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Veaux laitiers

Les effets positifs de l’élevage des veaux sous nourrices


TNC le 14/12/2020 à 10:03
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Élever les veaux laitiers sous des vaches nourrices présente de nombreux avantages. La récente étude portée par Caroline Constancis d'Oniris révèle une diminution des diarrhées, une croissance rapide des veaux et une infestation modérée par les stongles gastro-intestinaux.

« L’élevage des veaux sous nourrices consiste à faire adopter entre 2 et 4 veaux à une vache laitière dédiée (qui ne sera pas traite). Par rapport à une conduite classique, le mode d’alimentation des veaux est modifié, tout comme leur logement, leur conduite au pâturage et la mise en contact avec des vaches adultes dès leur première année de vie », expliquait Caroline Constancis (Oniris) à l’occasion des 3R (Rencontres recherches ruminants).

Étudiant dans le cadre de sa thèse les performances des veaux laitiers conduits avec des vaches nourrices en agriculture biologique, elle a compilé les résultats d’une vingtaine d’exploitations suivant ce schéma. Pour la plupart, elles pratiquent le croisement de race, le groupement de vêlages et la monotraite. Voici en pratique comment se déroulent les différentes phases d’élevage :

La phase d’allaitement artificiel est optionnelle. Elle dépend du temps d’adaptation et d’adoption du veau par la nourrice. (©Caroline Constancis)

La phase d’adoption est la plus cruciale : « L’éleveur doit veiller à ce que le veau tête bien la nourrice. Elle se fait en bâtiment et dure environ une semaine avant de pouvoir mettre les couples veaux/nourrices à l’herbe. Le sevrage se fait durant la première saison de pâturage ou au retour au bâtiment ; le veau a alors entre 4 et 9 mois. En deuxième saison de pâturage, les veaux et nourrices sont séparés », détaille Caroline.

Des effets positifs sur la santé et la croissance des génisses

Les analyses de fécès réalisés sur les veaux ont permis de mettre en évidence une moindre sensibilité vis-à-vis de la cryptosporidiose. Même chose concernant le parasitisme : la mise à l’herbe jeune avec une conduite tournante permet de réduire la pression parasitaire pour les génisses (notamment des strongles digestifs). De plus, la part d’herbe consommée reste assez faible par rapport à la quantité de lait. Autre aspect : les nourrices sont de leur côté immunisées donc faible excrétrices.

L’élevage sous nourrices a également un effet positif sur la croissance des veaux. Les pesées effectuées ont révélé un GMQ moyen proche des 800 g/j dans les 5 premiers mois de vie, correspondant aux objectifs pour un vêlage à 24 mois.

L’étude se poursuit actuellement avec de nouvelles mesures portant sur la deuxième année des génisses (notamment sur le bien-être animal, la croissance, la reproduction et le parasitisme).

Du gain de temps mais un suivi pointu

Dans ce système, pas de doute : le gain de temps est conséquent sur le soin et l’alimentation des veaux. Si l’experte recommande aux éleveurs de se tourner vers l’élevage sous nourrices, elle rappelle néanmoins que cela nécessite un certain suivi (notamment autour de l’adoption des veaux par les nourrices).

Dans la documentation, on trouve d’autres recommandations comme l’adaptation des clôtures pour les veaux, mais aussi la mise à disposition d’abris. Autre préconisation : conserver une relation éleveur-animal dans ce système avec un contact régulier. Un point de vigilance à avoir en tête également : la période de vêlage. Elle impacte forcément la conduite ensuite puisqu’elle est censée se faire au pâturage.

Pour ce qui est du choix des nourrices, « il s’agit en pratique d’une forme de réforme (vaches boiteuses ou problèmes de mammites), constate Caroline. Certains les choisissent aussi sur des critères maternels. À l’issue de la saison d’allaitement, si certaines vaches font une seconde saison de pâturage, elles partent pour la plupart à l’abattoir car les chaleurs semblent difficiles à détecter chez ces animaux ensuite. »