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Reportage au Gaec de Faouët (22)

Produire du lait à l’herbe malgré un manque d’accessibilité au pâturage


TNC le 03/02/2023 à 05:02
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Olivier Josset du Gaec de Faouët (22) (©TNC)

Faire du lait à l'herbe avec peu de surfaces accessibles (20 ha pour 70 VL), c'est possible ! Valérie et Olivier Josset nous le prouvent avec leur système bio économe et autonome basé sur les vêlages groupés.

Située à 15 minutes de Saint-Brieuc, on aperçoit quasiment la mer depuis la ferme de Valérie et Olivier. Les Josset ont un parcours atypique : ils ont repris cette exploitation en 2018 à 51 et 53 ans avec un objectif clair : l’autonomie. Pour produire 6 000 litres de moyenne par vache, ils n’achètent quasiment rien à l’extérieur.

Le couple mise sur l’herbe, mais pas seulement le pâturage. Ils font aussi beaucoup d’affouragement en vert et cultivent 8 à 10 ha de maïs chaque année et du méteil grain pour compléter la ration. Les animaux ont 30 kg de concentré/VL/an et le coût alimentaire est de 61 €/1 000 l. « C’est assez élevé pour un système herbager mais c’est lié à la moindre accessibilité des prairies et l’affouragement en vert qui est quand même coûteux », se justifie l’éleveur.

Un feu rouge pour faire traverser les vaches

Le couple a aménagé plusieurs chemins qui desservent les différents paddocks. (©TNC)

Avec 65 ha d’herbe dans l’assolement, des terres portantes et de qualité, il y a de quoi pâturer ! Et pourtant, le parcellaire ne permet d’affréter que 20 ha accessibles aux vaches laitières (en 20 paddocks de 0,8 à 2 ha). En effet, la totalité des prairies est découpée en 56 parcelles sur différents sites dont le plus loin est à 7 km.

Les éleveurs ont alors stabilisé plus de 3 km de chemins pour faciliter l’accès des parcelles les plus proches. Autre aménagement réalisé en lien avec la commune : un feu tricolore sur la route qui sépare en deux l’ilot des 20 ha accessibles. Une route sur laquelle passent environ 3 000 voitures par jour. « On déclenche le feu avec une télécommande. C’est parfois compliqué, heureusement que nous avons un bon chien, se désolent les éleveurs qui en ont déjà perdu un écrasé… Mais certains automobilistes n’en ont rien à faire et forcent le passage malgré le feu et les animaux qui traversent. »

Avant de mettre en place le feu, l’éleveur s’était renseigné pour un boviduc mais les réseaux de gaz et d’électricité qui passent sous la terre rendaient l’ouvrage quasiment impossible (et très couteux). (©TNC)

Malgré toutes ces contraintes, les vaches pâturent le plus longtemps possible. En complément, le couple réalise environ 200 j/an d’affouragement en vert (via une remorque faucheuse et distributrice). Pour maximiser le profit des prairies, la stratégie mise en place est : « pas de bête non productive sur les hectares accessibles ».

Des veaux sous les mères

La barrière qui sépare les veaux des mères est ouverte après la traite du matin et avant celle du soir. (©TNC)

Les vêlages groupés d’automne facilitent aussi la gestion de l’herbe : « On commence à tarir l’été, détaille Olivier. En juillet, il n’y a déjà plus que 30 à 40 vaches en production dans les prairies, ce qui permet de les décharger lorsque la pousse ralentit. Cela nous permet aussi de diminuer le temps de travail à cette période. » Une pause avant le rush puisqu’ils enchainent avec une trentaine de vêlages par mois.

Les éleveurs réalisent du croisement trois voies : Holstein x Montbéliarde x Rouge scandinave (ou Holstein x Rouge x Montbéliarde, ça dépend des animaux). Ils ont recours à l’IA non sexée et réalisent les rattrapages avec un taureau limousin. Les veaux mâles sont vendus à trois semaines et une dizaine de femelles sont gardées pour le renouvellement (18 % de taux de renouvellement)

Tous les veaux sont élevés sous les mères. En cases collectives, l’éleveur leur ouvre l’accès à la stabulation après la traite du matin et avant celle du soir. « En faisant comme ça, on a remarqué que les veaux étaient bien moins malades qu’en buvant aux seaux. Ils consomment certes beaucoup de lait (1 500 l/veau), mais on estime le récupérer sur la croissance des génisses et le poids des mâles. Ils sont sevrés vers 4 mois. »

Installés à 50 ans, les éleveurs comptent transmettre à un tiers

Éleveurs avicoles à leurs débuts, Valérie et Olivier Josset ont démarré le lait en 2011 sur une autre structure (qu’ils ont quittée quelques années plus tard pour cause de mésentente avec leur associé). Arrivés à Hillion en 2018, ils ont conçu un système économe basé sur « le social », comme ils disent. « On cherche à maximiser la main d’œuvre pour aller chercher de la valeur ajoutée sans augmenter la surface. » Olivier poursuit : « Je crois au collectif pour mieux travailler et se développer. »

Et c’est notamment grâce aux bons résultats économiques de l’exploitation qu’ils ont pu embaucher Valentin, le fils de leur propre cédant (encore trop jeune à l’époque de la reprise) qui devrait à son tour reprendre le flambeau prochainement. « On prévoit pour lui une installation progressive avec un départ en retraite d’ici trois ou quatre ans de notre côté. »

La stabulation, plutôt simple, est configurée en deux zones de couchage logettes et une table d’alimentation en face à face. (©TNC)

En attendant, le fonctionnement à trois leur permet de se dégager du temps (le couple est très engagé dans l’associatif notamment) : ils parviennent à prendre 4 à 5 semaines de congés par an. Ils travaillent un week-end sur trois chacun et estiment leur temps de travail à environ 45-50 heures/semaine.