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Essai dans les Vosges

Réguler son colza à l’automne grâce au pâturage des moutons ?


TNC le 22/07/2021 à 11:45
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Le pâturage des colzas est une pratique encore peu documentée. C'est pour cette raison que Terres Inovia a suivi un essai de deux agriculteurs vosgiens cette campagne. Aurore Baillet, ingénieur de développement Lorraine et Alsace pour l'institut technique, nous en dit plus.

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L’expérience de pâturage du colza a été menée cette campagne par deux agriculteurs, à Ambacourt dans les Vosges. « 160 agneaux ont été engraissés sur une parcelle de 20 ha, ils sont restés deux mois sur la parcelle en permanence, novembre et décembre », explique Aurore Baillet, ingénieur de développement Terres Inovia.

Des intérêts pour l’éleveur et le céréalier ?

Objectif recherché par l’éleveur : « réduire son coût de production, il n’a pas eu besoin d’acheter de concentrés car le colza est riche en MAT et il satisfait les besoins des agneaux en cours de finition [colza au stade feuillu (fourrage vert) : MAT 198 UFV 0,95 PDI 96 (table Inra 2018)]. Du point de vue de l’agriculteur céréalier, le dédommagement en nature (sous forme de viande) n’était pas la principale motivation. L’objectif pour lui : expérimenter la technique et voir s’il y a un intérêt pour réguler les gros colzas ».

Quels résultats ?  

Terres Inovia a donc suivi cette expérience et réalisé des observations sur la parcelle tout au long de l’année. D’après les premières constatations, « le pâturage en fin d’automne réduit de façon importante la biomasse, au moins de l’ordre de 50 %. Et c’est vrai que l’état des colzas après le passage des animaux peut faire peur » , indique Aurore Baillet.

« Toutefois, lorsque le pâturage est bien géré et que les colzas sont bien enracinés, la végétation redémarre bien au printemps. On a juste constaté un écart de précocité, une reprise un peu plus tardive sur les colzas pâturés de l’ordre d’une semaine. Au final, pas ou peu d’incidence sur la production de biomasse et le nombre de siliques. » 

L’experte attire l’attention, par contre, pour les zones surpâturées : « les agneaux ont consommé toute la surface foliaire et détruit l’apex, ce qui donne lieu à des pieds buissonnants et moins productifs. Et dans les zones de couchage : le peuplement est même parfois complètement détruit sur quelques dizaines de m². Ces zones qui sont improductives ont, en plus, tendance à se resalir au printemps ». 

Quels points d’attention ? 

À partir de cette expérience, Terres Inovia met en avant plusieurs points d’attention pour réussir le pâturage des colzas. « Il est souhaitable de mettre des agneaux à engraisser sur des cultures bien développées et surtout bien enracinées ». À noter également : il est « indispensable de gérer le pâturage au fil en fonction de l’état de la culture. La technique du pâturage nécessite de la surveillance, de la réactivité et de la disponibilité pour bouger les animaux ».

« Dans le cas d’une collaboration entre un éleveur et un céréalier, l’écoute et la confiance doivent faire partie du jeu pour réussir dans cette technique », note Aurore Baillet. Enfin, « il faut également que les termes du contrat qui définissent la façon de fonctionner et l’indemnisation soit parfaitement claire dès le départ ».