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Reportage

Rémi Briant, éleveur (29) : « La Pie Rouge : entre Holstein et Normande »


TNC le 16/08/2019 à 06:03
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Éleveur mais aussi vice-président d'Évolution et président de la Pie Rouge, Rémi Briant est un véritable passionné de la race. Il élève 70 laitières et leur suite à Brélès dans le Finistère (29). Avec sa femme et ses deux enfants sur l'exploitation, il conduit son troupeau de façon à faire progresser la race. Cela passe par une sélection génétique pointue avec des collectes d'embryons et la vente de reproducteurs.

C’est à la pointe du Finistère que la famille Briant est installée. Avec 90 ha, 250 truies et 70 vaches laitières, les quatre associés ont de quoi faire ! « Nous sommes à Brélès depuis deux ans, explique Rémi Briant. Auparavant, nous étions en Gaec avec ma sœur et mon beau frère mais nous avons décidé de repartir chacun de notre côté. »

Aujourd’hui, les Pies Rouges du troupeau produisent 600 000 litres de lait par an avec une moyenne de 8 000 l/VL. La traite est robotisée. « Le robot trie les vaches pour qu’elles aillent au pâturage : elles sortent de 10h à 16h puis de 22h à 4h. » Elles ont accès à 9 ha autour de la ferme. L’éleveur est bien conscient que ça ne suffit pas, c’est pour cette raison qu’il apporte de l’herbe fraîche à l’auge tous les jours. « On affourage en vert 360 jours par an. Elles ont un repas d’herbe le matin avant de sortir. On leur distribue le maïs et les minéraux le soir. Elles ont aussi du soja et de l’orge aplatie au robot. On essaie de faire moitié herbe, moitié maïs mais cela dépend des périodes : ça peut monter jusqu’à 90 % de maïs en plein hiver contre 30 % au printemps. »

La reproduction : phase essentielle pour l’élevage

« Mes parents élevaient déjà des Pies Rouges, l’effectif n’a pas vraiment changé depuis. Notre objectif est d’optimiser l’outil de travail et la ration pour faire un maximum de taux plutôt que du litrage. »

Les veaux femelles sont élevés à la poudre de lait : « On concentre le lait pour travailler en 6 repas par semaine. En revanche, les veaux mâles sont au lait entier : ils ont le lait des vaches distribué à raison de 13 repas par semaine. »

Une fois sevrées, les génisses sont élevées sur un autre site. Elles sont conduites au maïs ensilage et au foin. Les meilleures sont utilisées pour la collecte d’embryons. Elles sont accouplées avec des semences conventionnelles. La 2e tranche des génisses est quant à elle inséminée en semences sexées et les moins bonnes sont utilisées en receveuses d’embryons. « Les femelles retenues sont collectées sur la ferme plutôt qu’en station : l’objectif est de faire naître tout le monde chez nous. On fait entre 6 et 10 collectes par an. On essaie de faire vêler les génisses à 24 mois, même si la collecte d’embryons les décale plutôt à 26 ou 27 mois », explique Rémi Briant.

Pour ce qui est des mâles, l’élevage en garde quelques-uns en reproducteurs et vend le reste : «  On en a vendu 14 l’an dernier. Les moins bons partent avant un mois et les meilleurs à cinq mois. »

Tous les animaux en préparation vêlage sont dans le même box et y restent jusqu’à la mise bas : « Elles ont beaucoup d’espace et les mettre ensemble limite le stress. On n’intervient quasiment jamais sur un vêlage, sauf bien-sûr si ça se passe mal », confie l’éleveur. Le tarissement dure deux mois. Elles mangent alors les refus des vaches, du maïs et ont un minéral spécial taries.

La Pie Rouge : entre la Holstein et la Normande

Rémi Briant n’est pas seulement éleveur, il a aussi deux autres casquettes : celle de président de la race pie rouge et celle de vice-président d’Évolution. Il y consacre d’ailleurs deux jours par semaine. Il explique : « La Pie Rouge est intégrée à l’OS Holstein. Les origines de la race sont bien en Allemagne et en Hollande mais là-bas, ils l’ont sélectionnée comme une Holstein. En France, c’est différent : on attend d’elle moins de lait mais plus de TP, de fertilité et de santé mamelle. Ce qu’elle ne produit pas en lait, elle le rattrape dans les taux. » Il la compare d’ailleurs aux autres races : « C’est un bon compromis entre la Normande et la Prim’Holstein : son lait est payé le même prix qu’une Normande grâce aux taux mais ses quantités de lait produites rejoignent celles de la noire. »

Moins d’animaux extrêmes en Pie Rouge qu’en Prim’holstein ou en Red.Il poursuit : « On utilise des taureaux holsteins avec une spécificité taux qui suivent une base de sélection spécifique. Ce ne sont d’ailleurs pas les mêmes taureaux qui sont utilisés en Pie Rouge qu’en Red-holstein. Un éleveur de Red va choisir des animaux secs tandis que la Pie Rouge est plutôt puissante avec une bonne largeur de poitrine. Ce sont des animaux plus petits mais plus équilibrés, on a moins d’extrêmes. » Autres différences : « Concernant la note de conformation, si l’aspect est positif en Holstein, il sera négatif en Rouge. Même chose : une note d’état corporelle négative en Pie Rouge impactera l’ISU. »

Évolution présente une douzaine de mâles à son catalogue chaque année et en importe cinq à six de l’étranger pour donner plus de choix aux éleveurs. D’ailleurs, 30 % des taureaux mis au catalogue sont porteurs du gène sans cornes (hétérozygotes et homozygotes). « À ce jour, cela donne au niveau de notre élevage environ 55 femelles porteuses du gène dont trois homozygotes », témoigne Rémi Briant.

Rendez-vous au Space pour le challenge européen Pie Rouge

Le Gaec des Rubis participe à de nombreux concours (comice local, départemental, Salon de l’agriculture et Space). « Cela nous permet de promouvoir l’élevage mais aussi plus globalement la race. » Cette année, ses animaux se mesureront à des troupeaux hollandais et allemands à l’occasion du challenge européen le mercredi 11 septembre au Space.

« On est seulement 104 éleveurs inscrits en France avec 20 000 vaches pie rouge au contrôle laitier, contre 400 000 en Allemagne. Ils ont forcément un effet de population qui augmente leurs chances de sortir des animaux exceptionnels, mais nous n’avons pas à rougir : on travaille aussi bien en France. Contrairement à l’Allemagne, on dispose d’un programme de sélection performant avec une station de donneuses qui permet d’optimiser les meilleures femelles. La sélection mutualisée des Holsteins, Red et Pies Rouges multiplie en plus les possibilités. »