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Agence de l'eau Adour-Garonne

Ressource en eau dans le sud-ouest : forte inquiétude pour 2023


AFP le 13/01/2023 à 17:50
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L'eau a été insuffisante cet automne pour bien recharger les nappes. La Garonne est au plus bas selon l'Agence de l'eau Adour-Garonne. (©Pixabay)

La Garonne au « plus bas », d'autres rivières à sec « comme en plein été » : l'Agence de l'eau Adour-Garonne s'« inquiète » de la situation dans le Sud-Ouest où le remplissage des nappes phréatiques et des barrages pyrénéens est anormalement bas mi-janvier.

A l’heure où le Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM) alerte également vendredi sur les niveaux « préoccupants » des nappes dans une grande partie du pays, « quatre à cinq communes sont encore approvisionnées en eau potable par des camions citernes dans le bassin Adour/Garonne », selon Guillaume Choisy, directeur général de l’Agence de l’eau de cette zone qui s’étend sur 25 départements de la Charente-Maritime à l’Ariège. Cette année « peut être pire, si ça ne s’améliore pas », prévient-il.

Quel est l’état de la ressource en eau dans le Sud-Ouest, qui a connu un automne et un début d’hiver doux et moins pluvieux que d’habitude après un été anormalement sec ?

« Ce qui nous inquiète le plus, c’est le stockage d’eau dans les nappes phréatiques, notamment en dessous de 20 m. Aujourd’hui, on sait que ce sera pratiquement impossible de les remplir. En décembre 2021/janvier 2022, à part pour la Charente, il y avait eu de très bons remplissages car il y avait eu des pluies régulières. Là, ce n’est pas le cas, elles commencent à peine à se remplir. L’eau pénètre très mal car les sols sont très secs et les pluies ne sont pas assez abondantes. Dans le Tarn, en Haute-Garonne ou en Lozère, on a encore des interdictions de prélèvement. La Garonne est au plus bas. En Charente, la Boutonne est à sec comme si on était en plein été. Mercredi matin, j’ai traversé l’Adour à pied, en amont de Tarbes, alors que normalement c’est l’un des bassins les plus arrosés ».

La neige annoncée dans les Pyrénées peut-elle changer la donne ?

« On aura une image plus juste dans les semaines prochaines. Pour les stockages en montagne, ça peut bouger, car une période de froid avec de la neige dans la montagne peut permettre de remplir régulièrement les barrages lors de la fonte. Mais normalement ces barrages sont plus d’à moitié plein lors de cette période. Là, ils oscillent seulement entre 17 % dans l’Ariège et 25 % dans les Hautes-Pyrénées et Pyrénées-Atlantiques. S’il y a de la neige, ils vont pouvoir se remplir, mais s’il n’y en a pas et qu’il n’y a pas non plus de grosses précipitations, ce sera encore plus compliqué que cet été en cas de période estivale extrême. Même pour une année moyenne, nous aurons des difficultés à subvenir à l’ensemble des usages. » 

Comment anticipez-vous cette hypothèse ?

« Alain Rousset (président du Comité de bassin Adour-Garonne et du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine) va faire un point avec les agriculteurs le 18 janvier et un point en mars avec l’ensemble des acteurs du bassin. Pour l’agriculture, nous allons sécuriser l’approvisionnement en eau potable par des petites retenues pour les troupeaux dans le Massif central, en Corrèze ou en Lozère. Cet été, on a dû les redescendre des estives car il n’y avait plus d’eau. Pour les agriculteurs qui irriguent, on travaille des solutions de plus long terme : préserver les zones humides, choisir des cultures qui consomment moins d’eau, mettre en place des stockages de substitution, qui sont des solutions interannuelles, mais cet hiver, même si on a des retenues, on ne peut pas forcément les remplir.

Les industriels (papeterie, agroalimentaire, métallurgie) souffrent aussi. Certains ont dû revoir leur système industriel car ils manquaient d’eau. La situation que nous avons vécue cet été sera dans la moyenne à l’horizon 2050, donc il faut réinvestir. Un plan sur dix ans a été adopté en décembre, avec 120 millions d’euros pour sécuriser les volumes d’eau sur les deux prochaines années. »