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Produits phytosanitaires

La souveraineté alimentaire passe aussi par la protection des cultures


TNC le 28/04/2022 à 07:35
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« La souveraineté alimentaire peut-elle se passer de pesticides ? », était le thème de ce webinaire "Oui à l'innovation" organisé le 27 avril. (©TNC)

Pour les invités de la rencontre "Oui à l'innovation" sur le thème de la place des produits phytosanitaires en agriculture, la réponse est unanime, les lois ou les taxes en tout genre importent peu, seule la science et l'innovation permettront de limiter le recours aux produits phytos.

« Aujourd’hui, on se fixe des objectifs de réduction d’utilisation des produits phytosanitaires, et l’on espère que la conséquence sera l’innovation mais il faut prendre le problème à l’envers : avoir de l’innovation pour pouvoir réduire le recours aux produits phytos », explique Arnaud Rousseau, président de la Fédération française des producteurs d’oléagineux à l’occasion d’un débat organisé par le groupe de travail « Oui à l’innovation » le 27 avril.

25 % de substances actives en mois en dix ans

Pour les participants au débat, cette manière de raisonner place de plus en plus d’agriculteurs dans des impasses agronomiques. L’interdiction du phosmet en Europe à compter du 1er novembre 2022 en est un exemple. La baisse potentielle de la production de colza liée à l’interdiction de cet insecticide pourrait avoir pour conséquence une hausse des importations de produits ne respectant pas nos standards européens. Josselin Saint-Raymond, porte-parole du Collectif Sauvons les Fruits et Légumes de France va dans ce sens. Il estime qu’il y aurait 40 % des couples ravageurs ou maladies – légume qui ne seraient pas couverts par des solutions techniques. « On peut comprendre la volonté de sortir des produits phytos, mais on laisse les producteurs seuls, et notre souveraineté alimentaire dépend aussi de notre capacité à protéger les cultures ! »

La surtaxation des produits phytosanitaires, notamment mise en place au Danemark, n’apparaît pas non plus comme une mesure efficace pour Jean-Marc Petat, directeur agriculture durable de BASF. La présence des nuisibles dans les parcelles est sans lien avec le prix des produits. Les répercussions se situent surtout sur le revenu des agriculteurs.

Tous attendent des objectifs clairs et hiérarchisés en matière d’environnement de la part des pouvoir publics. « On dit que la priorité, c’est le changement climatique, mais on nous demande dans un même temps d’avoir recours aux énergies fossiles pour mettre en place du désherbage mécanique. On mélange tous les aspects » déplore Yves d’Amécourt, viticulteur en Gironde.

Replacer la science au cœur de l’écologie

Les invités soulignent également l’importance de redonner du crédit à la science. « L’opinion est attirée par l’information choc, par les messages simples. La vérité scientifique est souvent plus complexe et accroche moins l’attention. Je n’ai jamais vu d’association écologiste investir dans la R&D, note Jean-Marc Petat, c’est par la science et par l’innovation que l’on pourra faire des choses, pas en faisant des messes pour le climat ! »

En plus de la désinformation, le risque judiciaire vient peser de plus en plus sur les agriculteurs. « Avec la judiciarisation de l’écologie et la création de délits environnementaux, les agriculteurs sont de plus en plus vulnérables, avec présomption de culpabilité auprès de certains juges militants », conclut Josselin Saint-Raymond en espérant que la science saura réunir les différents protagonistes.