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Conjoncture en lait bio

Plus d’un tiers du lait bio produit en 2022 aurait été déclassé, selon le Cniel


TNC le 09/05/2023 à 18:50
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En hausse de 11 % entre 2020 et 2021, la collecte de lait bio n'a augmenté que de 2,7 % entre 2021 et 2022 (©Pixabay)

La consommation de produits laitiers bio a chuté en 2022, faisant grimper les volumes de lait déclassés, mais pourrait se reprendre à partir de mi-2023. En raison des cessations d'activité, la collecte serait en train de plafonner. Et après des mois de stagnation, le prix du lait bio semble progresser depuis l’automne, explique le Cniel.

La collecte de lait bio en France pourrait bien avoir atteint son plafond sur le premier semestre 2023, et fléchir dans les mois qui suivent. C’est ce qu’estime le Cniel d’après son enquête de conversion, et que détaille l’économiste Corentin Puvilland dans un point de conjoncture dédié au lait bio.

Après plusieurs années de forte croissance et une hausse de 11 % entre 2020 et 2021, la collecte de lait bio n’a, de fait, augmenté que de 2,7 % entre 2021 et 2022, avec « des trajectoires divergentes entre le nord et le sud de la France (hausse en Bretagne, Normandie et Pays de la Loire, recul en Auvergne-Rhône-Alpes). Le ralentissement global se confirme début 2023 : + 0,7 % seulement par rapport à 2022 sur les deux premiers mois.

Après avoir atteint un plafond sur le premier semestre 2023, la collecte de lait bio devrait ensuite décroître. (©FranceAgriMer, Cniel)

C’est la « forte accélération des cessations d’ateliers lait bio » qui explique cette situation : auparavant marginales, « les cessations d’activité auraient concerné plus de 5 % des fermes laitières bio sur un an glissant » et ainsi dépassé le taux des cessations laitières conventionnelles (environ 4,5 % par an).

Ces cessations sont liées pour environ un tiers à des retours en conventionnel et le reste « à un arrêt de l’atelier lait ou de l’activité agricole », souligne Corentin Puvilland.

35 % de lait bio déclassé en 2022

La consommation de produits laitiers bio, qui s’était retournée en 2021, a continué à reculer pour toutes les familles de produits. En 2022, les ventes en GMS sont redescendues à leur niveau de 2018 et cela a fait grimper les déclassements : d’après les estimations du Cniel, 35 % du lait bio collecté en 2022 aurait été déclassé ! Mais attention, ce chiffre « occulte le fort déséquilibre matière qui caractérise la filière bio, avec une plus forte demande pour la matière grasse bio ».

L’économiste revient sur les causes de cette déconsommation, qui s’est poursuivie sur les trois premiers mois de 2023. Certaines sont structurelles, liées à une forme de désintérêt des consommateurs vis-à-vis des produits bio : « des études ont montré une altération de la perception des bénéfices des produits bio sur la santé et l’environnement ».

Mais cette consommation ralentie des produits bio serait surtout liée à des facteurs « conjoncturels, et donc transitoires », en particulier l’inflation. Celle-ci est apparue fin 2021, a explosé en 2022 avec la guerre en Ukraine, mais devrait ralentir au second semestre 2023, ce qui permettrait « une reprise partielle de la consommation de produits laitiers bio ». 

On note une forte corrélation inverse entre le taux d’inflation et l’évolution de la consommation des produits laitiers bio (©Insee, d’après Kantar et Iri)

Une baisse de revenu de 7 000 €/Umo sur un an

Ce déséquilibre de marché a fait stagner le prix du lait bio, quand celui du lait conventionnel augmentait de 23 % en 2022. Dans un « contexte de canicule et de sécheresse qui a particulièrement affecté les systèmes herbagers », les coûts de production des éleveurs laitiers bio ont en face flambé de près de 10 %, selon l’Idele.

Résultat : « le revenu courant aurait baissé de 7 000 €/Umo en un an dans les fermes bio de plaine, et de 18 000 €/Umo depuis 2018 ». Et la situation s’est encore plus dégradée dans les fermes bio de montagne, selon l’observatoire des coûts de production publié par le Cniel.

Le prix du lait bio progresse cependant de façon plus significative depuis l’automne, « avec une forte hétérogénéité entre laiteries », ajoute Corentin Puvilland. En février, il était 7 % au-dessus de son niveau de 2022.

Retrouvez sur YouTube la vidéo du Cniel consacrée au lait bio :

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