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Congrès Gaec & Société 2024

« Mon exploitation, une aventure humaine ! »


TNC le 10/07/2024 à 12:58
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Les relations entre associés : « clé de voûte de l'organisation et du bon fonctionnement des sociétés agricoles ». (© stockbusters, Adobe Stock)

Tel était le thème du congrès 2024 de Gaec & Société, à Sedan dans les Ardennes fin juin, tant les relations humaines sont essentielles pour travailler à plusieurs, alors qu’elles passent encore souvent après les aspects économiques, financiers et fiscaux. Et quoi de mieux que des visites d’exploitation, investies dans ce domaine, pour le montrer !

La réussite et la pérennité d’une société agricole dépendent autant, et même peut-être plus, des relations, de la bonne entente, entre associés que de la stratégie et des résultats technico-économiques. « C’est la clé de voûte de son organisation et de son bon fonctionnement. Une entreprise est avant tout une aventure humaine », c’est ce qu’a voulu mettre en avant la chambre d’agriculture des Ardennes lors du congrès de Gaec & Sociétés, à Sedan les 27 et 28 juin.

Communiquer

Démonstration, sur le terrain, dans différents Gaecde la région, où les associés sont « sereins et bien dans leurs bottes », et convaincus que cela ne va pas de soi mais « se travaille ». Et qu’on peut se faire accompagner dans ce domaine. Catherine et Arnaud Faucheron, par exemple, en Gaec entre époux, se sont pas mal intéressés à la communication. Le couple s’est formé pour apprendre à « aborder les choses positivement, de manière factuelle, sans aucun jugement de valeur ».

Apprendre comment aborder les choses.

Et surtout à « se fixer des objectifs clairs », ce qui semble être le cas dans la plupart des collectifs de travail rencontrés. Les deux éleveurs « s’obligent à les poser, à les écrire » dans un cahier de décisions. Associés également sur une exploitation d’élevage, Pierre Forget, son oncle Vincent, son frère Remi et bientôt son cousin Henri tiennent, eux, un journal de bord, avec des documents partagés.

Se fixer des objectifs clairs

« Formaliser pour avancer » est toujours bénéfique, et permet de s’assurer que l’on a « les mêmes objectifs et la volonté de mener l’entreprise de la même manière », appuie Alexandra Fricotteau, en société avec ses beaux-parents, et maintenant son mari. « Définir des objectifs permet, en outre, d’être plus performant », insistent Camille et Théo Dejardin, agriculteurs depuis peu.

Comme Catherine et Arnaud, Pierre et ses associés estiment que communiquer est primordial. D’autant que « les bâtiments sont grands et la ferme diversifiée ». À côté de celle-ci, ils gèrent deux méthaniseurs, et font de la prestation de services. « Chacun pilote son atelier, on reste parfois longtemps sans se voir », fait remarquer le producteur. Alors les exploitants se retrouvent régulièrement lors de repas pour échanger sur l’exploitation, organiser les congés, etc., et cultiver « la cohésion du groupe ». Les épouses et enfants sont d’ailleurs souvent conviés.

Décider en commun

Autre facteur de succès d’une association, au niveau humain, selon les intéressés : les choses importantes se décident en commun. C’est encore plus essentiel quand on vient de s’installer en agriculture, soulignent Camille et Théo. Fort de deux précédentes expériences sociétaires, en famille et hors cadre familial, le jeune homme peut en témoigner.

L’important, pour faciliter l’intégration d’un nouveau membre et les relations entre personnes, est que chacun ait un projet à concrétiser. Il faut « prendre en compte les envies, compétences, rythmes… du nouvel arrivant, plutôt que de lui imposer de rentrer dans un cadre pré-existant, confirment Valérie et Cyril Barrois, du Gaec du Tilleul. Les mouvements humains sur une exploitation bousculent son organisation tout en l’enrichissant. » Pierre Forget est du même avis : « chaque arrivée d’un nouvel associé » est l’occasion « de se poser et de mettre à plat bon nombre de sujets ».

Avoir chacun son propre projet

Quand il est entré dans la société aux côtés de son père, Cyril a « arrêté l’élevage allaitant pour se concentrer sur les vaches laitières ». Valérie, quant à elle, a mené une réflexion avec la MSA sur la santé et la sécurité au travail, qui a abouti à la mise en place d’un robot de traite, pour améliorer les conditions d’exercice du métier, le confort de vie, et mieux équilibrer les sphères pro et perso. Pour « qu’il trouve sa place » quand il les rejoindra, ils incitent leur fils à développer son propre projet.

Il importe de déterminer ses priorités « aussi bien professionnelles que personnelles », acquiescent Catherine et Arnaud. « C’est toujours un équilibre à trouver. » Le mieux pour y parvenir plus facilement, et favoriser la définition d’objectifs, les échanges, la prise de décision est d’aménager un bureau hors de l’habitation.

Apprendre à travailler ensemble

Sur tous les points mentionnés, les producteurs et productrices sont unanimes quant à l’intérêt d’un accompagnement extérieur, avec des formations telles que celle proposée par la chambre d’agriculture des Ardennes : « Travailler ensemble ». « Mon beau-père était peu convaincu au départ. Il parlait, en plaisantant, d’une « préparation au mariage ». Il y a un peu de ça, mais cela a permis de rassurer tout le monde », relate Alexandra Fricotteau.

Comme une préparation au mariage.

Depuis 2017, un parcours d’ateliers, intitulé « Bien dans sa peau, bien dans ses bottes », est même dédié aux agricultrices, en lien avec l’initiative « femmes et hommes en agriculture » destinée à « valoriser la complémentarité homme-femme sur les exploitations agricoles ». Il est axé sur « la gestion de conflits, autour de l’expression orale, du bien-être ou de l’affirmation de soi… »

Attirer des jeunes, notamment des femmes

Et vise à aider les femmes à « prendre leur place légitime et des responsabilités », seule aux manettes d’une ferme ou dans des sociétés ou organisations professionnelles, auprès de leurs homologues masculins. Des progrès notables ont eu lieu, mais des évolutions sont encore souhaitables. « On doit faire davantage nos preuves », déplorent Catherine, Alexandra et Valérie, à qui on demande encore parfois « Il est où le patron ? ».

De manière générale, « le bien-être professionnel et personnel » dans les sociétés agricoles ne peut qu’être favorable à l’installation de jeunes agricultrices et agriculteurs, et donc au « renouvellement des générations en agriculture ».

Source : communiqué de la chambre d’agriculture des Ardennes