Loger les veaux par deux pour plus de bien-être : il faut bien le gérer

Si le logement des veaux laitiers par deux est une bonne alternative au logement individuel contesté en termes de bien-être animal, sa mise en place doit être bien gérée pour que le volet sanitaire soit bien maîtrisé. L'Idele livre ses conseils.

Alors que la réglementation sur le bien-être animal est en pleine évolution, et avec elle peut-être l’interdiction d’isoler les jeunes veaux demain, l’institut de l’élevage s’est penché sur le logement des veaux laitiers par deux et a constitué un guide complet à destination des éleveurs. « C’est une alternative intéressante, bénéfique pour le bien-être et les performances d’élevage. »

Les avantages ont pu être démontrés au gré des expérimentations : relations sociales, moins de stress (notamment lors du sevrage), meilleures capacités d’apprentissage, consommation de concentré supérieure…

Mais (parce qu’il y a toujours un « mais » !), loger les veaux par deux présente quelques risques : principalement des phénomènes de compétition et de succion. Et côté travail, les manipulations peuvent être un peu plus compliquées (bien qu’aucune réelle mesure sur la pénibilité n’ait été faite).

Les points de vigilance de l’élevage des veaux par paire

Les experts de l’institut de l’élevage notent que « cette pratique ne présente pas plus de risques pour la santé des veaux si les conditions sanitaires et zootechniques sont adaptées ». C’est donc sur ces conditions qu’il faut redoubler de vigilance :

Bien gérer l’alimentation des veaux par deux

Les points d’attention concernant l’alimentation sont les mêmes qu’en niche individuelle :

– transfert d’immunité suffisant par la période colostrale,

– hygiène du lait et des aliments distribués,

– volumes de lait suffisants (critère d’autant plus important ici pour atteindre la satiété et éviter que les veaux ne se tètent, et si possible avec une distribution à la tétine pour remplir ce besoin naturel de succion).

Pour éviter la compétition, l’éleveur devra distancer les tétines, voire mettre en place une barrière physique transitoire pour la buvée. Idem pour les aliments solides : prévoir deux porte-seaux. Il pourra aussi enrichir le milieu (brosses, matériel à manipuler, etc.).

Une gestion sanitaire rigoureuse

L’Idele le rappelle dans son dossier : « Même si le logement en commun des veaux accroît les risques de transmission d’agents infectieux entre les veaux, les essais contrôlés montrent que la pratique de la conduite des veaux par paire n’est pas forcément associée à l’augmentation des maladies du jeune âge (diarrhées en particulier) à condition que des pratiques sanitaires soient rigoureusement mises en œuvre. »

Et comme pour l’alimentation, il s’agit des mêmes précautions, à quelques détails près, qu’en niche individuelle :

– hygiène maîtrisée au vêlage,

– colostrum de qualité (vérifiée) distribué en bonne quantité, dans les 2 heures suivant la naissance,

– bonne hygiène de l’alimentation (lactée et non lactée) et du logement,

– des mesures de biosécurité appliquées.

Pour que cela fonctionne, les paires doivent êtres constituées de veaux nés à moins d’une semaine d’écart (de même sexe ou pas). L’idéal est de loger les veaux par deux pendant au moins 15 jours. Le passage en case collective dépend ensuite des pratiques de l’exploitation.

Comment loger les veaux par deux ?

Pour le logement, deux options ont été identifiées :

– Le système igloo/niche avec courette commune : soit avec une niche pour deux, soit avec deux niches individuelles et courette commune (attention dans ce cas à l’hygiène car les veaux ont tendance à se coucher ensemble dans une même niche plus petite).

– En case dans la nurserie : en supprimant la cloison entre deux cases individuelles.

Côté place, il faudra compter 2,5 m²/veau (contre 1,5 m² en individuel). Pour le paillage, compter 1 kg de paille/m² tous les jours.