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Résultats d'essais à Thorigné d'Anjou

Productivité et robustesse au rendez-vous avec les prairies à flore variée


TNC le 24/02/2020 à 06:03
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Pour remplacer l’association RGA/trèfle blanc, peu adaptée aux sols à forte alternance hydrique, la ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou (Maine-et-Loire) s’est tournée vers les prairies à flore variée. Un mélange de cinq espèces est aujourd’hui utilisé à grande échelle sur l’exploitation. Bilan : + 1,5 t de MS/ha.

Les prairies à flore variée (PVF) se composent au minimum de deux graminées et deux légumineuses. « Au début des années 2000, nous étions parmi les premiers à expérimenter ce type de mélange », fait remarquer Bertrand Daveau, responsable productions végétales à la ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou (Maine-et-Loire).

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« L’association RGA/TB, inspirée du modèle breton, correspondait mal à notre type de sol ». Celui-ci, peu profond et marqué par une forte alternance hydrique, limitait le ray-grass anglais, sensible à la sécheresse. « Nous voulions améliorer à la fois la productivité, la robustesse des prairies et favoriser un redémarrage plus précoce en automne. »

+1,5 t MS/ha en moyenne pour les PVF par rapport au RGA/TB

Dès le début des années 2000, l’équipe de la ferme expérimentale teste un mélange fétuque élevé + RGA + TB + TH + lotier corniculé. Celui-ci est alors comparé à plusieurs autres associations sur 12 années consécutives. Bilan : + 1,5 t MS/ha en moyenne par rapport au classique RGA/TB.

Les prairies à flore variée répondent également à des impératifs de complémentarité inter-espèces. La fétuque élevée s’est démarquée pour ses caractéristiques de résistances à l’alternance hydrique. Côté légumineuses, le trèfle hybride s’est révélé ne pas craindre l’excès d’eau hivernal, quant au lotier corniculé, celui-ci a démontré ses aptitudes à s’adapter à la sécheresse en conditions de sols difficiles.

Espèce

Dose

(kg/ha)

Critères de choix variétal

Valeurs alimentaires moy. globales du mélange

Printemps

Fin de printemps

Été

Automne

Fétuque élevée

10

Souplesse de feuilles

% DMO

79

71

72

76,1

Ray-grass anglais

8

Précocité intermédiaire

Faible remontaison

% MAT

14,4

11,8

15,6

19,8

Trèfle blanc

3

Grandes feuilles

UFL /kgMS

0,98

0,85

0,87

0,92

Trèfle hybride

3

 

PDIN

92

75

104

128

Lotier corniculé

3

 

PDIE

93

84

91

99

Mélange semé en automne à 27 kg/ha

Les prairies à flore variée de Thorigné d’Anjou (49) sont exploitées avec une alternance de fauche et pâture. (©Ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou)

Bien adapté à l’alternance fauche-pâture

« Les valeurs alimentaires sont élevées au printemps, avec une baisse de digestibilité fin juin, dû à la réépiaison du RGA et aux coups de chaleur », commente Bertrand Daveau. « Avec 35 % de légumineuses, les valeurs en été sont très bonnes… quand les conditions climatiques sont favorables, ce qui est rare  – seulement 1 année sur 4. »

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Le coût de semences s’élève à 220 €/ha, avec une pérennité de 4 à 5 ans. Le mélange montre également des bonnes aptitudes à l’alternance fauche-pâture. Avec une dominante fétuque, les andains se tiennent et pré-fanent assez vite.

En 2013, une nouvelle approche est testée pour optimiser la précocité. Le nouveau mélange se compose de RGH + fétuque élevée + RGA tardif + RGA précoce + TB + TH + Lotier corniculé. Une augmentation de + 0,9 t de MS/ha/an est constatée, mais avec moins de légumineuses et de MAT. De fait, les graminées démarrent en premier, se développent, mais diluent la matière azotée en freinant la pousse des légumineuses. D’autres variétés sont testées (RGA et RGH précoces), sans démontrer de meilleurs résultats.

Autre expérimentation à Thorigné d’Anjou : Une double période de vêlages pour être plus précis sur la ration

Résultats décevants pour le plantain et la chicorée

Deux ans plus tard, du plantain et de la chicorée sont ajoutés au mélange de base. Objectif cette fois : doper la production estivale. C’est un semi-échec : si la production s’avère bien plus importante (+ 25 à 40 %), la dynamique de pousse de ces deux espèces conduit à des montées à tiges fréquentes. Les valeurs alimentaires sont décevantes, avec une baisse générale de digestibilité et de la MAT. Invasifs, chicorée et plantain prennent rapidement le pas sur les autres espèces.

 

Valeurs moyennes pondérés des espèces chicorée et plantain seules

 % DMO% MAT
Chicorée78,511,2
Plantain65,311,0

L’idée n’est pas abandonnée pour autant. Depuis 2019, la ferme expérimente un nouvel angle d’approche. « Il ne s’agit pas cette fois de gérer ces espèces en additif, mais comme base, et d’adapter le mode d’exploitation en fonction », conclut Bertrand Daveau. Les essais sont en cours.

À Thorigné d’Anjour, les prairies sont semées sous couvert d’association céréales-protéagineux à la mi-octobre. (©Ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou)

Thorigné-d’Anjou implante ses PVF sous couvert d’association céréales-protéagineux. Prairies et cultures sont semées en simultané mi-octobre à l’aide d’un semoir double caisson. Une partie des cultures est ensilée, l’autre récoltée en grain. Après quoi, les prairies prennent le relais. « L’avantage principal, surtout en bio, est la maîtrise du salissement. Avant, les prairies mettaient du temps à s’implanter. Il y avait trop d’adventices en première coupe. Aujourd’hui c’est très propre. » Aucune différence de productivité n’a par ailleurs été constatée.