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Marché des céréales

Les prix des céréales européennes soutenus par la fermeté du dollar


AFP le 17/04/2024 à 16:20
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(© Iryna Mylinska/Adobe Stock)

Le renforcement du dollar a permis de maintenir les cours des céréales européennes ces derniers jours sans toutefois les galvaniser dans un marché restant dominé par l'abondance de blé et de maïs moins chers en provenance de la mer Noire.

La hausse de la devise américaine, au plus haut depuis cinq mois face à l’euro, « modifie un peu les rapports de force entre les produits européens et nord-américains », a remarqué mercredi Damien Vercambre du cabinet Inter-Courtage.

Malgré cela, « c’est toujours la mer Noire qui est sollicitée, comme le montre le dernier appel d’offres de l’Egypte », a-t-il ajouté. Le pays a annoncé mardi avoir acheté 120 000 tonnes de blé à l’Ukraine.

« Force est de constater que les opérateurs disposant de blé ukrainien sont prêts à faire de gros efforts pour le faire passer », a relevé Damien Vercambre. Offert à 224,90 dollars la tonne au prix FOB (sans frais de transports ou assurance), le prix a été négocié à 220 dollars, tandis que le coût du transport est descendu, après négociations, de 49 dollars à 35,35 dollars la tonne.

Que l’Egypte n’ait pas choisi le blé russe alors même que certaines offres étaient initialement inférieures au blé ukrainien, relève sans doute d’une « décision politique », Le Caire « voyant bien que Moscou impose aux opérateurs de ne pas baisser les prix », a avancé l’expert d’Inter-Courtages.

Malgré des prix un peu plus attractifs qu’il y a quelques semaines en raison de la hausse du dollar, les offres françaises restent, elles, moins concurrentielles que celles de la mer Noire.

Moins de céréales à paille semées

En raison des pluies ayant empêché les semis à l’automne, « on pourrait avoir 5 millions de tonnes de blé en moins cette année mais qui ne seront pas forcément vendues à un meilleur prix à l’exportation », a relevé Damien Vercambre.

Selon une estimation publiée mardi par le service statistiques du ministère de l’Agriculture, Agreste, « compte tenu des épisodes successifs de forte pluviométrie depuis la mi-octobre, les surfaces totales de céréales à paille diminueraient nettement en 2024, à 6,8 millions d’hectares (Mha) contre 7,3 Mha en 2023 ».

« Les surfaces de blé tendre (- 7,7 %) et de triticale (- 8,8 %) sont les plus affectées, tandis que les baisses des surfaces de blé dur (- 2,6 %) et d’orge (- 2,0 %) sont atténuées par la hausse des semis de printemps », ajoute l’organisme.

Côté américain, la hausse du dollar face à l’euro, mais aussi face au real brésilien, « incite les courtiers à penser qu’on ne va pas avoir des exportations aussi bonnes qu’habituellement en milieu d’année », a remarqué Mike Zuzolo du cabinet Global Commodity Analytics and Consulting.

« Si on veut que les marchés soient avant tout guidés par la météo dans l’hémisphère nord, au moment où débutent les semis de maïs et de soja, le dollar doit cesser de grimper à de nouveaux sommets », a-t-il ajouté.

Les vastes inondations qui ont touché la semaine dernière les régions russes de l’Oural ne semblent pas susciter trop d’inquiétudes chez les analystes interrogés par l’AFP.

Pour Gautier Le Molgat, d’Argus Medias France, il faut plutôt « faire attention aux vagues de froid en Europe ». Selon lui, au moment où les cultures d’hiver sont en cours de développement, « un coup de froid après le redoux qu’on a eu » pourrait être dommageable.

Du côte des oléagineux, « le colza sur Euronext est monté jusqu’à la zone de résistance de 460 euros avant de retomber (…) dans un contexte où le prix des huiles à Kuala Lumpur ou à Chicago se replient », a relevé le spécialiste. « On attend de voir quels nouveaux éléments pourraient porter le marché », a-t-il ajouté.

Sur Euronext, le blé évoluait mercredi à la mi-journée autour de 204 euros la tonne sur l’échéance de mai, le maïs autour de 195 euros sur l’échéance de juin et le colza autour de 447 euros la tonne sur l’échéance de mai.

A Chicago, le blé s’échangeait en début de séance à 5,5100 dollars le boisseau, le maïs à 4,3200 dollars et le soja à 11,4700 dollars, tous sur l’échéance de mai.