Accéder au contenu principal
Résultats économiques 2023

Prix des cultures et aides en berne tirent à la baisse les revenus laitiers


TNC le 27/03/2024 à 17:45
piggy-bank-3131032_1920

Les revenus des éleveurs laitiers ont baissé entre 2022 et 2023. (© Pixabay)

Malgré la hausse du prix du lait en 2023, les revenus des éleveurs laitiers accusent une baisse proportionnelle à la diminution des aides Pac, et à la part des grandes cultures – dont les prix se sont retournés – dans les assolements, indique l’Idele.

Les revenus des producteurs de lait français sont en baisse en 2023, estime l’Idele d’après les résultats des exploitations des réseaux d’élevage Inosys. Ils restent cependant supérieurs à la moyenne décennale. Ces revenus varient fortement en fonction des systèmes et des territoires et souffrent, dans tous les cas, de la hausse des charges, mais les systèmes de polyculture-élevage sont les plus impactés en raison des faibles prix de vente des grandes cultures.

Ainsi, les revenus moyens sont supérieurs à 34 000 €/UMOex (unité de main d’œuvre par exploitant) en plaine, tandis que dans les montagnes de Savoie et Franche-Comté, ils dépassent les 40 000 €/UMOex grâce à la fermeté des laits AOP. En revanche, les zones de montagnes et de piémonts restent en difficulté : les systèmes conventionnels n’y dépassent pas les 30 000 €, tandis qu’en bio, les revenus atteignent seulement 16 800 €/UMOex, détaille l’Idele dans son dossier annuel Bovins Lait, paru le mois dernier.

Résultats courants des principaux systèmes d’élevage bovin laitier en 2023. (© GEB Institut de l’élevage)

En plaine, les polyculteurs-éleveurs accusent la plus forte baisse

Les éleveurs laitiers spécialisés en plaine maintiennent un résultat correct, même si inférieur à celui de 2022, bénéficiant globalement d’une bonne année fourragère. La hausse du prix du lait atteint + 5,8 % pour une moyenne à 495 €/1 000 litres. En parallèle, l’augmentation des charges se poursuit : + 9 000 €/UMOex pour les charges de structures, + 6 700€ pour les charges opérationnelles. « Le produit lait 2023 progresse d’environ 10 000 €/UMOex », ce qui permet de compenser la baisse des aides de la nouvelle Pac, souligne l’Idele, mais le résultat courant diminue de 6 % pour s’établir à 55 100 €/UMOex. L’importante diminution du prix des grandes cultures explique essentiellement cette baisse.

Ce phénomène est encore plus marqué pour les exploitations spécialisées en lait et cultures de rente, dont le revenu moyen chute de moitié par rapport à 2022, à 44 000 €/UMOex. Si le prix du lait s’avère en hausse, les prix de vente des grandes cultures (blé, maïs et colza) ont dégringolé de 30 % en 2023. En parallèle, le prix des engrais s’est maintenu à un niveau élevé, tout comme celui des concentrés. Dans ces exploitations, « le maintien de l’élevage laitier est souvent menacé », souligne l’Idele, notamment à cause de l’astreinte qu’il impose et du manque de main d’œuvre.

Les exploitations spécialisées en lait et viande bovine en plaine bénéficient de leur côté de la hausse des prix des produits animaux, qui compense en partie celle des charges, et la bonne année fourragère devait permettre « un retour à l’autonomie nécessaire pour maintenir le revenu à un niveau satisfaisant », note l’Idele. La Pac 2023-2027 étant, en outre, davantage favorable à l’élevage allaitant, la place de l’atelier viande semble moins remise en question, ajoute l’Institut.

Evolution des résultats courants par UMO exploitant des principaux systèmes d’élevage bovins laitiers. (© GEB Institut de l’élevage)

Des situations diverses en montagne

Dans les montagnes de l’Est, les résultats restent stables, et les systèmes laitiers ont bénéficié de la hausse du prix du lait qui a compensé les charges de structures, tandis que les charges opérationnelles ont moins pesé grâce à une année fourragère très correcte. L’inflation et la baisse du pouvoir d’achat des ménages reste un point de vigilance pour ces régions où les AOP dominent.

Dans les autres zones de montagne et piémonts du Sud, la baisse des revenus reste plutôt contenue (- 2 000 €/UMOex) et liée à l’augmentation des charges. Le revenu moyen atteint 27 000 €/UMOex, supérieur de 7 000 € à la moyenne des dix dernières années.

Le revenu est en revanche particulièrement faible pour les éleveurs en bio (16 800 €/UMOex) qui ont connu une forte hausse des charges de structures, et un prix du lait qui n’a pas suivi la même évolution que celui du conventionnel, atteignant en moyenne 526 €/1000 litres.