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Sébastien Prin, Crédit Mutuel

« Aidons les agriculteurs à investir dans la transition agroécologique »


TNC le 21/12/2021 à 11:23
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« Accompagner les financements et garantir les risques liés à la transition agroécologique », c'est essentiel selon Sébastien Prin. (©Pixabay)

Pour Sébastien Prin, responsable du marché de l'agriculture à la Confédération nationale du Crédit Mutuel, la pandémie de Covid-19 a accéléré la transition agricole, alimentaire et écologique déjà engagée. « L'enjeu pour les banques est d'accompagner l'après-crise, autrement dit les investissements des exploitants dans le flot d'innovations que suscite cet appel à transformer les pratiques agricoles, insiste-t-il. Sur les six premiers mois de l'année 2021, nos crédits aux agriculteurs ont déjà progressé de 15 %. » Pour soutenir ces évolutions, « nous avons besoin de travailler main dans la main avec d'autres acteurs : fonds d'investissement, néo-banques, finance participative ».

TNC : La pandémie de Covid-19 a bouleversé l’économie en général, mais aussi agricole et agroalimentaire. Quel impact a-t-elle sur le financement en agriculture ?

Sébastien Prin : « Face à un tel séisme, une telle modification de nos modes de vie, notre activité bancaire a été impactée et a évolué très rapidement. Les relations digitales, par exemple, ont énormément progressé, notamment la banque et le paiement à distance. Le plus prégnant, d’un point de vue économique, c’est surtout l’accompagnement des entreprises en difficulté, dans tous les secteurs d’activité, et aujourd’hui dans l’après-crise sanitaire. »

Les agriculteurs ont continué de travailler, et nous de les accompagner.

« Sur le plan agricole et agroalimentaire, l’activité a sans doute été moins perturbée : on a continué d’accompagner nos clients, comme les agriculteurs ont continué à travailler et à produire pour nourrir les Français. L’enjeu là aussi, et il est considérable, porte sur l’appui post-crise à leur apporter. Juste un chiffre : sur les six premiers mois de 2021, nos crédits aux agriculteurs ont progressé de 15 %, on voit bien l’importance actuellement des investissements dans les exploitations agricoles pour engager l’après-covid, en lien avec la transition agricole, alimentaire et écologique qui est en marche. »

Regarder l’interview vidéo de Sébastien Prin sur ce sujet au Space 2021 :

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TNC : Justement comment financez-vous ces projets, davantage tournés vers l’agroécologie ? Rencontrez-vous des difficultés spécifiques ? Avez-vous développé de nouveaux outils pour adapter votre offre ?

Sébastien Prin : « Cet appel à transformer les pratiques agricoles, tout au long de la filière, est majeur et dépasse le seul cadre bancaire. De par son histoire et ses valeurs, le Crédit Mutuel a la ferme volonté d’aider les exploitants à investir dans cette transition agricole, alimentaire et écologique, qui va entraîner un flot d’innovations dans les fermes. Puisqu’il s’agit d’innover, le manque de références techniques et les risques non négligeables, dans certaines situations, peuvent poser problème. »

« Toutefois, il existe des dispositifs, très utilisés en ce moment pour ce type de financement en agriculture, telle que la garantie Inaf, mise en place et financée par les pouvoirs publics, dont le ministère de l’agriculture, ainsi que par le fonds européen d’investissement. Elle est réservée à l’installation des jeunes agriculteurs et aux démarches agroécologiques. Une garantie, qu’est-ce que c’est ? Un instrument que nous affectons à chaque prêt afin de nous couvrir en cas de défaillance de notre client. Il a l’avantage d’être gratuit et d’être très efficace pour accompagner les financements et garantir les risques liés à cette transition. »

La garantie Inaf, très efficace pour soutenir cette transition.

TNC : On parle beaucoup de fonds d’investissement, de néo-banques, de finance participative. Ces solutions conviennent-elles mieux aux initiatives innovantes ? Ne pourraient-elles pas concurrencer les établissements bancaires ?

Sébastien Prin : « Le marché du financement de l’agriculture représente plus de 10 milliards d’euros par an. 10 milliards d’euros empruntés chaque année par les exploitants agricoles, c’est considérable, c’est plus que la Pac ! Avec latransition agroécologique, les besoins vont être encore plus importants. L’innovation financière aura, par conséquent, sa place même si le financement bancaire, basé sur l’endettement, demeure prédominant. Les fonds d’investissement et les néo-banques restent des acteurs marginaux en agriculture. Deux raisons à cela, conjoncturelle d’abord, les taux étant extrêmement faibles depuis plusieurs années : il n’a jamais coûté si peu cher de recourir au crédit bancaire. Deuxième explication, de fond celle-là, puisque c’est une valeur très forte sur laquelle le Crédit Mutuel s’appuie : la proximité avec nos clients et leurs territoires. C’est vraiment une force de notre réseau. »

10 Mds€ empruntés, chaque année, par les agriculteurs. C’est plus que la Pac !

« Néanmoins, la transition se caractérise par la diversité des modèles agricoles, de la petite ferme qui valorise ses productions en vente directe à la très grande exploitation travaillant sous forme de holding avec différentes sociétés, de service, de production d’énergie, etc., plus gourmandes en capitaux. Pour la financer, on a besoin de tout le monde, des banques mais aussi des fonds d’investissement, de la finance participative… D’ailleurs, le Crédit Mutuel s’est associé à une plateforme de crowdfunding, Blue Bees, pour soutenir les petits projets. Ces nouveaux acteurs, on les considère plus comme des partenaires que comme des concurrents ! »

Écoutez également l’interview de Sébastien Lecomte, responsable du marché de l’agriculture au Crédit Mutuel (Maine-Anjou/Basse-Normandie) :
Circuits courts − Quels critères bancaires pour financer les projets ?