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Rizicultures de Camargue : inquiétudes après l’autorisation d’un herbicide


AFP le 04/04/2024 à 15:05

L'autorisation provisoire d'un herbicide « très toxique pour les organismes aquatiques » destiné à la riziculture inquiète en Camargue : les écologistes demandent « l'abrogation immédiate de la dérogation accordée » et la maire des Saintes-Maries-de-la-Mer réfléchit à saisir la justice administrative.

Dans sa décision en date du 14 mars, le ministère de l’agriculture autorise la mise sur le marché de l’Avanza jusqu’au 11 juillet indiquant que ce pesticide est « très toxique pour les organismes aquatiques » et « entraîne des effets néfastes à long terme ». C’est la quatrième année consécutive que le ministère octroie cette dérogation à la demande du syndicat des riziculteurs, a précisé à l’AFP le cabinet de la ministre déléguée Agnès Pannier-Runacher.

La maire Les Républicains des Saintes-Maries-de-la-Mer, Christelle Aillet, a appris « avec incompréhension et effarement » cette décision. Elle explique dans un communiqué que même s’il est stipulé que la pulvérisation doit s’effectuer « en dehors d’un périmètre de protection de captage pour l’alimentation en eau potable », l’évacuation des eaux usées agricoles se fait vers « les étangs du système Vaccarès, soit vers le Rhône et le Petit Rhône », précisément où se situe la zone de captage de l’eau potable de sa ville.

« En l’absence de garantie ou d’éclaircissement, la commune se réserve le droit d’attaque en référé suspension cette décision devant la justice administrative », ajoute-t-elle. Elle a aussi saisi la communauté d’agglomération Arles-Crau-Camargue-Montagnette, compétente en matière d’eau potable. Les Écologistes de Provence-Alpes-Côte d’Azur réclament eux dans un communiqué « l’abrogation immédiate de la dérogation accordée », dénonçant « une grave atteinte portée à la santé humaine comme à la biodiversité animale et végétale ».

« Les eaux ainsi polluées ne peuvent dès lors plus servir à alimenter en eau douce l’étang de Vaccarès – qui présente déjà une salinité trop importante – et les nombreuses fuites non contrôlables autorisent la dissémination des substances toxiques dans l’environnement », relèvent-ils.

Sur la toxicité, « toute la question est de savoir à quelle dose on l’utilise et dans quelles conditions », insiste le cabinet de la ministre déléguée et des consignes « strictes » d’utilisation sont faites « pour éviter au maximum les impacts environnementaux et pour la santé publique ».

Et le gouvernement n’envisage pas « à ce stade » de revenir sur la dérogation accordée car il s’agit d’un « produit vraiment nécessaire pour les riziculteurs de la Camargue qui n’ont à leur disposition que six substances actives » quand l’Inde et le Pakistan, d’où on importe près de 4 0% de notre consommation en riz, « en ont 31 ».