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Témoignages

Regards croisés d’éleveurs jeunes et plus âgés sur l’avenir de l’élevage laitier


TNC le 20/06/2019 à 15:26
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Dans le cadre de leur Projet d'initiatives et de communication (Pic), des étudiants en BTS agronomie et productions végétales dans le Gers ont réalisé une vidéo où des jeunes agriculteurs livrent leur regard sur l'élevage et l'agriculture à plus ou moins court terme. Des élèves du lycée Pommerit dans les Côtes-d'Armor ont, eux, filmé trois éleveurs qui donnent leur vision de la filière laitière en 2025.

Pour obtenir leur brevet de technicien supérieur (BTS), les élèves doivent mener un Projet d’initiatives et de communication, surnommé Pic. Cinq étudiants en BTS agronomie et productions végétales dans le Gers (32) ont ainsi réalisé une vidéo publiée sur Youtube, tout comme trois de leurs collègues du lycée Pommerit dans les Côtes-d’Armor (22). Le point commun de ces deux initiatives : donner la parole à des agriculteurs, des éleveurs principalement, pour qu’ils donnent leur vision de l’élevage laitier et de l’agriculture aujourd’hui et dans quelques années. La différence : dans le premier film, seuls des jeunes témoignent alors que dans le second, les producteurs sont plus âgés. Le regard qu’ils portent sur leur métier et son avenir est-il pour autant différent ?

La vidéo réalisée par les élèves du lycée Pommerit dans les Côtes-d’Armor :

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Pas tant que l’on pourrait le penser à les entendre. Ainsi, Clément Nédellec, 29 ans, producteur de lait près de Mirande (32), est convaincu que les systèmes herbagers ont de beaux jours devant eux. C’est d’ailleurs pour valoriser pleinement l’herbe de grande qualité produite sur l’exploitation qu’il a décidé de remplacer les vaches allaitantes charolaises qui y étaient élevées par des laitières de race jersiaise. Des bêtes de petit gabarit, mais avec de bonnes pattes et une très bonne fertilité, des qualités importantes puisqu’elles sont dehors 10 mois sur 12. « Elles ont aussi de bons taux, ce qui augmente de presque 100 € la paye de lait », ajoute l’éleveur qui apprécie aussi la plus-value apportée par le bio.

« Pour résister, il faut se démarquer »

« Il faut se battre pour les prix pour mieux valoriser son travail, plutôt que s’agrandir abusivement », insiste pour sa part Gérard Le Quéré dans la deuxième vidéo comme s’il lui répondait. Le producteur laitier breton, qui lui aussi élève ses animaux à l’herbe, regrette d’ailleurs de ne pas s’être converti à l’agriculture biologique plus tôt, dès la première crise du lait en 1989. De toute façon, dans les 5 à 10 ans, deux types de fermes laitières subsisteront renchérit Patrick Le Borgne, également éleveur dans les Côtes-d’Armor : « les grosses structures et les petites avec transformation, vente directe et une grande autonomie fourragère ».

La vidéo des étudiants en BTS agronomie et productions végétales dans le Gers :

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« Les deux ont leur place dans la gamme de lait », poursuit l’exploitant proche de la retraite, ce que confirme Michel Razavet, qui produit du lait sans OGM. « Pour résister, il faut se démarquer : le prix du lait UHT standard est beaucoup trop bas », ajoute-t-il. De l’importance de se démarquer, notamment des générations précédentes, les jeunes agriculteurs en ont bien conscience. « Les projets sont aujourd’hui de plus en plus réfléchis. Il faut savoir remettre en question ce qu’ont fait nos parents, sinon on va au casse-pipe même si, quand j’ai voulu tout miser sur l’herbe, beaucoup m’ont pris pour un fou », fait remarquer Clément.

Pour Jérémy Cahuzac, 33 ans, en productions végétales biologiques dans le Gers et prônant le retour à l’agronomie et les cultures rares telles que le chanvre, les lentilles, le pois chiche ou encore la caméline, c’est même la condition sine qua none pour que les fils et filles d’agriculteurs « restent ou reviennent à la terre », que des gens non issus du monde agricole reprennent des exploitations agricoles et que les uns comme les autres « s’épanouissent dans leur métier, en dégageant un revenu, et aussi en dehors dans des campagnes dynamiques ». Car la plupart d’entre eux deviennent agriculteurs par vocation, soulignent les jeunes exploitants qui, comme eux, « ont osé s’installer pour vivre de leur passion et délivrent un message d’espoir pour l’avenir de l’agriculture », concluent les élèves en BTS dans le Gers.

Voir également : Christophe Dequidt − « Un tour de France des jeunes talents de l’agriculture »