Accéder au contenu principal
Chez Luc Dupaquier (21)

Tester et chouchouter les taureaux pour réussir sa saison de reproduction


TNC le 21/02/2023 à 05:03
fiches_Fertilite_taureaux-1

Les contrôles de fertilité permettent d'éviter de mettre des taureaux stériles avec les vaches. (©Gaec des Granges de Vesvres )

Maladies, climat, alimentation… Les facteurs affectant la fertilité des reproducteurs sont nombreux ! Pour mettre toutes les chances de son côté, Luc Dupaquier, éleveur sur le Gaec des Granges de Vesvres réalise des contrôles de semence.

Chez Luc Dupaquier, éleveur de charolaises en Côte d’Or, les taureaux sont chouchoutés ! Minéralisation, contrôle de fertilité et même ostéopathie : rien n’est laissé au hasard. Avec un IVV de 385 jours et des périodes de reproduction de plus en plus courtes, l’éleveur fait tout pour assurer la réussite de la saison de reproduction.

150 vaches allaitantes de race Charolaise
12 Charolais dont 2 en copropriété destinés à la saillie et à la vente de reproducteurs
340 ha de SAU, dont 100 ha de terres labourables à 500 m d’altitude

Et les facteurs pouvant affecter la fertilité des taureaux sont nombreux. La spermatogénèse est un processus de longue haleine : compter 56 jours pour la production de spermatozoïdes stricto sensu, à laquelle s’ajoute une phase de maturation de 8 jours. En bref, il faut deux mois pour obtenir un spermatozoïde de taureau mobile et fécondant.

La spermatogénèse dure 8 semaines

Et comme la spermatogénèse est un processus lent, mieux vaut s’assurer que les taureaux sont aptes à la repro en début de saison. « En sortie d’hiver, la semence doit être de bonne qualité. La production de spermatozoïde n’est pas altérée par la chaleur, et les taureaux n’ont pas encore été sollicités par les vaches » détaille Frédéric Delize, du laboratoire d’Elva Novia. Pour résumer, si un animal a des performances dégradées à cette période, il est possible qu’elles le restent durant une bonne partie de la saison. « Mettre un taureau stérile avec des génisses, c’est perdre a minima 3 semaines sur la saison de reproduction, et encore, à condition de s’en rendre compte dès les premiers retours en chaleur ! » ajoute l’agriculteur.

Tester les taureaux

Ainsi depuis 2006, le Gaec des Granges de Vesvres réalise des contrôles de fertilité. L’objectif : s’assurer du nombre et de la mobilité des spermatozoïdes. « C’est une assurance, résume l’agriculteur. On sait que le taureau que l’on met avec les vaches est bon ». Il en profite également pour réaliser des doses pour l’IA. Une manière de sauver la génétique en cas de défaillance d’un taureau. L’analyse lui revient à 125 € par taureau, et 420 € en cas de mise en paillette.

Anticiper la saison de reproduction

Mais pour éviter tout problème, la fertilité est une problématique à considérer avant le début de la saison de reproduction. Chez Luc Dupaquier, les taureaux passent l’hiver en extérieur. « Je ne veux pas avoir des animaux qui s’ankylosent » intime l’éleveur. En pâture, ils bénéficient d’une alimentation à la carte : foin de luzerne, maïs aplati, orge et tourteau de lin.

Les taureaux bénéficient d’une complémentation minérale soutenue à base de vitamines A, D3 et E afin de les stimuler. Lors de la mise à la reproduction, ils reçoivent un bolus à la composition similaire. Une cure de 10 jours d’huile de foie de morue est également réalisée.

En effet, l’alimentation est un des leviers à surveiller pour éviter l’infertilité. « Mieux vaut éviter les transitions alimentaires en début de saison de reproduction » note l’expert. L’idéal est de commencer la saison avec une NEC de 3. Les taureaux étant assez sollicités, il est préférable qu’ils ne manquent pas d’état. Le surpoids pourra quant à lui engendrer une certaine paresse, en plus d’être dommageable aux vaches…

La proportion de spermatozoïdes diminue lors de fortes chaleurs

Les changements brutaux de température comptent également parmi les principales causes de la dégradation de la fertilité. Le développement des spermatozoïdes demande une température de 35°C, inférieur de 3°C à celle du corps des bovins. Les vague de chaleur peuvent donc altérer ce mécanisme. « À partir de 25 et 30°C, la qualité de la semence diminue » explique Frédéric Delize. Certains taureaux de monte naturelle peuvent donc avoir des périodes de sous fertilité pendant les mois d’été. « Avec la canicule, on constate que 1 à 2 % des taureaux deviennent complètement azoospermiques ».

Certains médicaments, comme les corticoïdes ou les anti-inflammatoires stéroïdiens peuvent agir comme des perturbateurs endocriniens, et donc altérer la qualité de la semence. Les maladies affectent également les performances des taureaux. La fièvre peut engendrer une période d’infertilité : l’élévation de la température provoquant la mort des spermatozoïdes. Reste ensuite à attendre une soixantaine de jours pour disposer de nouveaux gamètes. Et globalement, « lorsque la santé se détériore, la reproduction est bien souvent l’une des premières fonctions à en pâtir » rappelle Frédéric Delize.

Compter 30 vaches par taureau

Enfin, il faut prendre garde à ne pas sursolliciter les taureaux. « J’ai déjà vu un jeune taureau avec 40 génisses. Ça ne peut pas marcher. L’hyper sollicitation fait que les spermatozoïdes n’ont pas le temps de finir leur maturation et ne sont pas fécondants » détaille l’expert. Compter alors 15 à 20 génisses pour un jeune taureau, et une trentaine pour un adulte.

Mais si problème de fertilité il y a, il est souvent difficile d’en déterminer la cause. « Lorsqu’on remarque qu’il y a une défaillance du taureau, c’est lorsque les vaches reviennent en chaleur… ». Il est alors compliqué de déterminer l’origine du mal quelques mois après…