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Projet de loi d’orientation agricole

« Le recours aux ETA doit être considéré comme une solution pour l’agriculture »


TNC le 29/06/2023 à 17:00
MoissonOrgeS.Leitenberger

Les ETA veulent être davantage entendues dans le cadre du projet de loi d'orientation agricole en cours de préparation.

Alors que le projet de loi d’orientation agricole est en cours de rédaction, les entreprises de travaux agricoles veulent des mesures appropriées qui n'entravent pas leurs activités de prestations de services. « Le recours croissant aux ETA est une réalité de l’agriculture française qui contribue à la viabilité économique de nombreuses exploitations », martèle Gérard Napias le président de la Fédération des entreprises des territoires.

L’activité des entrepreneurs des territoires – entreprises de travaux agricoles et forestiers – ne vient pas en concurrence avec celle des agriculteurs et ne contribue pas à déstabiliser le modèle défendu pour le renouvellement des générations en agriculture. C’est ce qu’a rappelé Gérard Napias mardi 27 juin, à l’occasion de la présentation du prochain salon des ETA, qui se tiendra en décembre prochain à Tours.

« Les ETA apportent leur lot de solutions pour l’avenir de l’agriculture française » a-t-il martelé, au sujet du projet de loi d’orientation agricole en cours de rédaction, et qui doit être présenté dans les prochaines semaines. Le recours aux ETA permet à de nombreuses exploitations agricoles d’avoir plus de marge dans leur bilan économique, en limitant les investissements individuels.

Les ETA, ce sont des hommes, des machines et surtout des savoir-faire.

« Quand une exploitation est en difficulté, ce n’est pas en investissant dans du matériel qui reste sous le hangar qu’on arrive à la remettre à flot », a-t-il renchéri. Et en libérant du temps à ceux qui y ont recours, il contribue aussi à améliorer les conditions sociales du métier.

Entrepreneur agricole, un métier qui rajeunit et qui se professionnalise

Selon le président de la FNEDT, le recours accru des agriculteurs à la délégation d’une partie de leurs travaux se traduit par un changement de physionomie du métier d’entrepreneur. « D’une activité de diversification pour certains agriculteurs, le métier évolue vers un entrepreneuriat coupé de l’exploitation agricole originelle. »

Résultat : les ETA « full service » sont plus nombreuses, et la part de leur chiffre d’affaires pour des prestations complètes chez des clients agriculteurs augmente : En 2013, 34 % de ces ETA « full service » indiquaient que les prestations complètes représentaient un quart de leur chiffre d’affaires. Pour les autres, le pourcentage était moindre. Mais en 2023, c’est désormais la moitié des ETA « full service » qui déclarent un pourcentage moyen de chiffre d’affaires dans ces prestations complètes de 43,5 %.

Et plus globalement, les ETA grossissent et rajeunissent. Sur la base d’une enquête auprès de 200 entrepreneurs, les ETA emploient en moyenne entre 5 et 6 salariés, alors que la moyenne était à 4 salariés en 2019 et 3 salariés en 2013. Et plus d’un tiers déclare un chiffre d’affaires annuel supérieur à 500 000 €. Les chefs d’entreprise, eux, sont plus jeunes qu’avant : 46 ans en moyenne, contre 49 ans il y a 10 ans.

Des inquiétudes autour de la retaxation du GNR et des vols à répétition

À ce tableau résumant un développement positif de leurs activités, les entrepreneurs ont néanmoins deux sources d’inquiétudes à court terme. Comme la Coordination rurale et la FNSEA, la FNEDT s’inquiète de la suppression progressive de la taxation réduite sur les carburants souhaitée par les pouvoirs publics d’ici 2030. « J’ai interpellé le ministre de l’agriculture la semaine dernière lors du salon forestier Euroforest. Qu’elle soit supportée par les agriculteurs ou les entrepreneurs, ça va être une charge supplémentaire pour la ferme France. Nous nous y opposerons fermement. Emmanuel Macron promet 2 Mds€ pour que les avions soient plus verts. Qu’il mette autant sur la table pour que les tracteurs soient plus verts ! »

Autre sujet de préoccupation : les vols à répétition chez les agriculteurs, les concessionnaires et les entreprises de travaux agricoles. « Confrontés pour certains au 4e vol d’équipements – des GPS, des consoles, du carburant, etc. – Le préjudice s’élève à plusieurs centaines de milliers d’euros en Mayenne et en Maine-et-Loire ces derniers jours », raconte Gérard Napias. « Ces vols ont des conséquences financières majeures pour les entreprises — 15 à 20 000 € par équipement volé, commentait pour sa part Laurent Menanteau, président de EDT Pays de la Loire dans un communiqué. Ils désorganisent totalement la réalisation des chantiers. Six à douze mois sont nécessaires avant de pouvoir remplacer le matériel. » Suite à ces vols à répétition, un rassemblement spontané s’était organisé à Ombrée-d’Anjou, en Maine-et-Loire, pour dénoncer l’impunité dont bénéficient les auteurs et receleurs.