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Réduction des produits phytosanitaires

2010-2020 : les fermes du réseau Dephy partagent leurs résultats


TNC le 03/05/2023 à 05:04
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Le réseau Dephy Ferme présente les résultats obtenus entre 2010 et 2020 des exploitations engagées. (©TNC)

Dans une synthèse parue le 26 avril dernier, le réseau Dephy Ferme fait le point sur les évolutions de l'utilisation de produits phytosanitaires et des indicateurs économiques entre 2010 et 2020 pour les exploitations engagées.

Pour les 774 systèmes en grandes cultures et polyculture-élevage étudiés, Dephy Ferme enregistre une baisse de 26 % de l’IFT1 moyen hors biocontrôle et hors traitement de semences entre leur entrée dans le réseau et la moyenne des campagnes 2018-2019-2020 : cet indicateur passe de 2,6 à 1,9 (- 0,7 point). 

« Difficultés à diminuer l’utilisation des herbicides »

« La dynamique d’évolution des IFT diffère selon les catégories de produits phytos », précisent les équipes Dephy. En effet, « les IFT hors herbicides hors biocontrôle et hors traitement de semence diminuent plus rapidement (- 38 %) que la moyenne des IFT totaux, alors que les IFT herbicides hors biocontrôle baissent de 15 %. Ces derniers représentent la moitié des IFT appliqués à l’état initial ». 

Évolution de l’IFT décomposé hors traitement de semences (©Réseau Dephy Ferme)

Il faut dire que « la gestion des maladies et des ravageurs s’effectue principalement à travers des leviers ponctuels, plus ou moins combinés, et mobilisés souvent à l’échelle d’un itinéraire de culture ou d’une interculture ». Alors que « la gestion des adventices demande généralement une re-conception plus profonde du système de culture », comme le rappelle le réseau.

Dans l’analyse, « les systèmes de polyculture-élevage présentent une réduction du niveau d’IFT plus forte en proportion que celle observée pour les systèmes de grandes cultures. Cette évolution est, entre autres, liée aux possibilités plus nombreuses dont disposent ces systèmes pour faire évoluer leurs pratiques et leurs rotations dans la durée (accès aux prairies, aux cultures pluriannuelles et aux cultures fourragères notamment…) ».

Résultats économiques 

Sur le plan économique, les exploitations du réseau enregistrent une baisse générale de leurs charges (7 %) entre l’état initial et la moyenne 2018-2020, 6 % précisément pour les systèmes en grandes cultures et 8 % pour ceux en polyculture-élevage. « Cette diminution semble provenir de deux principaux postes : les produits phytosanitaires (logique dans un contexte de baisse des IFT) et la fertilisation. Globalement les systèmes étudiés diminuent leur fertilisation de 13 unités d’azote/ha », précisent les auteurs de l’étude.

Évolution des charges opérationnelles et de mécanisation décomposées entre l’état initial et la moyenne des années 2018/2019/2020. (©Réseau Dephy Ferme)

Mais la marge semi-nette1 diminue également, de près de 10 % sur la période étudiée. La baisse est plus marquée pour les systèmes en grandes cultures (- 12 %) que pour ceux en polyculture-élevage (- 9 %). Cela s’explique « par une diminution des charges plus importante en polyculture-élevage, compensant partiellement la diminution des produits ».

« Plus d’atouts pour s’adapter » 

Si « la confrontation des évolutions d’IFT et de marge semi-nette révèlent des situations assez contrastées, les systèmes qui réduisent leurs IFT au sein du réseau sont, dans l’ensemble, ceux qui ont le mieux réussi à limiter les baisses de marge semi-nette ». Pour le réseau Dephy, « ils présenteraient donc plus d’atouts pour s’adapter dans un environnement économique fluctuant, où les prix de l’énergie, des intrants azotés et des récoltes varient rapidement ». 

Par ailleurs, « la réduction des IFT ne semble pas générer d’augmentation du temps de travail ». Le réseau souligne même « une légère baisse de ce paramètre (de 5 %, – 0 ,2 heures/ha) pour les systèmes qui diminuent leur IFT. Bien que limitée, cette réduction du temps de travail est vraisemblablement le fait d’une réorganisation au sein des systèmes (dates de semis, travail du sol, introduction de cultures nécessitant moins d’interventions, etc.) ».

1. « Dans cette étude, la marge semi-nette est entendue comme la différence entre le produit brut et la somme des charges de mécanisation (hors main d’œuvre) et des charges opérationnelles. Dans le calcul de cet indicateur, on n’intègre donc ni les charges de main d’œuvre, ni les aides Pac. La marge semi-nette traduit ainsi la performance globale économique des systèmes de culture. »