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Semaine renouvellement des générations

« Même s’il faut se retrousser les manches, s’installer on y arrive ! »


TNC le 03/02/2023 à 14:32

C'est le message que veut porter Jeunes Agriculteurs pour sa #SemaineRGA 2023 sur les réseaux sociaux. Du national au local, tout son réseau a à cœur de mettre en avant « l'enjeu de la transmission des exploitations agricoles », à travers des témoignages de cédants/repreneurs notamment. Des cédants qui « ont anticipé pour transmettre à des jeunes » et des repreneurs qui ont su « s'adapter pour relever les défis » auxquels l'agriculture doit faire face.

30 janvier au 5 février 2023 : c’est la semaine du renouvellement des générations agricoles sur les réseaux sociaux − Facebook, Twitter, Youtube… −, initiée il y a maintenant plusieurs années par Jeunes Agriculteurs. 

Tout le réseau syndical est mobilisé, de l’échelon national à local, pour mettre en lumière « les problématiques et solutions face à l’enjeu de transmission des exploitations agricoles ».

La priorité :faire face auxdéparts en retraite massifs d’agriculteurs dans les années à venir. Les chiffres sont éloquents : 50 % auront l’âge de partir d’ici 10 ans et 2/3 n’ont pas de repreneur pour leur ferme ; 1/4 de la surface agricole de la France pourrait ainsi disparaître.

D’où : l’importance d’accompagner encore davantage les cédants et leurs successeurs, avant, pendant et après la cession/reprise d’exploitation.

Pourquoi ? Pour quatre raisons essentielles selon le syndicat :

  • Réaliser la transition agroécologique

  • Contribuer à l’économie et l’emploi

  • Apporter un appui social et humain

  • Garantir la souveraineté alimentaire de notre pays

Comment ? Autrement dit via quelles actions concrètes ?

1. Repérer et sensibiliser agriculteurs en fin de carrière / porteurs de projets en agriculture

2. Effectuer un diagnostic de la ferme : économique, social et environnemental

3. Mettre en place des dispositifs fiscaux et sociaux incitatifs

Une première victoire :le Parlement a voté un relèvement des retraites des agriculteurs non-salariés, jeudi 2 février, en pleine #SemaineRGA.

À savoir : l’ensemble des propositions de Jeunes Agriculteurs pour « mener une politique ambitieuse de transmission » ont été compilées dans un livre blanc.

Quelques témoignages : en départements et régions, partagés par Jeunes Agriculteurs.

Comme celui de JA Centre-Val de Loire :

Non issu du milieu agricole (Nima), Baptiste, 25 ans, s’est installé en hors cadre familial (HCF) en 2021, après un Bac pro CGEA spécialité « grandes cultures », un BTS Acse pour « aborder le côté gestion d’exploitation », une licence professionnelle en management des entreprises agricoles et six ans de salariat en fermes. Il n’a repris que la partie céréalière (130 ha) de la structure de Patrice, pas l’ETA, ni les vignes pour des raisons « financières ». Le jeune agriculteur reconnaît qu’il a eu de la chance : « Patrice voulait transmettre à un jeune et a tout fait pour − en particulier en ne vendant pas les terres tout de suite, précise le cédant −. J’encourage les exploitants à faire comme lui. »

Pour l’un comme l’autre, c’est la clé d’une transmission d’exploitation réussie. « Il faut faire des efforts et ne pas avoir peur de prendre des décisions rapidement », car les démarches administratives sont assez longues, conseille l’agriculteur retraité. Exploitant depuis 1984, il a commencé à penser à sa succession vers 55 ans, « sachant qu’il n’avait personne pour prendre la suite », ses enfants « étant trop jeunes ».

Il faut faire des efforts ! (Patrice, cédant)

Baptiste est optimiste quant à l’avenir de l’agriculture qui, selon lui, continuera de s’adapter pour répondre « aux enjeux » comme elle l’a toujours fait. De son côté, il envisage d’agrandir la SAU d’une vingtaine d’hectares pour dégager « une rémunération convenable », pas plus, « ce n’est pas la surface qui fait le revenu ». Il préfère « aller vers la vente directe pour tenir compte de l’environnement local », « travailler sur le regroupement de matériel » et faire évoluer ses pratiques vers l’agroécologie. « Ce n’est pas la première année qu’on doit tout changer, faut d’abord s’adapter à la structure », prévient-il. Le jeune producteur espère que les agriculteurs « garderont toujours la passion de nourrir les gens » et « d’assurer la souveraineté alimentaire » du pays. 

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Autre installation HCF : celle de Thomas sur la ferme céréalière de Jacques, le fils de ce dernier ne souhaitant pas devenir agriculteur. Nima lui aussi, il a toujours été attiré par « ce monde-là » et a suivi des études agricoles (Bac STAV, BTSA en alternance). Son diplôme en poche, il a été au point accueil installation pour savoir comment s’installer en agriculture. Ce qu’il conseille à tous les porteurs de projets pour bien connaître toutes les étapes. Autres recommandations : « découvrir d’autres structures, surtout dans le cas d’une reprise familiale, ne pas négliger la formation vu les contraintes » de plus en plus exigeantes à respecter, « ne pas s’isoler et rentrer dans des groupes d’échanges ». 

Faire confiance au repreneur. (Jacques, cédant)

Depuis 2016, il exploite 220 ha avec un troupeau de 110 brebis en sélection et une cinquantaine de porcs plein air. En 2020, il s’associe avec Jacques sur une autre structure, en SCEA. Voisins, ils avaient commencé par « faire les foins ensemble », puis « d’autres chantiers » avant « d’acheter du matériel en commun ». Alors reprendre son exploitation, « ça s’est fait dans la continuité », raconte le jeune agriculteur. Ils se sont cependant « fait accompagner, par des comptables et des juristes notamment ». Et « pour anticiper le départ à la retraite de Jacques », ils ont embauché un apprenti, qui sera peut-être salarié par la suite. Ainsi, l’exploitant retraité pourra « venir labourer juste pour le plaisir ». Et effectivement, il compte bien « travailler encore quelques heures » s’il le peut. Mais il insiste : « Il faut faire confiance au repreneur. »

Cette fois, il s’agit d’une succession familiale : celle de Marc, agriculteur depuis 1989 et de son épouse qui l’a rejoint ensuite, à deux de leurs trois enfants, l’aîné, Antonin, étant développeur. Adrien s’est installé en 2017 et Romain en 2019 sur l’exploitation de 350 ha. Leur père a toujours su que le premier, passionné par les animaux, reprendrait le flambeau, pour le second, « c’est venu plus tard ». Mais même «une transmission familiale se prépare et il y a également une période d’adaptation », met-il en garde. D’autant qu’à chaque installation, il y a des défis à relever : le passage au bio pour Adrien − « on apprenait tous les deux », indique-t-il −, la création du magasin de producteurs pour Romain, qui n’était formé ni au commerce, ni dans le domaine agricole.

Une transmission familiale aussi, ça se prépare.
(Marc et deux de ses fils, Adrien et Romain)

C’est pourquoi l’accompagnement est indispensable, témoignent-ils. « Il y a beaucoup de papiers, de questions, de choses qu’on ne connaît pas en arrivant dans le métier, dont les aides financières disponibles. » « Au début, ce n’est pas facile, plein de choses sont à maîtriser, comme travailler avec le vivant, la météo », appuient-ils. Leur plus grande satisfaction : exercer une profession qui « nous plaît ». L’atout de la ferme, pointe Marc, est qu’elle est diversifiée : « chaque jour est différent, même dans les champs », sans parler des « discussions avec les clients ». « On apprend tout le temps  quelque chose », ajoute Romain. Et le père de conclure : « Si vous voulez vous installer, lancez-vous, les périodes difficiles ont toujours existé. En se retroussant les manches, on y arrive ! »