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Témoignage

Réduire les phytos : « pas un levier qui fait le travail, mais une combinaison »


TNC le 06/03/2023 à 14:50
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Pour réduire l'utilisation des produits phytosanitaires sur son exploitation, Jean-Pierre Arnould combine les leviers agronomiques. (©TNC)

Agriculteur à Nant-le-Grand (Meuse), Jean-Pierre Arnould a intégré le réseau des fermes Dephy en 2010, dans l'optique de réduire son recours aux produits phytosanitaires. Il revient sur les principaux leviers agronomiques qu'il a mis en place pour cela.

« Ce n’est pas un levier qui fait le travail, mais bien l’accumulation de leviers qui permet de réduire petit à petit l’utilisation des produits phytos », explique Jean-Pierre Arnould, installé à Nant-le-Grand (Meuse). Il a rejoint le groupe des fermes Dephy 55 en 2010.

Evolution de l’IFT entre 2010 et 2021 pour l’exploitation de Jean-Pierre Arnould. (©Réseau Dephy Ferme)

« Le principal levier mis en place concerne l’assolement et le choix des cultures, avec une part plus importante accordée aux cultures de printemps, moins consommatrices de produits phytos », indique l’agriculteur. « Les sols sont des argilo-calcaires très superficiels, et dotés d’une faible réserve hydrique. »

Rotation, choix variétal et optimisation de la chimie

« À la base, la rotation comprenait du colza, du blé tendre, de l’orge d’hiver et un peu d’orge de printemps. Et désormais, l’assolement se décompose en trois parties : un tiers pour le blé tendre, un tiers pour l’orge de printemps et un tiers pour une tête de rotation. Ce dernier tiers se partage en trois cultures : « du colza, qui a fortement diminué ces dernières années, du tournesol et des pois (d’hiver et de printemps) »

L’agriculteur a fait le choix aussi de variétés plus rustiques, il utilise notamment les mélanges variétaux en blé tendre, en colza et en pois de printemps. Cela aide essentiellement au niveau des maladies et sur les insectes. « Autre levier qui est important chez nous : l’optimisation de la chimie, même si on l’optimisait déjà pas mal avant. On a deux pulvérisateurs et on essaie de traiter uniquement quand les conditions sont les plus optimales possibles », ajoute Jean-Pierre Arnould. Objectif : maximiser l’efficacité des interventions. 

Voir le témoignage vidéo de jean-Pierre Arnould :

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« Plus occasionnellement, nous avons aussi recours au désherbage mécanique. On a une herse étrille et on a eu une bineuse, qu’on n’a pas conservée. On est sur des sols caillouteux, donc c’est un peu compliqué. Le désherbage mécanique avec la herse étrille se fait de manière opportuniste. » Sur son exploitation, Jean-Pierre Arnould ne souhaite pas revenir au labour, à cause du type du sol. « On réalise du travail du sol très superficiel en interculture », précise-t-il. 

Le producteur utilise également le décalage de la date de semis pour les blés, pour limiter les attaques de pucerons et de cicadelles et gérer les populations de vulpins. Sur ce dernier point, « c’est un levier qui marche relativement bien, à condition qu’on ait un climat estival pas trop sec, parce qu’il y a des années où rien ne lève pendant l’interculture. Cela peut être un peu compliqué, tout explose à la dernière minute ».

« Autre levier qu’on met en œuvre progressivement depuis quelques années : le semis direct à l’automne (blé et éventuellement colza). On ne l’utilise pas chaque année, mais on observe que moins on remue de terre, moins il y a de levée d’adventices. Le semis direct nous pose des problèmes, par contre, au niveau de la gestion des limaces et des campagnols… »

Marges brutes de l’exploitation en 2021 par culture. (©Réseau Dephy Ferme)