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Charcuterie

Nouvelle tentative législative pour réguler les nitrites cancérigènes


AFP le 08/02/2023 à 14:17

Le député LFI Loïc Prud'homme a présenté mercredi une proposition de loi pour réguler les additifs nitrés, utilisés notamment en charcuterie et jugés cancérigènes par des agences sanitaires, avant que le gouvernement ne dévoile son plan d'action sur la question.

La proposition de loi « visant à protéger la population du risque de cancer lié à la consommation de charcuteries nitrées », cosignée par des députés des quatre groupes de la Nupes, a été publiée fin janvier. 

Il s’agit notamment d’obliger les fabricants à imprimer sur les emballages le message « contient des additifs nitrés, provoque des cancers », similaire aux avertissements aujourd’hui présents sur les paquets de cigarettes. Le député de Gironde y voit « un levier efficace pour faire changer » les habitudes de consommation, a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse.

M. Prud’homme propose également d’interdire à la restauration collective des hôpitaux, cliniques, maternités et cantines scolaires l’utilisation de produits contenant de tels additifs.    L’agence sanitaire Anses a confirmé en juillet dernier « l’existence d’une association entre le risque de cancer colorectal et l’exposition aux nitrates et nitrites ». L’analyse rejoint la classification du Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui avait en 2015 classé la viande transformée, notamment la charcuterie, comme cancérogène. 

Historiquement, les charcutiers recourent aux composants nitrés pour allonger la durée de conservation des produits et prévenir le développement de bactéries pathogènes à l’origine notamment du botulisme, une affection neurologique grave largement oubliée du fait des progrès sanitaires. Ce sont aussi ces composants qui donnent sa couleur rose au jambon, naturellement gris. Quelques heures après la publication de l’avis de l’Anses, le gouvernement avait annoncé un « plan d’action », qui devait être présenté « à l’automne », visant à réduire ou supprimer l’utilisation des additifs nitrés « dans tous les
produits alimentaires où cela est possible sans impact sanitaire ». « Nous attendons encore les mesures du gouvernement », a déploré M. Prud’homme, qui compte jeter « un pavé dans la mare » en proposant des idées de règlementation avant le plan gouvernemental qu’il craint « léger », « inefficace » et « tout à fait insuffisant ». 

La proposition de loi a peu de chances d’être adoptée car il faudrait qu’elle soit inscrite à l’ordre du jour et qu’elle ait le soutien de la majorité ou de l’ensemble des oppositions.    De précédentes tentatives de régulations par des députés, en 2019 puis en 2021, n’ont pas abouti ou ont été « rendues inopérantes », a rappelé M. Prud’homme.