage et karcher, et remettez vos chaussures de sécurité pour vos autres travaux. »

Bottes en néoprène et semelles en gel pour plus de confort

« Les matières spécifiques à l’intérieur des bottes tels que le néoprène apportent, je pense, uniquement plus de chaleur. Si vous trouvez vos semelles de bottes inconfortables, vous pouvez ajouter une semelle de propreté en gel ou autre, mais sachez que celle-ci n’aura aucune action sur le long terme si vous avez des douleurs quelles qu’elles soient. N’hésitez pas à consulter un pédicure-podologue pour lui demander conseils ou établir un bilan podologique pour savoir si vous avez un problème biomécanique ou postural. »

Quel serait le meilleur chaussant pour un agriculteur ?

« Au-delà des bottes et des chaussures de sécurité, je conseillerais des chaussures de randonnée, chaussures de chasse (il y a les Solognac chez Decathlon qui ne sont pas mal par exemple), chaussures de montagne. Le pied est maintenu tout en gardant une bonne souplesse. N’hésitez pas à essayer pour trouver le modèle qui vous conviendra le mieux. »

Les chaussettes, à ne pas oublier !
« Les chaussettes sont des accessoires à ne pas négliger, elles vous assurent un supplément de confort. En fonction de la morphologie de vos pieds et des travaux réalisés dans la journée, certains modèles seront plus adaptés que d’autres.
Faites attention à la qualité des coutures et de l’élastique, privilégiez les modèles conçus avec des matériaux comme le coton, la laine, le polyester ou polyamide… Vous pouvez aussi opter pour des chaussettes renforcées au niveau des orteils et du talon pour éviter l’apparition des ampoules.
Pour une top qualité/confort/robustesse je peux vous conseiller les chaussettes de trail que vous trouverez chez Decathlon, ou encore les chaussettes de travail et de sport de la marque Kindy fabriquées à Moliens dans l’Oise. »

Pourquoi et à quelle fréquence consulter un pédicure-podologue ? Et comment prendre soin de ses pieds ?

« Les pieds d’un agriculteur sont parfois mis à rude épreuve selon le chaussage et l’humidité présente dans certains travaux de la journée. Surveillez l’apparition de fissures entre les orteils, des transpirations gênantes, des hématomes sous les ongles, des douleurs chroniques. »

Spécialiste de la santé du pied, Marie Saelens rappelle : « Les pieds supportent tout le poids du corps, et donc leur état de santé peut avoir une incidence sur la posture, les genoux, les hanches, le dos… Le domaine d’expertise des pédicures-podologues et ses connaissances ne se limitent donc pas aux pieds. Vous pouvez en consulter en cas d’affection de la peau, des ongles, mais aussi dans le cas de douleurs chroniques. L’objectif du pédicure-podologue est de détecter les affections cutanées et unguéales, mais aussi d’identifier les potentiels troubles statiques et dynamiques dans le but de réaliser des soins spécifiques et adaptés. »

« À l’issue de son bilan, le pédicure-podologue pourra réaliser différentes actions : des soins « instrumentaux » pour éliminer et traiter les durillons, cors, verrues plantaires, ongles incarnés…., et la conception de petits appareillages pour corriger des déformations, des troubles de la posture ou des appuis avec des orthèses, des prothèses ou encore des semelles sur-mesure. »

« Tout ce que le podologue peut observer, sera possiblement corrigé pour vous offrir un meilleur confort au quotidien. Il vous donnera un bon nombre de conseils pour vous accompagner à adopter les bons gestes pour prendre soin de vos pieds au quotidien. Cela peut être sur le chaussage, en coupe d’ongle, dans les soins cosmétiques adaptés… »

La posturologie, c’est quoi ?
« C’est une discipline pratiquée par de nombreux experts, tels que les podologues, les dentistes, les orthophonistes, les ostéopathes… Le professionnel posturologue a réalisé une formation spécifique à ce domaine en complément de ses études.
De nombreux dysfonctionnements entrent dans la sphère d’intervention de la posturologie. Ils comprennent : troubles de l’équilibre, vertiges, anomalies orthopédiques, entorses répétées, maux de dos, raideurs de la nuque, scolioses légères, sciatiques, torticolis, maux de tête, fatigue chronique…
Le rôle d’un expert en posturologie est d’étudier les personnes dans l’espace. Il s’intéresse à l’équilibre du patient, à ses appuis au sol, à l’alignement vertical du corps et à la perception visuelle de son environnement.
Tout commence par un examen clinique postural complet. Puis, afin d’évaluer l’équilibre du patient, le posturologue peut également utiliser une plateforme de mesure pour affiner le bilan. Des capteurs de pression permettent de mesurer finement les dysfonctionnements et de contribuer à poser le diagnostic.
Le pédicure podologue posturologue pourra alors être amené à vous prescrire des semelles orthopédiques sur mesure pour corriger les anomalies des appuis. »