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Manque de fourrage en bovin viande

Les stratégies pour passer l’hiver


TNC le 19/09/2022 à 05:12
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Avec la sécheresse estivale, les stocks hivernaux sont parfois bien entamés (©Elevage Marre)

Si l'achat de fourrage est parfois inévitable, limiter la part d'animaux improductifs, et rationnaliser son système alimentaire peut être un premier levier pour limiter les frais en élevage bovin viande.

Après un été particulièrement sec et des stocks fourragers parfois assez bas, mieux vaut prendre les devants et rationnaliser au maximum sa conduite de troupeau pour passer l’hiver sereinement. C’est du moins ce que conseille Jérémy Douhay de l’Institut de l’élevage aux éleveurs de bovins allaitants sur le site internet de l’organisme technique. 

Dans un premier temps, effectuer un état des stocks permet de se projeter et de prendre la mesure d’un éventuel manque de fourrage pour déterminer les mesures à mettre en place. Si dans certains cas, l’achat de fourrage est inévitable, optimiser sa gestion de troupeau peut parfois suffire. 

Vente de réformes

Anticiper les ventes d’animaux est le premier levier à activer. Rien ne sert de garder des vaches improductives, d’autant plus que la saisonnalité des cours fait que des niveaux à la baisse sont habituellement observés en automne. Dans un contexte de tension sur le coût de l’aliment, la recherche d’un bon niveau de finition n’est pas forcément rentable. Le diagnostic de gestation permet également de se séparer rapidement des vaches vides. Il est même possible d’anticiper les réformes en sevrant précocement les veaux dont les mères ne sont pas pleines.

Sevrage précoce

Le sevrage rapide permet d’anticiper la réforme des mères vides et de ne pas trop altérer l’état des mères pleines. Les besoins en énergie d’une vache après le sevrage de son veau environnement les 7,5 UFL par jour, là où une vache en fin de lactation a besoin de 9 UFL par jour. 

Le sevrage est possible entre 5 et 6 mois, avec des animaux avoisinant les 200 kg. « Le sevrage précoce est d’autant plus facile que les veaux consomment avant sevrage entre 1,5 à 2 kg de concentré par jour sous la mère. Après le sevrage, si les broutards restent en pâture, la complémentation sera maintenue et rationnée. Selon la disponibilité en herbe, entre 2 et 4 kg de concentrés seront distribués avec éventuellement du foin. »

Avoir des fourrages le plus tôt possible au printemps

Pour Michel Lepertel, conseiller indépendant en alimentation animale interrogé à l’occasion du Space 2022, « si le fourrage manque, il faut déjà supprimer les animaux improductifs », mais au delà de la conduite de troupeau, le manque de fourrage pose des questions plus globales de systèmes de production. « Si l’on est touché par la sécheresse en 2022, 2023 est l’année pour innover ! On ne fait pas une carrière avec un seul système ! » 

Si le fourrage manque, pas de surface incultes à l’hiver

« Si le fourrage manque, il ne doit pas rester de surface inculte cet hiver, » conseille Michel Lepertel. « Il faut mettre en place des dérobées ou des méteils pour récolter au plus vite au printemps. Vu le contexte actuel, je conseille de récolter 80 % des fourrages annuels avant le 1er juin pour se sécuriser pour être moins en proie à la sécheresse estivale. »

Limiter l’amaigrissement

Les vaches suitées, en fin de gestation, les primipares ainsi que les génisses en vêlage précoce doivent maintenir leur état corporel. Il n’est pas conseillé de descendre en dessous de la NEC 2 avant la reproduction, et 1,5 après la période de reproduction. Une baisse de la production laitière pourrait s’en suivre. 

Les vaches non suitées sont plus faciles à maintenir en état. Un apport de 70 % des besoins peut suffire pendant une courte période à condition qu’elles ne soient pas en fin de gestation. Cela équivaut à 6 kg de foin par vache et par jour. Les génisses conduites en vêlage trois ans peuvent supporter une réduction de GQM de 300 g/j sur une période de 2 à 3 mois, soit l’équivalent de 1 UFL par jour sans que cela ait d’impact sur ses performances futures. 

Bien affecter les fourrages

Faire mieux coïncider les fourrages avec les besoins des animaux aide à réduire les apports en concentrés : les fourrages de bonne qualité, sous forme d’enrubannage ou de foin sont à proposer aux animaux à forts besoins énergétiques. Travailler avec une mélangeuse, et avoir plusieurs rations selon les besoins des animaux peut être un moyen de mieux gérer ses stocks fourragers. 

En attendant, affouragement dans une parcelle parking

Afin d’éviter le surpâturage et l’épuisement des prairies, de nombreux éleveurs ont affouragé leurs animaux sur de petites parcelles. Si le retour des pluies peut donner envie de remettre les vaches au pâturage, mieux vaut laisser le temps aux prairies de reconstituer du stock d’herbe. 

Pour l’affouragement en parcelle, le foin est la solution la plus facile, notamment pour les vaches pleines, les vaches en seconde partie de lactation ainsi que les génisses en vêlage 3 ans. Pour les animaux à besoins plus important (en première phase de lactation ou en préparation à des vêlages précoces) ensilage ou enrubannage sont plus adaptés, ou à défaut, un foin complémenté.