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Mélange fourrager riche en protéagineux

Les questions à se poser pour bien ensiler les méteils


TNC le 16/04/2020 à 06:03
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Les mélanges céréaliers riches en protéagineux immatures (MCPI+) récoltés en ensilage, voire en enrubannage, sont des cultures dérobées intéressantes avant un semis de maïs. Néanmoins la récolte de ces méteils est délicate du fait de leur forte teneur en eau. Antony Uijttewaal, de la station expérimentale Arvalis de la Jaillère en Loire Atlantique (44) répond aux questions que se posent les éleveurs pour assurer un fourrage de qualité.

Les mélanges fourragers riches en protéagineux (MCPI+) contiennent 30 à 100 % de protéagineux ; tels que les pois fourragers, pois protéagineux, féverole et vesce, auxquels on peut ajouter des trèfles annuels et des céréales (triticale, avoine, orge).

Quel mélange semer ?

On sait ce que l’on sème, on verra ce que l’on récolte ! « Attention, le coût de la semence de ces mélanges peut vite être élevé, pour un rendement relativement faible de 4 à 7 t MS/ha. Mieux vaut donc privilégier les semences de ferme », prévient Antony Uijttewaal, ingénieur fourrage chez Arvalis. Comme ces mélanges s’ensilent précocement, généralement vers la mi-avril, cette culture est peu adaptée aux régions à climat froid et printemps tardif.

Les MCPI+ sont un peu plus souples sur la date de fauche qu’un ray-grass d’Italie (RGI) car la chute de valeurs est moins importante au fur à mesure que les plantes poussent. Néanmoins, une fauche précoce, bien que de rendement un peu plus faible, permettra d’obtenir un fourrage très riche en protéines, souvent supérieur à 16 % de matière azotée totale (MAT).

Faucher : quand et comment ?

Plus le méteil est riche en protéagineux, plus le mélange est humide. En effet les protéagineux ont des petites feuilles et de grosses tiges qui contiennent beaucoup d’eau, ce qui en fait des fourrages difficiles à sécher. Le taux de matière sèche (MS) au moment de la fauche est en moyenne de 14 % MS sur les essais Arvalis. L’objectif est d’atteindre au moins 25 % MS pour l’ensilage et 35 % MS pour une conservation en enrubannage. Ainsi, l’ensilage aura lieu 48 à 72 heures, voire 96 heures, après la fauche.

La fauche doit être idéalement la plus haute possible (8 à 10 cm) afin que l’air circule sous l’andain et que le fourrage soit plus facile à reprendre par le pick-up de l’ensileuse en limitant les remontées de terre ou de pierres. Néanmoins, les chaumes sont clairsemées et souples, elles soutiennent peu l’andain qui a tendance à s’affaisser et se tasser. 

Deux solutions sont envisageables :

– Faucher à plat ou avec une faucheuse-conditionneuse (à féaux ou rouleaux) avec un éparpillement large, puis regrouper les andains avant l’ensilage.

– Faucher à la conditionneuse et reprendre les andains « en état » à l’ensileuse.

Dans tous les cas, la coupe directe avec groupage d’andains dés la fauche s’avère inadaptée au regard du faible taux de matière sèche sur pied.

Arvalis donne trois itinéraires de récolte des MCPI. (©Arvalis institut du végétal)

Faner et regrouper les andains ?

Le préfanage au soleil après la fauche est indispensable puisque la matière sèche sur pied des méteils n’évolue quasiment pas durant cette période de pousse au printemps. Pour Antony Uijttewaal, le fanage mécanique est inapproprié à ce fourrage trop lourd et humide. Les toupies de la faneuse augmentent les remontées de terre, cassent les feuilles et les gousses. Il faut donc ensiler les andains deux à trois jours après la fauche, sans fanage.

Ensiler : quand ? Avec ou sans conservateur ?

En dessous de 25 % de matière sèche, le risque d’écoulement de jus au silo est important, d’autant que ces jus contiennent les sucres et les protéines. L’ « ensilabilité » des méteils se trouve à mi chemin entre une luzerne et un ray-grass. Cette capacité du fourrage à se conserver par acidification anaérobie va dépendre du taux de MS, des sucres solubles (10,7 % en moyenne) nécessaires à l’acidification, tandis que les protéines (16,4 % de MAT) et les matières minérales (9 à 11 %) vont plutôt se comporter comme des bases, tamponnant le pH.

Lire aussi : Légumineuses, graminées, méteil, maïs grain : quelles pistes pour mon système ?

Pour Antony Uijttewaal, la qualité nutritive des ensilages de MCPI+ est intéressante, mais comporte un risque non négligeable de butyriques. L’ajout d’un conservateur d’ensilage biologique (bactéries + enzymes) ou chimique (acide formique ou propionique) peut s’avérer utile, mais reste souvent trop difficile à appliquer à la juste dose. En effet les marques indiquent des g/tonne de fourrage tandis que le distributeur pulvérise des litres/heures… En général, c’est mal dosé : on en met trop ou pas assez et on gaspille de l’argent !

Enrubanner ?

L’ensilage de MCPI+ n’est pas toujours très appétant pour les vaches laitières, l’ingestion est généralement meilleure lorsque le taux de MS atteint 30 à 35 %. Pour une conservation en enrubannage, il faut viser au moins 35 % MS. Semer un peu moins de protéagineux et davantage de graminées peut être utile dans ce cas. Si le fourrage est trop humide, Antony Uijttewaal conseille de ne pas mettre en route le rotocut de la presse.

Semer une culture d’été ?

En récoltant les MCPI+, l’objectif est de pouvoir faire une double culture sur la belle saison comme un maïs fourrage, un sorgho ou un tournesol. Pour l’ingénieur d’Arvalis, après un méteil, le sol est propre, facile à travailler, le semis de maïs se fait très bien en direct, sans travail du sol. Une économie supplémentaire !

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