Commerce équitable français

Agri-Éthique devient une société à mission


TNC le 27/09/2023 à 17:40
Agri-Ethique-les-dix-ans

Agri-Éthique s'engage à opérer une transition pour construire une agriculture à impacts positifs

Après dix ans d’existence, Agri-Éthique, fondé sur la volonté de prémunir les agriculteurs face à la fluctuation des cours et leur assurer un prix rémunérateur, opère sa transition. Le label de commerce équitable a annoncé le 26 septembre l’évolution vers une société à mission et l’engagement dans une démarche d’accréditation Cofrac (Comité Français d’accréditation).

Agri-Éthique a annoncé à l’occasion de son dixième anniversaire le passage à une société à mission et son accréditation. Le label de commerce équitable a été créé en 2013, afin de préserver les agriculteurs face à la volatilité des cours du blé et leur garantir un prix rémunérateur. Reconnu par l’interprofession du commerce équitable en 2018, Agri-Éthique compte 1692 exploitations agricoles partenaires et représente aujourd’hui 61 % des ventes du commerce équitable français, selon les chiffres de l’Observatoire du Commerce équitable, au 31 décembre 2022. Fort d’un chiffre d’affaires s’élevant à 457 millions d’euros de produits vendus, le label entend consolider son modèle et s’investir pleinement dans la transition agroécologique. Agri-Éthique s’appuie sur un contrat pluriannuel « permettant aux partenaires de la filière de s’engager autour d’un prix et d’un volume sans intervenir directement sur le prix de la matière première ».

Un modèle à l’épreuve des crises

« Depuis 2013, nous sommes déconnectés des marchés, l’enjeu c’est de protéger les acteurs de la filière sur une base coût de production, plus un complément assurant au producteur un juste prix. Plus vous engagez tous les maillons de la filière, plus le risque est dilué et maîtrisé, ce qui n’est pas le cas dans un marché libre », rappelle Ludovic Brindejonc, directeur général d’Agri-Ethique.

Les répercussions du conflit russo-ukrainien ont mis à l’épreuve ce modèle et ont pu susciter une crainte d’un désengagement, avec un prix de la tonne de blé avoisinant les 450 euros la tonne. Néanmoins, le label a su se mobiliser pour sensibiliser des producteurs avec plus de 150 rendez-vous sur le territoire afin de rappeler « la philosophie du label, les engagements contractuels mais aussi adapter le modèle. Depuis deux ans nous subissons une ultra-volatilité qui ne va pas s’améliorer, entre la guerre en Ukraine qui se poursuit, le contexte environnemental et la spéculation qui va encore s’accentuer, nous comptons bien assurer la pérennité du modèle dans ce nouveau contexte en faisant encore preuve d’agilité pour adapter le modèle au marché », poursuit Ludovic Brindejonc.

Changements statutaires et transition agroécologique

« Agri-Éthique devient société à mission, afin de mettre à plat et formaliser toutes nos stratégies, l’écrire et le faire connaître auprès de nos partenaires industriels, transformateurs, artisans, agriculteurs et des consommateurs. L’intérêt est également de créer un comité de mission composé de différentes parties prenantes afin de nous challenger sur nos objectifs et s’assurer qu’on conserve bien le cap », explique le directeur général d’Agri-Éthique.

Il s’agit ici de « façonner la coopération entre tous les acteurs et permettre aux consommateurs d’accéder à des produits à impact positif », selon le label. À cela s’ajoute l’évolution du processus de certification jusque-là assuré par l’organisme tiers indépendant Certipaq bio. Un nouveau pas est franchi avec le lancement, depuis un an, d’une démarche afin d’obtenir des contrôles sous accréditation de la Cofrac (Comité Français d’accréditation) afin de « consolider le modèle et garantir que les organismes de certification contrôlent le respect du cahier des charges Agri-Éthique avec compétence, cohérence et impartialité. »

En parallèle, Agri-Ethique a signé une convention de projet de partenariat avec l’association Pour une Agriculture du Vivant (PADV) avec pour objectif de développer l’agroécologie à grande échelle. « Pendant dix ans, nous avons consolidé notre expérience et notre savoir-faire en matière de construction de prix, du modèle économique. PADV a plutôt une forte expérience sur le volet transition, et nous sommes convaincus que l’addition des deux permettra aux acteurs des filières de s’engager et de progresser sur la transition agricole et alimentaire », conclut Ludovic Brindejonc.