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Plan pollinisateurs et phytosanitaires

Adapter l’épandage, mais ne pas laisser les cultures sans solutions


TNC le 18/03/2021 à 17:43
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Alors qu’une consultation publique est attendue fin mars sur l'arrêté "abeille" du plan pollinisateurs, la FNSEA a rappelé l’importance de ne pas opposer agriculture et apiculture et de considérer la problématique de manière globale. Si les phytosanitaires et leur application ne constituent qu’un des six axes du plan, la vigilance doit être de mise pour ne pas priver de solution certaines cultures qui contribuent à l’alimentation des abeilles.

Porté par la ministre de la transition écologique, qui aimerait faire oublier la ré-autorisation des néonicotinoïdes, le plan pollinisateurs risque fort de cristalliser le débat sur le sujet des produits phytosanitaires. Il faut cependant aborder la problématique « de manière globale », a rappelé Hervé Lapie, secrétaire général adjoint de la FNSEA, responsable des dossiers environnement et biodiversité, le 18 mars. Depuis un an, le syndicat travaille sur le sujet dans un esprit « collaboratif », avec une vision européenne « pour que la France ne soit pas en distorsion de concurrence », explique-t-il.

Ce plan comporte actuellement six axes de travail : amélioration des connaissances scientifiques, leviers économiques et d’accompagnements, accompagnement des autres secteurs d’activités, réglementation pour la protection des pollinisateurs lors de l’application des produits phytosanitaires, et partage des bonnes pratiques agricoles.

Complémentarité agriculture apiculture

« On a besoin de dialogue entre nous pour faire en sorte que les ressources soient présentes en qualité et en quantité », explique ainsi Eric Lelong, président commission apiculture de la FNSEA. « L’idée est de partager les projets de territoires entre les deux professions, de mieux se connaitre, les périodes de disettes sont différentes entre les territoires par exemple » ajoute Hervé Lapie.

L’enjeu est aussi celui de la souveraineté alimentaire, un sujet important pour l’agriculture mais aussi pour l’apiculture, alors que l’Hexagone importe 35 000 tonnes de miel chaque année. En France, « la force de l’agriculture de type familial, c’est qu’elle est diversifiée, et c’est ce qui permet aussi de maintenir les bols alimentaires », ajoute le secrétaire général adjoint de la FNSEA.

Prendre en compte les dernières évolutions scientifiques

Et sur ce point, le sujet des phytosanitaires est crucial, car si l’interdiction de certains produits, ou l’adaptation des techniques d’épandage permet de protéger les abeilles, la suppression de solutions conduit aussi à la disparition de certaines cultures appréciées des pollinisateurs. Sur le sujet de l’évaluation des substances, « les connaissances scientifiques évoluent, on sait mieux évaluer les risques dans un certain nombre de domaines » souligne Christian Durlin, président de la commission environnement de la FNSEA.

Le dialogue sur le terrain doit également permettre de s’adapter aux différentes situations. « On a besoin de plages horaires suffisantes pour protéger les cultures, il y a des situations où les traitements de nuit sont dangereux, et les créneaux horaires disponibles, pas toujours cohérents », ajoute-t-il.

« Les apiculteurs de la FNSEA ne sont pas dogmatiques, on connait la difficulté de travailler la nuit. Il faut trouver la meilleure façon d’appliquer l’avis de l’Anses pour ne pas perdre de cultures », explique de son côté Eric Lelong, qui regrette la disparition de la culture de la cerise dans sa région, suite à l’arrêt du diméthoate. « On a proposé des possibilités de traitement en fin de journée, même si c’est la nuit que c’est le plus sûr », ajoute-t-il. D’autres facteurs peuvent également être pris en compte pour autoriser les traitements, comme la luminosité et la température, qui sont des points importants pour la sortie des abeilles.  

Pour les apiculteurs comme les agriculteurs, il apparaît en tout cas important de préserver les cultures mineures, qui n’ont pas beaucoup de solutions de protection. Le plan pollinisateur devrait aussi « investir massivement sur les solutions », estime Hervé Lapie.