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Nutrition

Une eau de qualité pour les bovins : ça coule de source !


TNC le 05/08/2019 à 06:03
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Les points d'eau doivent être suffisants pour limiter la compétition et permettre au troupeau de boire suffisamment. Une restriction en eau signifie une baisse d'ingestion et de production. (©TNC)

Que boit votre troupeau ? Eau du réseau, récupération de pluie, forage, ruisseau... Selon la source, les propriétés de l'eau sont différentes, il faut vérifier sa qualité avant de la distribuer. Et si tout est dans les clous, encore faut-il donner un accès suffisant aux animaux. En effet, on a tendance à l'oublier mais il s'agit quand même du nutriment le plus important !

Un bovin est constitué à 80 % d’eau. C’est le nutriment le plus important. On voit parfois de sacrées rations calées au gramme près mais qu’en est-il de l’eau de boisson ? Ses qualités et quantités sont-elles autant millimétrées ?

Combien de litres d’eau par bovin ?

Récemment, on a beaucoup entendu de la part des anti-élevages qu’il fallait près de 15 000 l d’eau pour produire 1 kg de viande. C’est énorme ! En revanche, derrière ce chiffre se cachent toutes les eaux de pluie qui tomberaient même en l’absence d’animaux. L’Idele rétablit la vérité : « En France, la quantité d’eau utilisée pour produire 1 kg de viande de bœuf est en fait de 60 litres et de 7 litres d’eau par litre de lait. Ces quantités réelles d’eau consommées en élevage comprennent les prélèvements d’eau pour l’abreuvement des animaux, le nettoyage des matériels et équipements, l’irrigation, etc. »

Pour en revenir aux consommations d’eau par les bovins, les besoins varient selon leur niveau de production, leur stade physiologique, l’environnement, l’alimentation et leur activité physique. Rappelons aussi que les pertes sont importantes (transpiration, urines et fécès, lactation, métabolisme, respiration, salivation).

Lors du symposium sur l’eau organisé par Vétalis en juin dernier, le docteur vétérinaire Gaël Cheleux expliquait : « Dans de mêmes conditions, une vache en fin de gestation aura des besoins en eau supérieurs à son homologue en entretien. » Autre exemple : « Une vache en entretien aura un besoin en eau de l’ordre de 3,33 l/kg de MS dans un environnement à 10°C contre 4,49 l/kg MS à 21°C. »

Le vétérinaire rappelle aussi : « En dehors des repas lactés, un veau doit avoir accès à l’eau en permanence. Un manque d’eau peut avoir de graves conséquences. Chez la vache laitière, une restriction de 50 % diminue de 30 % l’ingestion et de 20 % sa production. »

Ruisseau, eau de pluie, forage, réseau : quelle eau pour mon troupeau ?

Les ressources en eau proviennent bien entendu de l’abreuvement mais aussi de l’alimentation. D’ailleurs, les teneurs diffèrent d’un aliment à l’autre. À titre d’exemple, de l’herbe fraîche comprend entre 18 et 20 % de MS tandis qu’un ensilage de maïs se situe plutôt entre 27 et 33 % de MS et un tourteau de soja ou de colza dépasse les 80 % de MS, tout comme le foin.

Pour ce qui est de la source, les pratiques sont propres à chaque élevage. Certains prélèvent dans des ruisseaux ou cours d’eau, ce qui peut s’avérer pratique mais en pâturage l’aménagement des berges est une obligation. Les plans d’eau stagnante sont quand à eux à surveiller car la qualité peut vite se dégrader. Autre solution : la récupération des eaux de pluie, mais la qualité reste très aléatoire. Les pratiques les plus répandues restent l’investissement dans un forage et l’utilisation de l’eau de réseau (respectivement 40,7 % et 26,5 % des éleveurs, d’après un sondage sur les sources d’abreuvement en élevage).

Quelle que soit la pratique de l’éleveur, la qualité organoleptique de l’eau est à vérifier ponctuellement. En effet, le contenant peut aussi être souillé et altérer la qualité de l’eau. Pour cela, autant se poser la question : « Est-ce que moi je boirais cette eau ? » Il faut aussi vérifier sa composition : les veaux ne toléreront par exemple pas la présence de bactéries pathogènes. D’autres éléments comme le chlore, le nitrate, le fer ou le sulfate sont à vérifier également. Il peut être bon de refaire une analyse de l’eau d’abreuvement chaque année pour vérifier si les paramètres sont toujours bons.

Pour aller plus loin à ce sujet, retrouvez : La qualité de l’eau trop souvent sous-estimée

Assainir et/ou supplémenter l’eau d’abreuvement des bovins

Il n’existe à ce jour pas de normes spécifiques à l’eau de boisson des animaux. Les références sont celles de la potabilité humaine. Pour qu’une eau de boisson soit bactériologiquement potable, le nombre de coliformes, sterptocoques, sulfito, etc., doit être de 0.

L’entreprise Ocene, spécialisée dans le traitement de l’eau explique : « si l’analyse révèle des anomalies, plusieurs solutions sont envisageables : le traitement bactériologique (chloration, ultra-violet, dioxyde de chlore), le traitement physico-chimique (déferrisation, neutralisation, démanganisation, adoucissement, dénitrification, filtration…). »

Découvrez un témoignage d’éleveur : Traitement de l’eau par électrolyse avec dynamisation pour l’Earl Lecomte (76)

Sandy Limousin, vétérinaire, le rappelait lors de son intervention au symposium sur l’eau :  « L’eau de boisson est une voie idéale pour véhiculer des compléments pour les animaux, notamment les oligo-éléments dont ils sont trop souvent carencés. D’après l’observatoire de Vétalis, les carences en cuivre concernent par exemple 40 % des vaches laitières et 65 % des vaches allaitantes. » Elle préconise aux éleveurs de s’orienter vers des apports maîtrisés comme les bolus ou les galets effervescents plutôt que des produits dilués dans la ration.

De la place pour tout le monde à l’auge comme à l’abreuvoir

Comme le nombre de places à l’auge, le dimensionnement des abreuvoirs est important. On préconise souvent 8 à 12 cm/vache soit 2 m d’abreuvoir pour 25 vaches par exemple. Concernant la hauteur, elle dépend de la catégorie des animaux (exemple : 45 cm de hauteur pour les veaux contre 85 cm pour des vaches adultes). Pour avoir un ordre d’idée, il faut multiplier la hauteur au garrot des animaux par 0,6. Le débit doit être au minimum de 12 l/min, sachant qu’une vache est capable d’absorber 15 à 20 l/min.

D’autres éléments doivent être pris en compte pour la mise en place des abreuvoirs comme la compétition potentielle, la circulation des animaux, la mise en lot mais aussi la facilité de nettoyage.