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Fongicides et adjuvants

Une association à tenter en conditions difficiles


TNC le 06/04/2020 à 14:26
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Au cours de cette campagne, Arvalis-Institut du végétal a prévu de mener des tests pour évaluer l’intérêt de l’utilisation d’adjuvants dans la lutte contre la septoriose. (©@bubu1664/Banque d'images FranceAgriTwittos)

Les adjuvants en complément des produits phytosanitaires ont vocation à optimiser la qualité de la pulvérisation. Certains de ces additifs sont homologués pour les traitements fongicides du blé. Les conditions météo de plus en plus changeantes méritent peut-être de s’y intéresser.

Les adjuvants sont des huiles, des sels ou des agents mouillants qui, associés à un produit phytosanitaire, en améliorent l’application et donc l’efficacité. Selon Jean-Yves Maufras, ingénieur responsable de l’évaluation des fongicides céréales chez Arvalis-Institut du végétal, ces adjuvants sont souvent employés en désherbage et leur intérêt est reconnu. Avec les fongicides, en revanche, les conseils doivent être revus régulièrement avec l’évolution des produits, des variétés et selon les conditions de pulvérisation. Mathurin Philippeau, conseiller grandes cultures à la chambre d’agriculture d’Île-de-France, préconise l’emploi d’adjuvants pour protéger les céréales de la fusariose « parce qu’ils permettent d’avoir un fort pouvoir d’étalement du fongicide ».

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L’adjuvantation pour les complications

Globalement, c’est dans les situations un peu difficiles que les adjuvants ont un intérêt. « Lorsque l’on est amené à réduire fortement le volume d’eau et surtout, les doses, on peut voir des effets, constate Thierry Denis, ingénieur régional chez Arvalis-Institut du végétal. L’adjuvant aide à une meilleure répartition du peu de gouttelettes (peu dosées) diffusées. » De même, quand la météo est défavorable, l’ingénieur note que « les adjuvants, surtout les sels, permettent de compenser en partie les mauvaises conditions d’application ». Les sulfates d’ammonium et de magnésium peuvent corriger un défaut d’hygrométrie. Un constat partagé par la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, qui, à la suite d’essais réalisés en 2016 avec une variété sensible à la septoriose, avait conclu que « l’association avec un adjuvant ne sera nécessaire qu’en cas de forte réduction de la dose de fongicide, en bas volume ou en mauvaises conditions d’application ».

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Diminuer la dose de fongicide ?

Jean-Yves Maufras se montre lui aussi peu convaincu de leur intérêt lorsque les conditions sont bonnes. L’ingénieur teste tous les nouveaux produits. « J’en ai regardé beaucoup, que ce soit sur feuille, sur tige ou sur épi, mais je n’ai jamais rien vu qui soit vraiment probant avec les fongicides », résume-t-il. Il tempère néanmoins son propos au sujet du LE 846 de De Sangosse, adjuvant qu’il a dernièrement mis à l’expérimentation sur feuille et épi. « Les résultats d’efficacité étaient soit identiques aux témoins, soit meilleurs, donc en moyenne légèrement supérieurs », explique-t-il. Se pose alors la question du coût de l’adjuvant : peut-il être compensé par une diminution de la dose de fongicide ? Dans un programme antiseptoriose, le fabricant annonce, avec LE 846, une réduction jusqu’à 50 % de la dose pratique au T1 et de 33 % au T2. Des chiffres que va vérifier cette année Jean-Luc Maufras, en prenant comme dose pratique celle conseillée par l’institut, déjà inférieure de 40 à 50 % à la dose homologuée.

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