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Vidéo L214 dans un abattoir de Dordogne

« Des images spectaculaires qui ne reflètent en aucun cas une souffrance »


AFP le 20/02/2020 à 12:05

L'association de défense des animaux L214 a demandé jeudi la fermeture d'un abattoir de veaux en Dordogne, après diffusion d'une nouvelle vidéo montrant selon elle des infractions « multiples », notamment « des signes de conscience ou sensibilité » des animaux. Selon la préfecture, ces images spectaculaires « notamment celles des animaux suspendus ne reflètent en aucun cas une souffrance ou un état de conscience de l'animal (...) Ces mouvements ne sont que des réflexes musculaires ou des spasmes post-mortem ».

La préfecture de la Dordogne a dans un communiqué assuré « qu’au premier visionnage des vidéos de l’association, il n’y a pas de mise en évidence de non-conformité à la réglementation ».

Cette vidéo, diffusée dans la nuit de mercredi à jeudi, a été tournée en novembre-décembre derniers à l’abattoir Sobeval de Boulazac, du groupe néerlandais VanDrie, un abattoir habilité pour les types d’abattage standard, qui concerne 70 % de son activité, ainsi que casher et halal (30 %). Il s’agit d’un abattoir de taille moyenne à l’échelle nationale mais le plus grand de Dordogne avec 3 400 veaux abattus par semaine, soit 24 000 tonnes de viande.

Concernant l’abattage standard, L214 dénonce des « étourdissements réalisés en violation de la règlementation », avec la tête des veaux pas totalement immobilisée au moment de l’étourdissement, donc des « tirs mal ajustés », des animaux blessés mais conscients, et des « contrôles de l’inconscience et de l’insensibilité des veaux quasi-inexistants ». 

Pour l’abattage rituel, où la plupart des veaux sont tués sans étourdissement, l’association affirme qu’« un contrôle systématique de la perte de conscience » de l’animal, qui doit être effectué avant son immobilisation, n’est pas réalisé à Sobeval. En conséquences, « de nombreux veaux présentent des signes de conscience sensibilité avant et après avoir été suspendus à la chaîne d’abattage », d’autres « au moment de leur saignée », assure l’association.

Face à ce qu’elle qualifie « d’infractions », L214 a indiqué qu’elle portait plainte auprès du procureur de la République de Périgueux pour sévices graves envers des animaux et a demandé la fermeture administrative d’urgence de l’abattoir de Boulazac.

Selon la préfecture, ces images spectaculaires « notamment celles des animaux suspendus ne reflètent en aucun cas une souffrance ou un état de conscience de l’animal (…) Ces mouvements ne sont que des réflexes musculaires ou des spasmes post-mortem ». Elle rappelle que l’abattoir en question « est agréé pour la pratique de l’abattage » traditionnel ou rituel, a des opérateurs « habilités et formés au respect du bien-être animal » et « fait l’objet de contrôles permanents par une équipe de huit agents de l’État dont deux vétérinaires ».

Toutefois, ces services vont « analyser plus avant cette vidéo pour déceler d’éventuelles non-conformités », ajoute la préfecture.

Frédéric Piron, directeur de la DDCSPP (Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations), a expliqué à l’AFP qu’« au-delà des situations classiques, la vidéo montre des cas particuliers. On observe que la tête de certains veaux a bougé et l’opérateur doit s’y reprendre à plusieurs fois. Depuis quelques mois, une mentonnière a été installée pour que la tête des veaux ne bouge pas », a-t-il souligné.

« Il y a des choses qui peuvent choquer », a convenu le vétérinaire. « On voit notamment un veau sorti du piège, il ne peut être rapidement étourdi, ce type de situation fait l’objet d’une procédure ».

SOBEVAL PORTE PLAINTE

S’agissant de veaux qu’on voit traînés dans la vidéo, « quand on ne sait pas, c’est choquant. En réalité, il s’agissait de veaux blessés en stabulation. Ils ont été étourdis puis traînés jusqu’au poste de saignée. C’est une situation exceptionnelle », a souligné Frédéric Piron.

Sobeval a estimé jeudi que « les allégations » de L214 sur des « sévices graves » et « infractions » multiples « portent atteinte à l’honneur de Sobeval et de ses opérateurs ». La société a annoncé qu’elle portait plainte pour diffamation publique contre l’association.

« Veiller à la bonne application des lois, des réglementations et aux bonnes pratiques de nos employés en matière d’abattage d’animaux est notre priorité absolue », affirme Sobeval dans un communiqué, rappelant que ses méthodes de travail « sont en permanence contrôlées et évaluées par les autorités ». La société s’est engagée à « coopérer pleinement » avec le visionnage approfondi de la vidéo envisagé par la DDCSPP.

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