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Sur les réseaux

Une formation de vétérinaire à plus de 10 000 € l’année, ça fait réagir


TNC le 11/03/2022 à 16:01
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Par son école, l'institut Polytechnique UniLaSalle souhaite répondre au manque de plus en plus important de vétérinaires ruraux. (©TNC)

Le sujet fait débat sur les réseaux comme au sein de la profession. A la rentrée 2022, UniLaSalle ouvrira la première école de formation vétérinaire privée sur son campus de Rouen.

Si le recrutement sur Parcoursup est actuellement lancé pour permettre à une centaine d’étudiants d’intégrer la formation vétérinaire en septembre 2022, le sujet fait débat sur les réseaux. En plus de la désertification des vétérinaires en zone rurale, l’école met en avant un chiffre : en 2021, 54 % des primo-inscrits à l’ordre national des vétérinaires ont reçu leur diplôme dans un autre État membre de l’Union Européenne.

Nicolas LSC, vétérinaire réagit :« En tant que véto, je trouve ça super que l’on forme plus de vétérinaires, si ça peut être des ruraux, c’est encore mieux. Par contre, je ne suis pas très favorable à des prix de scolarité à plus de 10 000 € l’année sur 6 ans… Je pense que les vétos qui sortiront avec une dette de plus de 50 000 € se tourneront plus vers de la canine beaucoup plus rentable que de la rurale… ». « Qui mettra 90 000 € pour que son gosse aille faire des césariennes à 3h du matin dans le froid » renchérit Davy Biancamaria, également vétérinaire.

Une formation à 91 500 €

En effet, la formation affiche des frais de scolarité annuels de 13 000 € pour les trois premières années, puis de 17 500 € pour les trois dernières années du cursus, soit un total de 91 500 €.

Philippe Choquet, directeur du groupe UniLaSalle, insiste cependant sur le fait que l’établissement demeure un organisme à but non lucratif : « Oui, la formation va coûter cher. Le taux d’encadrement sera d’un prof pour cinq élèves, imaginez le salaire d’un vétérinaire-enseignant avec un bac plus dix… Forcément, le prix avoisinera celui d’une école de commerce, mais en tant qu’association à but non lucratif, on ne fait aucun bénéfice sur la formation, et s’il y en avait, ils seraient restitués sous forme de bourse, d’investissement équipement ou de recherche. Ce n’est pas pour rémunérer un actionnaire. »

L’école envisage notamment la création d’un hôpital vétérinaire à horizon 2025, élément nécessaire à l’accréditation AEEEV. Les premières années de formation étant consacrées à l’animal sain, les travaux pratiques concernent avant tout le dernier cycle. Des partenariats avec des établissements de la région de Rouen permettront d’effectuer les dissections pour le début de la formation.  

Alors, à qui de payer ?

Pour Mickaël Lallemand, également vétérinaire, « c’est une 5ème école publique qu’il aurait fallu créer pour répondre à la pénurie de vétos, pas une pompe à fric qui va avoir bien du mal à évaluer objectivement ses clients ». Eloïse Jouve, étudiante à l’école nationale de vétérinaire va dans le même sens : « Les ENV ne sont pas gratuites, à moins d’être boursiers, c’est 2 500 € l’année, mais le prix est dérisoire par rapport à UniLaSalle ».

D’autres saluent l’initiative : « Que fait l’État aujourd’hui pour éviter que la moitié des jeunes diplômés vétérinaires exerçant en France ne soient diplômés à l’étranger après des études très coûteuses ? Que fait l’État quand mon voisin jeune éleveur en milieu rural ne trouve plus de véto pour soigner son bétail ? On a besoin de vétos en milieu rural et on critique ceux qui essaient de trouver des solutions, ceux qui connaissent très bien le monde agricole », pointe du doigt Sandrine Perronnet.

Pour Léna Guipac, « c’est effectivement hors de prix mais ça a le mérite de permettre une vraie alternative à l’accès classique mais inaccessible pour beaucoup de jeunes pourtant brillants aux quatre écoles nationales vétérinaires ». Alors qu’Aurélie rappelle que les études à l’étranger coûtent également très cher : « pour le Portugal, c’est environ 50 000 €. Là ça reste français. A voir si les bourses sont possibles ».

On a fait le vêlage juridique du projet, et on peut dire que le veau n’était pas bien positionné !

C’est un projet de longue date qui s’est dénoué la semaine dernière. La création d’une école vétérinaire privée par UniLaSalle était dans les tuyaux depuis 2007. Pour Philippe Choquet, « l’ouverture de ce dossier a été un combat, face à une forteresse du public et de la corporation vétérinaire. Entre aujourd’hui et 2026, on va pouvoir enfin recruter des professeurs qui font de la recherche, et construire l’hôpital qui permettra la professionnalisation. Ceux qui évoquent la non-conformité en oubliant de préciser que le ministère de l’enseignement supérieur dit que rien ne s’oppose à une ouverture en septembre 2022, sont un petit peu teintés de mauvaise foi. C’est normal que nous n’ayons pas toutes les accréditations, car la formation n’est pas encore lancée, mais nous savons ce que c’est que de conférer un diplôme de grade master via notre école d’ingénieur. »