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En Blondes d'Aquitaine

Les 2 robots d’alimentation distribuent jusqu’à 14 rations chez F. Bauchet (85)


TNC le 27/02/2023 à 09:06
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Le robot ramène régulièrement de petites quantités de fourrage pour toujours proposer une ration fraîche (© TNC)

Avec l'automatisation de l'alimentation des Blondes d'Aquitaine, Fabrice Bauchet a mis en place une alimentation de précision sur son exploitation. Ainsi, le robot lui a permis de créer 14 rations différentes. Une manière de coller aux besoins physiologiques des animaux tout en limitant le temps consacré à l'affouragement.

Depuis un an, les Blondes d’Aquitaine du Gaec Bauchet (Vendée) sont affouragées grâce à un robot d’alimentation. L’occasion pour Fabrice, plutôt tatillon sur l’alimentation, de multiplier les rations.

Auparavant distribuée au bol mélangeur tous les deux à trois jours, la ration est maintenant apportée quotidiennement aux bovins, et ce jusqu’à trois ou quatre fois. Et comme un bol n’apporte que 250 kg de fourrage, il est possible de multiplier les formulations pour apporter à chaque type d’animaux la ration la plus proche de ses besoins. En système naisseur engraisseur, l’éleveur disposait déjà de 7 rations différentes. Une quinzaine de rations sont maintenant possible grâce au robot d’alimentation. De la ration de tarissement (simplement composée de paille) aux rations d’engraissement, l’éleveur pilote l’affouragement de ses animaux depuis son ordinateur. 

Le Gaec Bauchet (85) :
3 UTH
145 vêlages en race Blonde d’Aquitaine (cheptel inscrit)
380 bovins sur l’exploitation en système naisseur engraisseur
– les mâles sont engraissés et vendus à 13 mois à 370 kg carcasse
– les femelles sont gardées pour la reproduction (80 %) ou engraissées (20 %)
215 ha de SAU, dont la moitié en herbe
1 atelier de 2 500 m² de canards de chair (à l’arrêt pour cause de grippe aviaire)

Certes, toutes ne sont pas produites chaque jour sur l’exploitation. Pour exemple, les mélanges de tarissement ou de flushing ne sont réalisés que ponctuellement, mais le robot permet d’absorber la surcharge de travail : « j’ai toujours rajouté un kilo d’orge aux génisses pour qu’elles viennent en chaleur. La différence, c’est que maintenant, c’est automatisé ! » résume l’éleveur.

Une alimentation de précision

Pour avoir de bonnes performances, Fabrice propose plusieurs rations pour un même stade d’élevage. Les génisses disposent d’une ration avec un potentiel de croissance de 1 000 g/j après le sevrage, et ce jusqu’à leurs 400 kg de poids vif. Elles passent ensuite sur une ration légèrement moins riche jusqu’à la reproduction, avec un GMQ de 800 g/j. Une ration de flushing est ensuite proposée avant la mise à la reproduction lorsque l’animal atteint les 550 kg. L’objectif : répondre aux besoins des animaux tout en évitant la suralimentation.

Cette conduite en lot est également appliquée pour la finition des vaches. L’engraissement se divise en trois phases, avec une première phase d’un mois et demi où les bovins sont nourris avec un mélange maison (céréales, pois et ensilage) pour remettre en état les vaches. Intervient ensuite une phase de transition d’un mois et demi, où 4 kg d’aliment du commerce sont intégrés à la ration, puis une phase de finition intégralement réalisée avec l’aliment du commerce : « une manière de bien plomber les animaux » commente Fabrice.

Rations :
Veaux
Génisses : Début de croissance – GMQ 1 000 g/j
Fin de croissance – GMQ 800 g/j
Flushing – sur bovins de 550 kg
Vaches allaitantes : Primipare
Multipare pleines
Multipare vides
Tarissement (paille)
Vaches taries
Jeunes bovins – GMQ de 1 800 à 2 000 g/j
Vaches de réforme : Début d’engraissement (aliment autoproduit)
Transition alimentaire
Fin d’engraissement (aliment du commerce)
Reproducteurs mâles

2 robots pour 380 bovins sur 4 bâtiments

Avec 380 bovins à alimenter, l’exploitation peut compter sur deux distributeurs qui travaillent chacun 15 h par jour. « Nous avons eu besoin de deux bols car les animaux sont répartis sur quatre bâtiments. » Seul sur l’exploitation, le premier robot peinait à suivre et perdait trop de temps entre les différents trajets. « Si nous avions eu 380 bovins sur la même stabu, un bol aurait pu suffire ».

Avec le passage au robot, une « cuisine » a été installée. D’une surface de 200 m², elle correspond à une sorte de damier où les différents fourrages sont répartis selon l’emplacement renseigné à l’ordinateur. Un grapin peseur prélève alors les fourrages pour remplir le robot d’alimentation. Selon la tension mesurée sur les sangles de la pince, l’ordinateur évalue le poids des aliments incorporés. Des vis d’alimentation acheminent les concentrés et céréales jusqu’au bol d’alimentation. Avec tous les aliments à disposition, « je peux programmer une multitude de mélanges, et modifier les rations selon l’allotement des animaux ».

Les éleveurs remplissent la « cuisine » deux fois par semaine. (© TNC)

Le système de distribution de l’aliment est totalement autonome. En passant devant les cornadis, il scanne les auges est détermine les lots à affourager.  « S’il y a moins de 40 à 50 mm d’aliment, il part faire une ration » précise Fabrice.

Des aménagement ont été effectués dans les bâtiments. Les éleveurs ont dû installer un rail pour guider le robot, et donc effectuer une saignée sur le sol béton. Les portes ont également été dotées de capteurs bluetooth, pour s’ouvrir à l’approche du robot.

Il a fallu plusieurs mois pour caler la ration

Plusieurs mois ont été nécessaires pour adapter les rations au nouveau mode d’alimentation. « Comme on ramène toujours des rations fraîches, les vaches ont tendance à en consommer un petit peu plus, alors certes les performances étaient meilleures, mais j’avais moins de stock ! » explique l’éleveur.

Autre inconvénient : l’astreinte. « Le téléphone nous prévient lorsqu’il y a un problème ». Les agriculteurs sont obligés d’être davantage en alerte. Mais chaque soir à 21h30, les alarmes sont désactivées jusqu’au petit matin.

Un coût proche de celui d’un automoteur

L’investissement aura avoisiné les 200 000 €. « Le prix d’une mélangeuse automotrice » estime Fabrice Bauchet. À cela s’ajoute la mise en place des silos de stockage et des vis d’alimentation. Si les membres du Gaec ont pu s’appuyer sur les installations existantes, un investissement complémentaire à hauteur de 25 000 € a été réalisé pour l’acquisition de cellules de stockage. 

Le robot a amené une nouvelle manière de travailler. « Mon métier d’éleveur a changé, explique Fabrice. Auparavant, je donnais à manger et j’observais les animaux. Maintenant je prends plus de temps pour l’observation ». Le robot ne supprime pas toute la manutention. Environ deux fois par semaine, les membres du Gaec doivent réapprovisionner la « cuisine ». L’opération mobilise alors une personne sur une demi-journée, mais au total, les membres du Gaec s’estiment gagnant « le robot effectue l’équivalent travail d’une personne à mi-temps sur l’année ».