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Agriculture et changement climatique

Rentabilité économique et action climatique sont-elles conciliables ?


TNC le 17/05/2022 à 14:50
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Alors que stocker du carbone dans les sols peut coûter aujourd'hui plus cher que cela ne rapporte, quels leviers pour concilier rentabilité économique et action climatique ? (©Pixabay)

Avec l’augmentation des températures moyennes, l’intensification des précipitations en hiver et leur raréfaction en été, en lien avec le réchauffement climatique, l’agriculture doit s’adapter et mettre en œuvre des actions d’atténuation. Dans ce contexte, comment concilier durabilité des exploitations agricoles, objectifs de souveraineté alimentaire et accroissement de la sécurité énergétique ? Dans une note récemment publiée, Agridées évoque différents leviers pour y parvenir.

Davantage de pluies en hiver, beaucoup moins en été, des températures hivernales plus douces entrainant des végétaux plus précoces, et donc plus soumis au gel de printemps, c’est la tendance de fond liée au réchauffement climatique et à laquelle l’agriculture française est d’ores et déjà confrontée, a rappelé l’agroclimatologue Serge Zaka, invité par Agridées le 16 mai. Le think tank a dévoilé une note, « Agriculture : concilier rentabilité économique et action climatique », qui dresse une liste des leviers pour concilier la durabilité des exploitations agricoles, la consolidation de la sécurité alimentaire et l’accroissement de la sécurité énergétique.

Adaptation et atténuation

Le premier axe de propositions concerne l’adaptation de l’agriculture via les pratiques, techniques et technologiques. Il s’agit par exemple de la sélection variétale, à travers des variétés plus résistantes aux stress, ou le choix d’espèces résilientes comme le sorgho. Les équipements et solutions biosourcées font aussi partie des solutions, comme l’irrigation de précision (goutte à goutte, fertigation à l’aide de capteurs et électrovannes connectés…), ou encore l’agrivoltaïsme sous ombrière.

En parallèle, des actions d’atténuation doivent être mises en place à plus grande échelle, passant par le stockage de carbone dans les sols via différentes pratiques (agriculture de conservation des sols, biostimulants, agroforesterie…), la réduction des émissions de protoxyde d’azote en incorporant des légumineuses dans les rotations ou en optimisant la fertilisation azotée avec la modulation intraparcellaire ou les engrais décarbonnés. Le semis direct, le travail du sol simplifié ou l’utilisation de robots électriques permettent de leur côté de diminuer les émissions de CO2 liées à la mécanisation.

Est-il possible aujourd’hui de monétiser et valoriser les actions d’atténuation ?

« Aujourd’hui stocker du carbone dans les sols coûte plus cher que cela ne rapporte. Agrosolutions estime qu’actuellement les coûts de revient (65 €/t C) sont supérieurs à la valeur des crédits carbone générés par les agriculteurs (inférieurs à 50 €, souvent 20-30 €/t C stocké). Il est urgent que la situation s’inverse », souligne la note d’Agridées.

Les propositions d’Agridées pour développer les crédits carbone. (©Agridées)

Pour le think tank, aujourd’hui la démarche n’est rentable que lorsque l’on additionne les trois leviers de rémunération que sont les aides Pac, les crédits carbone et les primes filières (actuellement très rares, seules Nataïs, Oléoze81 ou la bière Heineken rémunèrent le bas carbone).

Le think tank met également en avant les leviers qu’il faudra actionner du côté de la demande, comme l’engagement à la neutralité carbone des firmes, la diversification de l’offre végétale au consommateur, ou encore une information plus claire et plus précise concernant l’impact climatique du produit. Enfin, le développement des énergies renouvelables (biocarburants, agrivoltaïsme…) sera également une composante essentielle de la conciliation entre meilleure rémunération et participation à la neutralité carbone.

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