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En allaitant

S’équiper pour peser et gagner en efficacité


TNC le 08/02/2022 à 06:02
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Sylvain Ruillé : "L’avantage d’avoir son équipement, c’est qu’on peut peser quand on veut. Quand tout va bien, on peut passer jusqu’à 100 veaux à l’heure." (©TNC)

La pesée est un outil incontournable pour la conduite de vos animaux : adaptation de la ration, suivi sanitaire ou validation des performances pour réduire l’âge au premier vêlage. Avoir son propre équipement permet aussi de gagner en réactivité.

Au Gaec Ruillé, on a toujours été rigoureux sur la pesée des bovins. Sur cette exploitation de Lys-Haut-Layon (Maine-et-Loire), les trois associés produisent du vin (60 % du chiffre d’affaires) et élèvent des Blondes d’Aquitaine en système naisseur, 200 vêlages par an. Ils sont sélectionneurs, alors la pesée est un outil précieux.

Pendant près de 20 ans, c’était les techniciens du contrôle de performance qui s’en chargeaient. Depuis deux ans qu’ils ont leur nouveau bâtiment, ils font la pesée eux-mêmes, avec leur cage de contention adaptée. « L’avantage, c’est qu’on peut le faire quand on veut » argumente Sylvain Ruillé. « Cela permet de faire progresser son cheptel plus rapidement, d’identifier des vaches à fort potentiel, mais aussi de détecter plus rapidement quand un veau, une année, est moins bon ».

Les veaux doivent être pesés deux ou trois fois. « Le faire assez tôt permet de vérifier qu’ils font une bonne croissance avec le lait de leur mère », précise Marion Daguené, référente génétique et conduite de troupeau à la société de conseil en élevage Seenovia. Cela permet aussi de vérifier que l’alimentation est adaptée et aussi d’identifier les moins bonnes laitières ». Pour les éleveurs au contrôle de performances, c’est l’occasion d’obtenir les poids à âge type 120 et 210 jours pour l’indexation. La pesée à 210 jours est « hyper intéressante pour donner des informations sur les qualités des mères, poursuit-elle. Cela permet de les trier. On fait aussi avec cette pesée le tri des génisses ».

« Peser les génisses au moins deux fois par an »

Peser ses veaux permet aussi de mieux gérer l’alimentation. « Si on voit qu’ils manquent d’herbe, on les pèse afin de modifier éventuellement la ration et optimiser le GMQ », raconte l’éleveur de Lys-Haut-Layon. En décembre dernier, il a constaté qu’ils avaient le poids suffisant pour être vendus un mois plus tard. Il a donc pu réduire les concentrés.

Pour les génisses, la pesée est « indispensable car c’est l’avenir du troupeau », fait valoir Marion Daguené. « Cela permet de faire du tri, mais c’est important aussi après le sevrage, à la mise à la repro puis après le vêlage ». Elles doivent passer sur la bascule deux fois par an au minimum. « Pour celui qui fait juste des pesées techniques, il faut le faire à la mise à l’herbe, à l’entrée en bâtiment, puis éventuellement en juin et en septembre pour connaître la croissance qu’elles ont faite durant le printemps et durant l’été », recommande la technicienne de Seenovia. Pour ceux qui sont au contrôle de performance, cela permet de vérifier que les objectifs sont bien atteints (voir graphique).

Pour les éleveurs qui font de la croissance compensatrice, c’est-à-dire faire de la restriction alimentaire l’hiver quand ça coûte plus cher et rattraper au moment de la mise à l’herbe, c’est particulièrement précieux. « La pesée, cela permet de bien surveiller que l’on reste dans les clous, l’hiver. »

Exemple pour une génisse Charolaise en vêlage 24 mois à l’automne, avec un poids de 750 kg adulte. (©Chambre d’agriculture des Pays de la Loire)

Suivi des performances

On utilise également la pesée comme outil pour la vente des broutards. « Connaître les poids des animaux permet de négocier au mieux le prix de vente », argumente Marion Daguené. Sylvain Ruillé vend ses mâles à cinq mois et-demi à un voisin. Le prix de vente est calculé « au poids multiplié par la cotation au marché de Cholet ». Deux pesées à chaque fois, chez lui et chez l’acheteur.

En atelier d’engraissement, peser les jeunes bovins régulièrement assure le suivi des performances « en lien avec la cohérence de la ration d’engraissement et des choix génétiques ». Il faut les peser environ tous les cinquante jours, au début, vers le milieu et à la fin de l’engraissement. Cela permet aussi de planifier les ventes en fonction des objectifs techniques et commerciaux.

Enfin, pour les vaches à l’engraissement, suivre l’évolution du GMQ par la pesée aide à prévoir au mieux le moment de leur départ, quand les performances à l’auge commencent à chuter. À Lys-Haut-Layon, ce sont les seuls animaux que les associés du Gaec Ruillé ne pèsent pas. « On a toujours fait ça à l’œil », reconnaît Sylvain Ruillé.

Peser soi-même c’est plus de souplesse

Peser quand on veut, c’est se donner la possibilité d’être plus réactif. Pour Nicolas  Jeauneau, conseiller viande bovine à Seenovia, avoir un équipement de pesée chez soi c’est tout simplement « indispensable pour les éleveurs allaitants pour se donner des repères techniques et pour la conduite de leur cheptel cela permet d’évaluer facilement ses décisions et corriger rapidement les rations ».

C’est pratique pour l’organisation au quotidien, et pas forcément plus chronophage. « Quand tout va bien, on peut peser jusqu’à cent veaux à l’heure », fait valoir Sylvain Ruillé. « Peser soi-même ce n’est pas forcément du temps de travail en plus, puisque quand le technicien venait, on était avec lui ».

« Les gars qui ont un équipement pèsent beaucoup plus » constate Nicolas Jeauneau. « En juillet dernier, on voulait vacciner nos vaches avant vêlage, on en a profité pour les peser, cela nous a donné un ordre d’idée », raconte Sylvain Ruillé.

L’investissement dans une cage de pesage (ici modèle PM2800 de Maréchalle) s’élève en général autour de 7 000 à 8 000 €, mais cela peut grimper jusqu’à 12 000 €. (©Maréchalle)

Reste à savoir quel équipement choisir. Le plateau de pesage, solution la moins chère, est facilement déplaçable, il peut être installé à l’intérieur d’un couloir. Problème, il n’est pas homologué pour le contrôle officiel de performances car il ne possède pas de contention solidaire de la bascule.

La cage de contention est la solution la plus fonctionnelle. Idéalement, elle est équipée d’une porte de contention à fermeture centrale pour bloquer l’animal à l’encolure pour accéder à sa gueule (bouclage, vermifuge, écornage etc). Si les parois sont amovibles, les veaux peuvent être serrés dans la cage. Il faut compter en général 7 000 à 8000 € d’investissement pour une cage de contention équipée de barres de pesée et d’un bâton lecteur avec indicateur connecté en Bluetooth, mais cela peut grimper jusqu’à 12 000 €.