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Renouvellement des générations

Un enjeu pour la pérennité de la filière laitière


TNC le 26/09/2019 à 13:57
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Si les éleveurs sont très attachés à leur métier, ils ont parfois du mal à encourager les autres à s’installer. (©TNC)

Près de la moitié des éleveurs ont plus de 50 ans. Pour relever le défi de renouveler ses actifs, la filière laitière se dote d’outils pour faire la promotion de ses métiers et toujours mieux accompagner l’installation.

D’ici cinq ans, un litre de lait sur deux sera à transmettre. Autant dire que le renouvellement des générations est un enjeu crucial pour la filière laitière ! Pour garder des élevages laitiers sur tout le territoire français, c’est le moment où jamais de renforcer les synergies entre les acteurs du secteur, mais aussi avec ceux de l’emploi et de la formation. Déjà, le profil des producteurs laitiers change : il y a moins de jeunes installés (on compte une installation pour trois départs), le salariat et les formes sociétaires se développent.

Lors du Space, la Confédération nationale de l’élevage (CNE) a présenté son livre blanc qui regroupe toutes les initiatives et outils d’accompagnement pour dynamiser l’installation. Car la filière a besoin d’une dynamique large pour motiver les acteurs qui la feront vivre demain. En effet, si les éleveurs sont très attachés à leur métier, ils ont parfois du mal à encourager les autres à s’installer.

Lire aussi : Installation – Être acteur de son projet pour réussir

Le premier point à travailler : la transmission

Or, c’est au-delà de leurs seuls enfants que se trouvent les futurs repreneurs. L’interprofession Ouest vient d’ailleurs de créer un réseau avec différents intervenants de l’emploi et de la formation. « Des coopératives travaillent avec le Fafsea et Pôle emploi pour trouver et former de futurs salariés d’exploitation », cite en exemple Guillaume Bourge, secrétaire général du CIL Ouest.

La transmission des élevages, préalable à l’installation, est le premier point à travailler pour assurer le futur de la filière laitière. Il faut, en particulier, informer les futurs cédants bien en amont. Peut-être en créant, à l’image des points accueil installation (PAI), des points accueil transmission. « Il est nécessaire de travailler sur l’anticipation et l’acceptabilité de la transmission d’une exploitation, précise Héloïse Sellier, chargée de mission technico-économique au Cniel. Ce qui implique la mise en place de nouveaux outils, par exemple d’aide à l’achat progressif ».

Promouvoir le métier sur les réseaux sociaux

Afin d’attirer des jeunes dans les métiers, de la production comme de la transformation, la première étape est de les leur faire découvrir. Et pour atteindre les 15-25 ans, il faut communiquer sur les réseaux sociaux. « Sur le site www.filiere-laitiere.fr et son compte twitter, nous mettons régulièrement en ligne des vidéos pour montrer l’évolution du métier d’éleveur et ses valeurs, explique Héloïse Sellier. Des liens vers celles-ci sont présents sur les sites d’orientation, comme celui de l’Onisep ». Pour les ceux qui ont envie de se lancer dans l’aventure, c’est sur un autre site, www.devenir-eleveur.com, que sont recensées les actions existantes en faveur de l’installation, une véritable mine d’informations. « Il compte déjà 110 000 pages vues », se félicite Héloïse Sellier.

Attirer et garder des jeunes dans les métiers de la filière laitière demande d’investir dans la formation initiale mais aussi celle des salariés, pour qu’ils restent et prennent des responsabilités. La profession souligne qu’il y a besoin de mieux connaitre le profil des futurs installés pour affiner la proposition de formations. Déjà, des adaptations sont apportées au parcours à l’installation, par exemple en proposant des modules « gestion des grands troupeaux » ou « gestion des ressources humaines » dans le Plan de professionnalisation personnalisé (ou 3P).

S’assurer de la viabilité

Même si les jeunes qui s’installent sont des passionnés, la dimension économique de leur projet, notamment sa viabilité, est essentielle. Pour ce faire, la filière compte développer l’expertise à plusieurs partenaires pour faire des études économiques plus poussées et axées sur la notion de reprenabilité. « La valeur économique est souvent différente de la valeur patrimoniale que peuvent estimer des cédants, rappelle Daniel Perrin, administrateur du Cniel. Pour une bonne reprise, il ne faut pas démunir les cédants mais pas, non plus, plomber les jeunes ». Il s’agit aussi d’envisager de nouveaux outils avec une épargne défiscalisée pour permettre au cédant d’accepter une vente progressive. « C’est une promesse politique jamais concrétisée. Bien sûr, cela coûterait de l’argent mais il en faut si on veut continuer à installer ».

Qui dit installation, sous-entend contrôle des structures. « Pour installer, il faut d’abord penser accès au foncier, rappelle José Jaglin, secrétaire général adjoint des Jeunes Agriculteurs. Y compris sous d’autres formes que l’achat à l’installation, qui alourdit la pression financière sur le jeune ». D’autres outils collectifs sont à mettre en place, par exemple pour la gestion des risques. C’est aussi au niveau des aides à l’installation, dans leur montant et leur accessibilité, que les Jeunes Agriculteurs attendent des améliorations. Enfin, encourager l’accès au métier passe aussi par une réflexion sur l’organisation du travail. « Les jeunes veulent plus de temps libre et c’est normal. Il faut commencer à réfléchir à ses attentes et à ses conditions de travail dès son parcours à l’installation. Il existe des outils comme Déclic travail, conseille José Jaglin. Pouvoir décompresser, ça aide à bien vivre les périodes chargées. »