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Phytosanitaires

L’Anses retoque l’étude d’une ONG sur l’épandage de phytosanitaires


TNC le 11/05/2023 à 14:30
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Le rapport «Pesticides c'est dans l'air» publié en 2021 par l'ONG Générations futures posait la question de l'efficacité d'une zone non traitée de dix mètres. (©@adobestock)

Dans un rapport publié fin avril, l'Anses pointe du doigt les failles méthodologiques de l'enquête de Générations futures sur les risques sanitaires liés à l'épandage des pesticides.

Générations futures questionnait dans une étude de 2021 la pertinence de la zone de non-traitement réglementaire de 5 à 10 mètres, pour les habitations exposées à l’épandage des produits phytopharmaceutiques. L’ONG, consciente des limites de son étude, avait saisi l’Anses afin de réaliser une contre-expertise. L’agence nationale de sécurité sanitaire et de l’environnement a communiqué ses réserves sur la méthodologie employée dans un rapport publié en avril.

Impossibilité de tirer des conclusions solides et chiffrées

L’Anses a examiné le rapport de Générations futures et procédé à une audition de l’ONG le 22 juin 2022 afin d’émettre ses conclusions sur le protocole de recherche.

« Il faut noter que dans l’étude « Pesticides c’est dans l’air », les quantités piégées étant exprimées en termes de masse (ng) et non de concentrations (ng/m3), cela ne permet pas de qualifier l’importance relative de la présence des composés retrouvés ni d’évaluer leur impact sanitaire potentiel. Ainsi, ces données ne peuvent pas être utilisées dans le cadre des évaluations quantitatives des risques sanitaires », a ainsi déterminé l’agence scientifique.

En outre, « certaines limites ne permettent pas de tirer des conclusions solides et chiffrées pour distinguer la contamination ambiante de l’effet de cette distance : configuration du site, effets de la haie, des bâtiments, des volumes d’air échantillonnés, etc », selon l’Anses.

Les recommandations de l’Anses pour la validité de l’étude

L’agence sanitaire a cité les conditions nécessaires afin de garantir la fiabilité des résultats de Générations futures :

  • « savoir si un ou des produits contenant ces substances a/ont bien été appliqué(s) sur la/les parcelle/s mitoyenne/s et quand ;
  • connaître localement la direction du vent pendant la période d’échantillonnage ;
  • avoir une implantation des capteurs appropriée pour déterminer un effet distance par rapport à un lieu de traitement déterminé ;
  • s’assurer que le volume d’air échantillonné soit connu pour les deux capteurs ;
  • d’utiliser des capteurs efficaces à la fois pour la volatilisation, mais aussi pour la dérive des gouttelettes»

Importance de la limitation de l’exposition aux phytos

Au vu de ces recommandations, Générations futures est disposé à revoir sa méthode. L’association souhaite en revanche connaître la liste des traitements phytosanitaires utilisés par les agriculteurs.

En dépit des limites du protocole de l’ONG, l’Anses rappelle la nécessité de préserver les populations et l’environnement des risques liés à la pulvérisation des pesticides.  « L’agence rappelle sa recommandation formulée dans ses avis publiés en 2019 de généralisation des dispositifs limitant la dérive (buses antidérive et/ou matériel ou techniques d’application appropriés) qui permettraient de limiter l’exposition des résidents, des personnes présentes ainsi que la contamination environnementale. »