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Entrepreneurs des territoires

Vers un recours accru aux ETA en 2023


TNC le 07/12/2022 à 16:59
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Gérard Napias (au centre), président de la FNEDT, a dressé un premier bilan de l'année 2022. (©TNC)

L’année 2022 n’a pas été simple pour le secteur agricole, entre flambée des intrants, de l’énergie, des carburants, et les entrepreneurs de travaux agricoles et forestiers ont dû augmenter leurs tarifs pour absorber les hausses de charges. Une nouvelle augmentation n’est pas à exclure en 2023, mais elle ne devrait pas entraver le recours de plus en plus important aux entreprises de travaux agricoles, d’autant plus que les prix des matériels vont continuer à flamber.

« Une année qu’il faudra vite oublier », résume Gérard Napias, président de la Fédération nationale des entrepreneurs des territoires (FNEDT), en dressant un premier bilan de l’année 2022 ce 7 décembre. Sécheresse, flambée des carburants et des intrants, faibles rendements se sont en effet répercutés sur les entreprises, poussant une grande majorité d’entre elles à augmenter leurs tarifs.

Ces augmentations étaient indispensables à la survie des entreprises, explique Gérard Napias, notamment en raison du prix du carburant. Le GNR représente 15 % du coût des prestations agricoles, explique la FNEDT, un GNR qui a dépassé un euro le litre en octobre 2021, puis atteint 1,75 €/l au début des travaux de printemps, avant de revenir à 1,50 €/l pendant l’été. A l’automne, avec le blocage des raffineries, cette charge a pu représenter jusqu’à 300 € par jour et par machine, souligne la FNEDT. À ces charges se sont également ajoutées les hausses de salaires, liées à l’inflation, entre 5,8 et 6,8 %, mais également une flambée des prix des matériels.

Machines et pièces en hausse et délais rallongés

Autre fait marquant de l’année, la hausse de tarifs concernant les machines, consécutivement au ralentissement des chaines logistiques lié à la crise sanitaire, au renchérissement des prix de l’acier et du fret maritime. « Pour les matériels de récolte, dont les ETA représentent la moitié des unités vendues en France, la hausse est proche de + 25 % », indique la FNEDT, qui déplore également des délais de livraison, pour les machines comme pour les pièces, extrêmement rallongés. « On nous dit que demain les prix vont encore augmenter », explique Gérard Napias, qui a échangé avec Axema, mais « qui pourra encore acheter du matériel ? », demande-t-il. Aujourd’hui, les agriculteurs sont davantage intéressés par sécuriser leur foncier que pour investir dans des machines, explique-t-il. Par conséquent, « le rôle des entreprises agricoles sera de plus en plus prépondérant », juge le président de la FNEDT.

La délégation de travaux partielle a progressé de + 53 % entre 2000 et 2016, une dynamique qui devrait se poursuivre compte-tenu de l’explosion du prix des machines, mais aussi du manque de main d’œuvre, ou encore de la difficulté des agriculteurs à trouver des repreneurs.

Des hausses de tarifs encore nécessaires en 2023

Malgré un contexte favorable à leur activité, les entreprises de travaux agricoles et forestiers doivent répercuter la hausse de charges pour maintenir un minimum de rentabilité économique. Une augmentation tarifaire de + 22 % est vraisemblablement nécessaire pour conserver les mêmes performances à l’issue de l’année 2022, explique la FNEDT, qui précise que 60 % des prestataires n’ont appliqué des hausses de tarifs que de 5 à 15 %. « On sera obligés de remettre quelques pourcentages de plus, indique Gérard Napias, on ne pourra pas faire autrement ».

La FNEDT regrette en ce sens certaines mesures fiscales, comme l’exclusion des entreprises de travaux agricoles et forestiers du champ d’application du TO-DE, ce qui entraîne pour une entreprise un différentiel de 2 euros de l’heure sur un salarié saisonnier par rapport à un exploitant agricole. Une concurrence déloyale notamment sur certains postes, comme les conducteurs d’agroéquipements, explique ainsi Philippe Largeau, vice-président de la FNEDT.