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Aides bio

Florent Guhl, Agence Bio : « 18 mois de retard, c’est encore beaucoup trop ! »


TNC le 15/10/2019 à 06:03
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Avec 6 600 nouveaux « convertis » en 2018, l’agriculture biologique connaît un développement sans précédent et 2019 devrait confirmer la tendance. Pourtant, des freins subsistent : en tête, le retard de paiement des aides et le plafonnement de leur montant. Une situation déplorée par Florent Guhl, directeur de l’Agence bio, qui pointe notamment la nécessité de mieux évaluer l’enveloppe financière dédiée aux conversions.

Difficile de connaître avec certitude le nombre d’exploitations encore en attente de versement des aides à la conversion bio. Selon Florent Guhl, directeur de l’Agence Bio, 80 % des aides auraient aujourd’hui été versées et les retards n’excéderaient pas 18 mois, sauf cas exceptionnels.

Parmi ces cas exceptionnels figurent ceux d’éleveurs engagés dans des mesures agro-environnementales s’étant inscrits par la suite en conversion bio. En Bretagne, une vingtaine d’éleveurs sont dans cette situation. L’un d’eux, Laurent Lepape, a récemment poussé un coup de gueule.

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« Il y a eu des avances mais c’est encore beaucoup trop », constate-t-il, regrettant une situation qui génère une information « en partie fondée, laissant entendre qu’il ne faudrait pas se lancer au risque de se trouver en difficulté économique. Ce sentiment qui circule autour des aides est un vrai frein au développement de l’agriculture biologique ».

En poste depuis 2016, Florent Guhl pointe avant tout le problème du manque de visibilité des Régions sur le montant à allouer aux aides à la conversion. Un déficit de projection qui entraîne trop souvent la révision du montant des aides a posteriori : « Dans un certain nombre de régions, les enveloppes d’aides à la conversion étaient intégralement consommées et leur montant plafonné. Cela alors même que certains agriculteurs étaient passés en bio il y a deux ans et que rien ne leur avait été versé ; ce constat est terrible pour les exploitants qui avaient fait leurs calculs, accompagnés par les chambres d’agriculture ou la Fnab, sans tenir compte d’un plafonnement qui intervient deux années plus tard. Il y a un vrai problème à la fois sur les retards de paiement mais aussi de projection sur le montant des aides ». Une situation qui ne serait pas l’apanage de la France, mais générale en Europe.

Mieux déterminer les budgets nécessaires pour les aides à la conversion

Toujours selon son directeur, l’Agence Bio travaille à la mise en place d’un système d’information incluant une couche graphique des parcelles bio françaises pour améliorer la connaissance de l’existant. Un nouvel outil qui pourrait à terme faciliter la prévision des budgets à réserver aux aides à la conversion.

« Jusqu’à maintenant, on a travaillé à dire d’expert. Il faut changer de méthode, insiste-t-il. Une maîtrise plus fine des données permettrait même de faire des calculs prévisionnels à partir du parcellaire des exploitations potentiellement prêtes à passer en bio ». Les Régions pourraient ainsi déterminer avec plus de précision l’enveloppe d’aides à négocier avec l’Europe. Si tant est que celles-ci restent en charge de la gestion des aides bio dans le cadre de la nouvelle Pac, ce que les arbitrages semblent aujourd’hui remettre en question.

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