« On n’a pas le luxe de pauses », lance Frans Timmermans
AFP le 02/06/2023 à 16:34
« On n'a pas le luxe de pauses » en matière environnementale, a lancé vendredi le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, soulignant l'importance de la loi de restauration de la nature, qui suscite des réticences en Europe.
« On n’a pas le luxe de pauses, ni dans la politique climatique ni dans la protection de notre biodiversité », a dit le responsable européen à l’occasion de la Conférence Jacques Delors 2023 à Paris. « La crise climatique s’accélère » tandis que « 60 %, même plus, des terres européennes sont en mauvaise condition, on est en train de perdre nos abeilles, on est en train de créer des périodes de sécheresse qui éviteront de la production agricole sur des surfaces énormes… », a-t-il souligné.
Ses propos font écho à la « pause réglementaire européenne » réclamée par le président français Emmanuel Macron sur les normes environnementales, qui a créé une certaine inquiétude à Bruxelles et chez les défenseurs de l’environnement. « Appliquons et allons au bout » du Pacte vert de l’Union européenne, « mais n’en rajoutons pas plus », avait plaidé ce dernier.
Le Premier ministre belge Alexander De Croo a lui réclamé une « pause », y compris sur des textes du Pacte vert encore en négociation, pour « éviter de surcharger la barque » des normes environnementales.
Frans Timmermans a particulièrement insisté sur les enjeux en matière de biodiversité, au moment où les négociations se compliquent autour de la loi de restauration de la nature. Ce texte clé du « Pacte vert » (ou « Green deal »), qui fixe des objectifs contraignants de restauration d’écosystèmes abîmés, suscite des réticences d’Etats membres et d’eurodéputés, qui s’inquiètent notamment de l’impact éventuel sur la production agricole.
Le texte a fait l’objet fin mai de deux votes – consultatifs – de rejet dans les commissions agriculture et pêche du Parlement européen, avant un vote final attendu mi-juin en commission Environnement. Le groupe PPE (droite), première force politique du Parlement, demande son retrait, ainsi qu’un moratoire sur un autre texte prévoyant une réduction de l’usage des pesticides.
« Sans protection de la nature (…) le Green deal fera faillite parce qu’une grande partie des mesures que nous avons décidées dépendent de la capacité de la nature de capter du carbone. Une terre morte ne capte pas du carbone », a souligné M. Timmermans. « Sans volet nature il n’y a pas moyen de protéger l’Europe et le monde contre la crise climatique », a insisté le Néerlandais.