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[Étude Agreste] En grandes cultures

Performance environnementale ne rime pas avec performance économique


TNC le 12/01/2022 à 06:02
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L'étude d'Agreste s'intéresse à 1 421 exploitations spécialisées en grandes cultures. (©TNC)

Améliorer ses performances environnementales permet-il de gagner également en performance économique ? Ou est-ce que cela représente un coût supplémentaire ? Une récente étude d’Agreste indique que les exploitations de grandes cultures les plus performantes environnementalement, auraient « des rendements plus faibles compensés ni par des charges plus faibles, ni par des subventions plus élevées ».

Une étude d’Agreste, publiée en novembre 2021, s’est intéressée au lien entre performance économique et environnementale pour les exploitations de grandes cultures. Pour cela, elle s’est basée sur un échantillon de 1 421 exploitations spécialisées en grandes cultures, représentatives des exploitations de tailles économiques moyenne et grande.

Des revenus plus faibles

« On constate que les exploitations ayant de bonnes performances environnementales auraient un résultat courant avant impôts (RCAI) par unité de travail annuel non salarié (UTAns) et un Excédent brut d’exploitation (EBE) inférieurs à ceux des exploitations ayant de faibles performances, indique Agreste. Ils s’élèvent en moyenne à 39,9 k€/ UTAns (0,74 k€/ha pour l’EBE) pour les exploitations à très faible performance, à 32,5 k€/ UTAns (EBE : 0,64 k€/ha) pour les exploitations à faible performance, à 26,5 k€/UTAns (EBE : 0,51 k€/ha) pour les exploitations à forte performance et à 20,0 k€/UTAns (EBE : 0,43 k€/ha) pour les exploitations à très forte performance. »

Les exploitations à forte ou très forte performance environnementale, auraient un EBE inférieur de 13 k€ (16 %) et un EBE/UTAns inférieur de 15 k€/UTAns à celles en ayant une faible ou très faible.

Une production moindre non compensée par les subventions

Pour expliquer ces résultats, le service statistique du ministère de l’agriculture met en avant une production moindre pour les exploitations les plus performantes environnementalement. Leur chiffre d’affaire serait 23 % inférieur à celui des exploitations à très faible performance environnementale.

Un chiffre d’affaire inférieur de 23 % 

Si ces exploitations à forte ou très forte performance environnementale ont des consommations intermédiaires inférieures de 31 k€ à celles ayant une faible ou très faible performance, soit une différence de 23 %, cela ne compense pas la perte de chiffre d’affaires due à la différence de production, indique encore l’étude. Elles « auraient ainsi une valeur ajoutée brute inférieure de 18 k€ (25 %) » à celles qui ont de faibles ou très faibles performances environnementales.

Performance économique des exploitations selon leur performance environnementale. (©Agreste

Et ce différentiel n’est pas comblé par les subventions. Les exploitations les plus performantes d’un point de vue environnemental ne recevraient en moyenne que 2 000 euros de plus par an que les autres. Les pratiques vertueuses ne sont pas favorisées par les aides, indique en résumé l’analyse d’Agreste. « Adopter des pratiques favorables à l’environnement représenterait donc un coût d’opportunité non négligeable pour les exploitants de grandes cultures. »

Des pistes d’action sont néanmoins possibles selon le rapport afin d’encourager les producteurs à se lancer dans des démarches agro-écologiques :

  • « Mieux calibrer et cibler les subventions sur les exploitations engagées dans des démarches agro-écologiques (éco-programme, MAEC, paiements pour services environnementaux) » ;
  • « Investir dans la recherche-développement pour promouvoir des techniques culturales écologiquement intensives n’entraînant pas de perte de rendement » ;
  • Avoir une « meilleure valorisation économique des produits issus de pratiques agro-écologiques » via la création de labels et de démarches de qualité.

Retrouvez l’étude complète d’Agreste : Performance économique et environnementale des exploitations de grandes cultures