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Annonce de Julien Denormandie

7 M€ pour accélérer la recherche sur les alternatives au glyphosate


AFP le 05/11/2020 à 17:46
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En 2023, le glyphosate sera interdit en France. (©Nadège Petit @agrizoom)

Le gouvernement va débloquer une enveloppe de sept millions d'euros pour accélérer la recherche sur les alternatives aux herbicides à base de glyphosate, a annoncé jeudi le ministre de l'agriculture Julien Denormandie, devant des parlementaires.

La France s’est fixé pour objectif de sortir de l’essentiel des usages du glyphosate en 2021, avant une interdiction totale en 2023. Décidé à « mettre le paquet pour identifier les solutions face aux éléments de blocage qui sont devant nous aujourd’hui », Julien Denormandie a dit vouloir consacrer « dès le budget de cette année sept millions d’euros supplémentaires à la recherche dans les alternatives au glyphosate ».

Cette enveloppe vient s’ajouter aux plans existants comme le plan Écophyto II+, qui vise à réduire de 50 % les usages de produits phytopharmaceutiques dans leur ensemble d’ici 2025.

Auditionné par la mission parlementaire sur la stratégie de sortie du glyphosate, Julien Denormandie a aussi annoncé la nomination d’un ingénieur, Hervé Durand, comme « chef de projet » au côté du préfet Pierre-Étienne Bisch, coordinateur interministériel du plan de sortie du glyphosate. Hervé Durand aura la charge « d’accompagner l’ensemble de cette transition (…) de manière opérationnelle », a précisé le ministre.

Retrouvez : Mission d’information sur le glyphosate – Pour D. Guillaume, « demain, il s’agira de se passer des herbicides chimiques »
Enquête agriculteurs – Retrait du glyphosate : « une balance bénéfices/risques pas clairement établie »

Également entendue lors de cette audition, la ministre de la transition écologique Barbara Pompili a évoqué le plan de protection des pollinisateurs qui doit être mis en place d’ici la fin de l’année. Le gouvernement s’y était engagé cet été, au moment d’annoncer qu’il entendait réintroduire temporairement les insecticides néonicotinoïdes, qualifiés de « tueurs d’abeille », pour la culture de la betterave. Le Parlement a donné mercredi son feu vert à ce retour des néonicotinoïdes.

« Aujourd’hui, on a une situation qui est objectivement préoccupante puisqu’on retrouve des traces de pesticides dans 75 % des ruches, en particulier des traces de fongicides », a indiqué Barbara Pompili, citant l’Anses. Selon l’agence sanitaire, ces produits destinés à lutter contre l’apparition de champignons dans les cultures constituent « un des facteurs qui concourent à l’intoxication des abeilles ». « Ce qu’il faut, c’est ne plus asperger de produits sur ces abeilles quand elles sont en train de polliniser les plantes et quand elles sont sur les plantes en fleurs », a estimé Barbara Pompili, qui a indiqué que « ce sera une des mesures qui sera travaillée avec les filières ».

Alors qu’un arrêté interdit depuis 2003 l’épandage d’insecticides pendant la période de floraison, Barbara Pompili souhaiterait étendre cette interdiction à tous les produits phytopharmaceutiques, notamment herbicides et fongicides, tout en s’engageant à ne « pas laisser les agriculteurs sans solution ». Cette annonce « revient entre les lignes à obliger les agriculteurs à pulvériser la nuit tous les produits », a estimé le corapporteur de la mission, député de la Creuse et agriculteur, Jean-Baptiste Moreau, qui a dénoncé une « provocation ». Appelant à « apaiser les débats », Julien Denormandie a appelé à procéder « avec méthodologie, ambition, mais méthode ».