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Affichage environnemental sur la viande

Interbev s’inquiète d’une notation défavorable aux élevages herbagers et bio


TNC le 21/10/2021 à 06:02
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La méthode de notation environnementale basée sur l’Analyse du Cycle de Vie des produits (ACV) et sur les données d’Agribalyse présente de nombreuses incohérences relevées par Interbev : ainsi une viande issue d’un élevage industriel américain type feedlot serait mieux notée d’un point de vue environnemental qu’une viande bio ou issue d’une production herbagère en France. Interbev a réagi et remis un rapport pour proposer un autre système d’évaluation.

Une vache d’un feed-lot américain avec un score environnemental meilleur qu’une vache vivant dans une exploitation du Massif central et pâturant sur de vastes prairies ! Voici le genre d’incohérences relevées par Interbev au sujet de la méthode de notation environnementale basée sur l’Analyse du Cycle de Vie des produits (ACV) et sur les données d’Agribalyse. Cette méthode, présentée en décembre 2020 par le gouvernement, est en fait issue du secteur industriel et favorise les cycles de production les plus courts, et donc souvent les plus industriels.

« Cette méthode, qui consiste à additionner des impacts environnementaux tout au long du cycle de production pour les rapporter au kilogramme de produits, présente un biais majeur lorsqu’il s’agit d’analyser l’empreinte environnementale des produits issus de l’élevage : elle favorise les cycles de production les plus courts. De même, elle ne comptabilise pas l’ensemble des services rendus par les élevages d’herbivores français », dénonçait Interbev dès la fin de l’année dernière.

Et Christophe Godet, éleveur bovin dans les Deux-Sèvres, aussi représentant de la Coopération agricole à Interbev, est revenu sur ce sujet au Space : « les aspects positifs liés à la production de bovins ne sont pas pris en compte dans cette méthode, que ce soit l’impact sur la biodiversité, sur la qualité de l’eau, l’environnement, la présence des haies et d’arbres, ou encore le carbone stocké grâce aux prairies ».

Ce système de notation favorise donc les élevages intensifs et pénalise les élevages les plus herbagers et bio. « Cela ne nous convient pas d’autant que la société ne veut pas d’un style d’élevage industriel, en France en tout cas. On s’est donc opposés à ce calcul », poursuit Christophe Godet.

Une méthode alternative

Le 1er juillet 2021, Interbev, avec ses partenaires, le cabinet de conseil Evea, l’Itab et l’Idele, a rendu à l’Ademe son Rapport d’expérimentation d’un affichage environnemental pour la filière des viandes rouges. L’objectif était de proposer une méthode de notation alternative à l’ACV seule afin d’obtenir un « score environnemental officiel » prenant en compte les impacts négatifs mais aussi positifs des systèmes d’élevage herbagers autonomes et pâturants et répondant aux attentes des consommateurs.

Ce travail a aussi été réalisé en concertation avec plusieurs ONG de protection de l’environnement, qui ont identifié six enjeux à prioriser :

  • La valorisation de l’herbe et la diminution de la concurrence avec l’alimentation humaine ;
  • La préservation et le renforcement des infrastructures agroécologiques ;
  • L’autonomie des systèmes (lutte contre la déforestation importée, autonomie protéique des fermes, valorisation de la protéine locale) ;
  • L’atténuation du changement climatique et la réduction des émissions de GES ;
  • L’augmentation du stock de carbone ;
  • L’absence d’utilisation de produits phytosanitaires de synthèse.

En s’appuyant sur son projet d’expérimentation et sur les travaux de l’Itab, Interbev a demandé en juillet que les données ACV présentes dans Agribalyse soient rapidement corrigées et que des indicateurs complémentaires soient pris en compte pour aboutir à un « score environnemental officiel et fiable ». L’interprofession demande également une expérimentation sur cinq ans avant tout déploiement afin de prendre le temps de construire une base de données solide et une notation réaliste. Pour le moment, elle n’a eu aucun retour. Un sujet à suivre dans les prochains mois.