Accéder au contenu principal
Témoignages sur l'enseignement agricole

« Au centre : les jeunes, leurs projets professionnels et personnels »


TNC le 08/09/2021 à 11:54
fiches_temoignage-atouts-specificites-enseignement-agricole

Cette rentrée scolaire 2021, une opportunité pour faire un focus sur les spécificités de l'enseignement agricole, qui sont autant d'atouts, à travers des témoignages d'élèves et des équipes éducatives. Objectif : « que les jeunes réussissent dans la formation qui leur convient, trouvent un emploi qui leur plaît et se sentent bien dans leur peau », insiste Manon Larrere, directrice du lycée agricole privé de Verdalle (Occitanie).

« Même si j’aidais régulièrement mes parents, c’était pour des travaux basiques. L’enseignement agricole m’a permis d’acquérir la technicité qui me manquait », met en avant Élisa, salariée dans une exploitation laitière en Nouvelle-Zélande après un BTS ACSE.

En effet, il propose une large offre de formations de la 4e aux écoles d’ingénieurs, masters et doctorats en passant par les Bac pro, STAV (sciences et technologies de l’agronomie et du vivant), généraux avec option agricole (EAT c’est-à-dire écologie, agronomie et territoire), CAP agricoles, BTS agricoles (3/4 en production), licences professionnelles. À noter : les formations professionnelles (Capa, Bac pro, BTSA) regroupent 2/3 des élèves (la moitié en Bac pro), 35 % les réalisant en production agricole. 

L’enseignement agricole m’a permis d’acquérir la technicité qui me manquait. (Élisa, titulaire d’un BTS ACSE, pourtant fille d’agriculteurs).

Une offre très large de formations, à plus de 200 métiers

Ainsi, l’enseignement agricole prépare à plus de 200 métiers dans les secteurs des productions végétales, animales, de la forêt, des paysages, de l’environnement, du machinisme, de l’industrie agroalimentaire, de la biologie, des techniques de laboratoire et de la recherche, du commerce, du développement territorial et même des services à la personne. Un accent est mis sur l’apprentissage : le nombre d’apprentis a doublé en 25 ans avec une hausse continue depuis 2015, de 20 %/an environ, pour passer de 31 000 à 45 717 apprentis à la rentrée 2021, dont 38 % en production agricole. 45 784 élèves et étudiants sont également en alternance sous statut scolaire.

Autre spécificité : l’internat accueille 56 % des jeunes. Cela permet une meilleure efficacité scolaire (grâce à l’étude et l’aide aux devoirs entre autres), tout en améliorant l’autonomie, la responsabilisation, la sociabilisation et d’autres savoir-être. « Cette vie en collectivité me plaît beaucoup, on s’intègre rapidement », avance Marie-Amélie, en 1ère générale avec option agricole. L’enseignement agricole est d’ailleurs engagé dans la démarche de labellisation « Internat d’excellence », afin de promouvoir les actions menées au niveau éducatif et relationnel dans ces collectifs. 

Une pédagogie centrée sur l’élève

Mais surtout la pédagogie est centrée sur l’élève grâce à de petits effectifs, un accompagnement personnalisé (scolaire, professionnel et même personnel dans les domaines extra-scolaires) et un lien régulier avec les familles. Une importance particulière est accordée à l’insertion professionnelle et au développement de valeurs telles que l’envie d’apprendre, la confiance en soi, la motivation, la responsabilité, le sens de l’effort, l’esprit critique, la solidarité…

La pratique favorisée d’activités sportives, culturelles et citoyennes contribue elle-aussi à l’épanouissement personnel. Une centaine de sections sportives existent, ainsi que beaucoup de clubs et d’associations étudiantes. Dans le cadre des Jeux olympiques de Paris 2024, les établissements du réseau seront d’ailleurs labellisés « Génération 2024 ». En outre, l’éducation socio-culturelle est une matière spécifique à l’enseignement agricole, et prépare notamment à monter des projets.

« Quand je vais en cours, je me dis « je vais apprendre plein de choses » et plus « je vais encore galérer et m’ennuyer », témoigne Siméon, en 1ère STAV. Les professeurs s’intéressent à nous. En lycée général, on est plus livré à soi-même. Il faut dire qu’on était 40 par classe. Aujourd’hui, nous sommes 23. » « Au collège, j’étais tout le temps rabaissé. Dans l’enseignement agricole, on m’a tout de suite fait confiance et cru en mon potentiel. Je suis plus heureux en classe et mieux accompagné », met également en avant Julien, en Capa.

On m’a tout de suite fait confiance et cru en mon potentiel. Je suis plus heureux en classe et mieux accompagné. (Julien, Capa)

« Les personnels du lycée essaient vraiment que chacun d’entre nous puisse trouver sa place, ils cherchent des solutions, travaillent à la réorientation de ceux qui n’ont pas trouvé leur voie. J’apprécie particulièrement la proximité avec les professeurs qui nous mettent en responsabilité pour l’organisation de projets, par exemple des voyages (financement, activités) », détaille de son côté Mathias, en terminale pro. « Notre objectif : que les jeunes réussissent dans la formation qui leur convient, trouvent un emploi qui leur plaît et se sentent bien dans leur peau », confirme Manon Larrere, directrice du lycée agricole privé de Verdalle en Occitanie. 

Ouvert sur le monde professionnel et l’international

En outre, l’enseignement agricole entretient des relations étroites avec le secteur professionnel via de nombreux stages, travaux pédagogiques, témoignages de travailleurs, visites d’entreprises, rencontres avec les équipes pédagogiques et de direction pour connaître les besoins et faire évoluer les formations en conséquence. Les diplômes sont donc régulièrement mis à jour. Dernier exemple en date : une partie des certificats de spécialisation (CS), brevets professionnels (BP) et baccalauréats professionnels en 2018-2019.

De même, les interactions avec le(s) territoire(s) sont multiples. Les établissements de l’enseignement agricole ont effectivement pour mission de contribuer à l’animation et au développement des territoires sur les plans social, économique, culturel, sportif et environnemental, en collaboration avec les acteurs du monde agricole, les collectivités territoriales, les organismes de recherche et les associations. Des projets sont menés sur différentes thématiques : évolution des pratiques agricoles, bien-être animal, relocalisation de l’alimentation…

Quant à l’ouverture à l’international, elle est privilégiée à travers des stages, voyages d’études, périodes scolaires à l’étranger, échanges entre établissements, etc. Entre 2014 et 2020, 674 établissements ont sollicité le programme Eramus+ et les budgets devraient être doublés pour la prochaine période. Avant la pandémie de Covid-19, en 2018-2019, près de 25 000 mobilités ont été effectuées, à 87 % en Europe. Et si la crise sanitaire les a mises en stand-by, les relations avec l’étranger se sont poursuivies en visio.  Enfin, le TNLA (Trophée national des lycées agricoles) est devenu, en 2021, le TIEA (Trophée international de l’enseignement agricole).

Aller voir l’agriculture ailleurs est très enrichissant. On découvre d’autres façons de faire. (Élisa, salariée en élevage en Nouvelle-Zélande)

Pendant son BTS ACSE, Élisa a fait un stage de trois mois au Canada dans un élevage laitier, puis a travaillé quelques mois en Irlande. Depuis un peu plus d’un an, elle est en Nouvelle-Zélande dans une exploitation de 2 500 bovins. « L’herbe, comme source principale de l’alimentation des animaux : ce système m’a toujours intéressée, confie-t-elle. Aller voir l’agriculture ailleurs est très enrichissant. On découvre d’autres façons de faire. Ici, la traite des 930 vaches laitières dure 5 h et commence à 3 h du matin. » Fille d’éleveur, elle a pour objectif de s’installer sur la ferme familiale de 130 VL. Et « d’y mettre en pratique quelques techniques néo-zélandaises ». Mais, elle n’envisage pas de revenir tout de suite, ayant la possibilité d’évoluer là-bas et de prendre plus de responsabilités. 

Sources de l’article : chiffres 2021 de la DGER, « Portrait de l’enseignement agricole » édition 2021 du Ministère de l’agriculture, webinaire du CNEAP (Conseil national de l’enseignement agricole privé) de mars 2021, intitulé « Me former dans l’enseignement agricole, le champ des possibles » et diffusé sur YouTube.