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Série diversification/accueil à la ferme

« Plein de rencontres, qui nous sortent de notre quotidien d’éleveuses »


TNC le 02/08/2019 à 06:17
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La ferme de La Péquinière a ouvert il y a bientôt trente ans un petit camping et développé les visites pédagogiques, en particulier pour les enfants. Cette diversification occupe bien Marylène et Muriel, toutes deux à mi-temps, pour un revenu modeste. Mais elle présente l’avantage de faciliter l’organisation du travail pour la production laitière.

Le camping de la ferme de La Péquinière a été créé au début des années 90, rapidement après l’ouverture sur la commune du parc zoologique de La Boissière du Doré en Loire-Atlantique. Le couple d’agriculteurs en activité à l’époque souhaitait répondre à la demande locale d’hébergements générée par cette attraction touristique, à mi-chemin entre Nantes et Angers. En 1999, soit six ans avant leur retraite, ils constituent un Gaec avec Jean-Claude Audrain alors récemment installé sur la ferme voisine.

Son épouse Muriel s’installe à son tour en 2001, suivie de Marylène Ducoux en 2005, une voisine rencontrée via l’association des parents d’élèves du village. Toutes deux sont à mi-temps sur l’exploitation de 70 ha produisant 685 000 l de lait avec 80 vaches. « Quand des gens viennent au camping, ils veulent naturellement visiter l’élevage, explique Marylène. C’est pourquoi nous avons créé, en même temps, une ferme de découverte destinée à tous les publics. La ferme pédagogique, spécifique à l’accueil des scolaires, a été mise en place plus tard. Nous avons reçu l’agrément de l’académie de Nantes en 2013. »

Mise aux normes

La ferme a d’abord été référencée dans le réseau Gîtes de France, puis sous le label Bienvenue à la ferme. Le camping compte six emplacements avec quatre branchements électriques mis aux normes en 2008. Une aire a également été aménagée pour accueillir six camping-cars. « Nous disposons d’un arrêté municipal et nous recevons régulièrement la visite d’un auditeur de Bienvenue à la ferme. »

En 2008, les trois associés investissent 100 000 euros pour refaire à neuf les sanitaires (trois urinoirs, deux toilettes, deux lavabos, deux douches) et se mettre aux normes avec la création d’un box sanitaire permettant l’accueil des handicapés. Pour effectuer ces travaux, ils doivent racheter le bâtiment dont ils ne sont pas propriétaires, soit 30 000 euros supplémentaires. Ils en profitent pour aménager l’ensemble en créant deux logements, ainsi qu’une salle de réception de 70 m2 avec une cuisine équipée d’une capacité de cinquante personnes. Celle-ci est utilisée également pour les activités pédagogiques.

« L’agriculture, c’est fait pour se nourrir »

La ferme de La Péquinière reçoit durant tout l’été des centres de loisirs pour des mini-camps. Par groupe d’une vingtaine, les enfants arrivent de Nantes, d’Angers, de Montoir-de-Bretagne ou encore de la Sarthe. Ils s’installent sur un terrain herbagé à part afin d’avoir leur propre espace et de conserver les six emplacements du camping à la ferme pour les gens de passage. Les campeurs s’arrêtent en général pour une ou deux nuits. Ceux restant à la semaine sont plutôt des touristes étrangers d’Europe du nord (Allemagne, Pays-Bas, Royaume-Uni). La ferme accueille aussi des salariés en CDD, des intérimaires ou des étudiants logeant en caravane, car c’est un des rares campings ouverts à l’année, avec des sanitaires fermés et chauffés.

En 2018, 2 225 nuitées ont été passées au camping de La Péquinière, dont 760 nuitées d’adultes. « Ce chiffre est très aléatoire d’une année sur l’autre, précise Marylène. C’est plaisant d’accueillir tout ce monde sur la ferme : nous faisons plein de rencontres, qui nous sortent de notre quotidien d’éleveuses. Nous revoyons parfois certaines personnes avec lesquelles nous créons des liens : des festivaliers du Hellfest venant tous les ans par exemple. Les gens sont curieux, posent des questions sur notre activité mais ils restent toujours bienveillants et acceptent les contraintes de la ferme, comme le bruit du canon à corbeaux par exemple. Le plus difficile à comprendre pour eux est le fait d’élever des animaux pour les manger, comme les porcs ou les volailles. Pourtant, nous sommes fiers de consommer nos produits. L’agriculture, c’est fait pour se nourrir. »

3 000 visiteurs par an

Indépendamment de la présence de visiteurs sur leur ferme, Jean-Claude, Muriel et Marylène sont sensibles au respect de leur environnement, ce qui facilite les échanges avec le grand public. Les 12 ha consacrés au maïs sont binés et les 6 ha de céréales sont implantés avec un mélange de triticale, d’avoine et de pois pour éviter le désherbage. Les 52 ha restants sont en herbe. « C’est important pour nous de faire pâturer les vaches le plus possible. Ce sont des herbivores, nous aimons les voir dehors car cela respecte davantage leur bien-être. De plus, les prairies sont économes en intrants. Nous ne passons pas en bio car nous manquons de surface. Et nous ne voulons pas réduire le cheptel car notre objectif à terme est de pouvoir travailler à quatre pour une bonne qualité de vie. »

En 2018, l’exploitation a accueilli 2 360 enfants (essentiellement des maternelles et primaires) avec ou sans hébergement au camping, ainsi que 560 adultes via la ferme de découverte. En outre, l’atelier de fabrication « De l’herbe au beurre », destiné aux plus grands (du CE1 au collège), a concerné 210 jeunes. « Même en ayant le contact facile, cela peut être intimidant d’animer un groupe d’enfants. Nous avons toutes les deux suivi une formation sur les fermes pédagogiques qui nous a bien aidée. »

Main-d’œuvre toujours disponible

L’ensemble des activités d’accueil à la ferme (camping, ferme de découverte, ferme pédagogique) représente environ 15 % du chiffre d’affaires. « Il ne faut pas sous-estimer le travail que cela représente en termes de présence et d’entretien, préviennent les deux femmes. Une personne doit obligatoirement habiter sur place. Il faut accueillir les gens, nettoyer les sanitaires, tondre les pelouses. Nous ne souhaitons pas développer trop fortement cette diversification de l’élevage laitier car nous ne sommes qu’à mi-temps. Mais c’est un bon moyen pour avoir toujours de la main-d’œuvre disponible sur la ferme. Il est difficile de se faire remplacer quand on est agriculteur, Muriel et moi nous faisons le tampon. »

Pour Marylène, Muriel et Jean-Claude, la production principale reste le lait. Et lorsqu’ils investissent en 2016 dans une nouvelle salle de traite de 2×8 postes, une laiterie et une nurserie, les équipements sont conçus pour permettre une extension. « J’ai 54 ans, conclut Marylène. Jean-Claude et Muriel ont 51 et 50 ans. Nous cherchons un associé dans l’objectif de travailler à quatre mais aussi de préparer la succession. Nous devons anticiper le fait que la future génération préférera peut-être privilégier la production laitière et supprimer les activités d’accueil. »